Dimanche – 14h20 – The Altar
Pas d’erreur de casting, malgré la surprise de voir du doom traditionnel sous l’Altar, qui accueille habituellement les sets de death. A l’instar de nombreux groupes de thrash, comme Witches ou encore Testament, les fers de lance du doom comme The Skull se retrouvent cette année déplacés pour certains sous cette tente à l’héritage death. En cause ? L’ouverture des Mainstages à des groupes plus grands public et variés, et donc le glissement de certaines pointures plus extrêmes de ces scènes principales vers les tentes. Est-ce un mal ? Loin s’en faut, on arrive à voir certaines formations cultes dans un cadre plus intimiste, et d’autres plus marginales intégrer la programmation. Il s’agit juste d’ajuster ses habitudes ! Mais trève de blabla, retour sous l’Altar avec The Skull, pour une séance de pains dans les dents à la sauce doom.
The Skull, c’est avant tout pour de nombreux métalleux un groupe né sur les cendres de Trouble, dont sont issus le chanteur mythique Eric Wagner et son acolyte bassiste Ron Holzner. La composition du public oscille donc entre connaisseurs du Crâne, et afficionados de feu Trouble curieux. Autant dire que musicalement parlant, ces derniers ne seront pas déçus, ni pris de court : on est accueillis par un tonnerre de décibels lent et lourd typique du doom traditionnel, mais avec quelques variations tout de même.
Ainsi, on décèle ici des rythmes syncopés et bluesy nous transportant tout droit sur la Route 66, et là plutôt des influences thrash rappelant Anthrax, voire même carrément un plagiat/hommage au "Seek And Destroy" de Metallica. Le "vrai" doom n’est heureusement pas en reste, avec des lignes pachydermiques imparables et des tempos étirés à n’en plus finir. On pense forcément, par exemple sur "The Touch Of Reality", aux ambiances glauques instaurées par Sabbath en leur temps.
Le groupe profite, il faut le souligner, d’un son remarquable, avec une balance équilibrée, et très propre : c’est donc possible, et nombre de groupes ayant foulé les planches de l’Altar pendant ces trois jours devraient en prendre bonne note.
Le public porte tout particulièrement son attention sur Eric Wagner et sa voix renversante, tout à fait typique et taillée pour le doom, ainsi que sur le bassiste Ron Holzner, qui arbore des poses classes au possible, et dégage une véritable aura de puissance.
Jusqu’ici, le tableau semble sans ombre, mais c’est sans compter sur le principal de défaut de ce set, qui vient quasiment le gâcher : un véritable mur de verre semble se dresser entre les musiciens et leur public. Le groupe déroule son set sans broncher, avec une attitude froide au possible... Après quelques morceaux, Wagner prend enfin la parole, mais son discours est peu fourni et cordial, et pendant les titres, il reste assez mou et dégage peu de présence. Certes, c’est la marque de fabrique de certains groupes, et peut contribuer à l’ambiance d’un concert, mais dans ce cas, c’était assez mal venu, voire même dérangeant.
Le final est bien plus costaud, et satisfait le plus grand nombre : ce sont en effet deux titres de Trouble qui concluent le set de la plus belle des manières. Avec "At The End Of My Daze" et l’excellent "The Tempter", The Skull enfonce définitivement un clou qui avait du mal à bouger depuis leur arrivée sur scène : une grosse énergie, des rythmes hypnotiques et entêtants, et des doubles leads bien fichus, tout est là pour rehausser le niveau et donner aux musiciens un peu plus d’entrain.
On regrette donc un début de set laborieux, mais la barre est vite remontée en fin de concert : en revanche, ce sont bien les titres piochés dans le répertoire de Trouble qui ont fonctionné, si bien qu’on ne peut s‘empêcher d’être sceptiques quant à la qualité intrinsèque de l’œuvre de The Skull sur scène. La réponse une autre fois peut-être, mais cette fois-ci, on reste sur notre faim !
Photographies : © Julien Mecchi - Aimeji Photographer © 2016
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