Dimanche - 00h45 - Mainstage 2
Les festivaliers sont éreintés, après trois jours de concerts, à parcourir des kilomètres entre les scènes et les tentes, à descendre des litres de houblon pour se rafraîchir, et à joueur des coudes dans les moshpits. Et pourtant, après un gros show de Black Sabbath qui a déjà achevé tout le monde, nombreux sont les irréductibles qui campent devant la Mainstage 2 au milieu de la nuit, pour ce que certains ont élu meilleur concert du week-end : King Diamond y interprétait en effet son culte Abigail dans son intégralité.
Tous les éléments attendus sont bien sûr de la partie : décors dignes de Disneyland, représentant le hall d’un vieux manoir hanté aux relents occultes, jeu d’une actrice possédée et inquiétante, véritable fil rouge de la prestation, et bien sûr la voix hallucinante du maître de cérémonie. L’ensemble est aussi macabre que grand-guignolesque, et les croix renversées qui surplombent le décor sont bien sûr à prendre au second degré : bienvenue chez King Diamond !
Le son est malheureusement assez médiocre dès l’entame du set, mais le défaut sera vite corrigé, et n’empêchera de toute façon pas de profiter du contenu dense de la prestation. Dans son micro fait d’ossements, le King impressionne par ses montées suraiguës, qui restent absolument cristallines et fluides, malgré un poids des année qui semble finalement ne pas faire effet. La première moitié du concert est dédiée à un certain nombre de hits de l’artiste grimé, que ce soit en solo, ou bien avec Mercyful Fate : deux reprises de cette dernière formation précèdent la seconde partie du show, et ce sont "Melissa" dans un premier temps, puis le fantasque "Welcome To The Sabbath".
Vient ensuite le gros morceau, annoncé depuis des mois par l’organisation du festival : le Roi de Carreau interprète son album phare Abigail dans son intégralité. Les titres s’enchaînent à la vitesse de l’éclair, et aucun membre du groupe ne semble peiner, le frontman en tête : l’interprétation est fidèle et énergique, si bien que la foule, bien qu’éparse, ne s'amenuise pas et reste scotchée devant la Mainstage malgré la fatigue.
On regrette simplement le faible charisme des musiciens qui accompagnent King Diamond, auquel ils laissent bien entendu toute la place. C’est logique dans un certain sens, mais ça laisse la scène assez vide, malgré toutes les "animations" qui s’y déroulent, entre le jeu de l‘actrice jouant Abigail, et les flammes qui s’élèvent ici ou là, notamment pendant le final de "Black Horsemen", qui met pétards et feux d’artifices à l’honneur.
Les solos sont également assez décevants, à cause d’un guitariste qui veut un peu trop en faire, et semble virer dans la démonstration technique et le shred gratuit. Rien de bien dommageable, mais le niveau très élevé de la performance en général force à pointer de petits détails. En revanche, il faut bien admettre que le groupe est ultra carré, et offre un cadre optimal au chanteur pour qu’il s’exprime dans les meilleures conditions.
A la manière d’un Ghost en 2014, King Diamond s’est avéré fermer le festival de la plus belle des manières, en réunissant tous les symboles que l’on pouvait souhaiter pour une dernière messe noire de cette onzième édition. A l’année prochaine !
Setlist :
Out from the Asylum (bande)
Welcome Home
Sleepless Nights
Halloween
Eye of the Witch
Melissa (reprise de Merciful Fate)
Come to the Sabbath (reprise de Merciful Fate)
Abigail
Funeral (bande)
Arrival
A Mansion in Darkness
The Family Ghost
The 7th Day of July 1777
Omens
The Possession
Abigail
Black Horsemen
Insanity (bande)
Photographies : © Nidhal Marzouk 2016
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