Le combo Américain, tout droit venu de Boston est désormais un des piliers de la scène death metal actuelle. Même si Revocation puise ses influences dans le hard / thrash des années 80/90, le groupe a su prendre le meilleur de ces styles tout en le faisant monter d'un cran dans le domaine de la violence. En activités depuis 2004, ils ont déjà sorti cinq excellents albums et les revoilà aujourd'hui avec un nouveau bijou ; Great Is Our Sin.
Quand on parle de Revocation, on a bien entendu un peu tous leurs albums en tête tant ils sont bons. Mais les deux plus marquants restent quand-même Revocation (2013) et Deathless (2014) qui sont deux albums de références dans leur discographie. Et bien c'est simple, pour Great Is Our Sin, vous prenez la recette de ces deux albums, en mieux et ensuite vous savourez. Sachant que le groupe est depuis ses débuts inspiré par Guns 'n' Roses et Metallica, la musicalité ne peut être qu'excellente. On se rappellera d'ailleurs l'incroyable reprise de « Dyers Eve » sur Revocation, qui est sûrement la meilleure reprise de Metallica jamais enregistrée à ce jour. Bref, Revocation ne fait ni du Guns ni du Four Horsemen et ce n'est pas plus mal parce que les groupes sans originalité qui vivent dans le passé, le monde du metal en est déjà bien assez peuplé.
Great Is Our Sin, ainsi que la musique du groupe sont juste incomparables à ce qui se fait de nos jours. Surtout qu'après plusieurs écoutes, cet album surclasse simplement tous ses prédécesseurs et même si il y a un peu de moins bien par moments, aucun morceau n'est à jeter. Par contre si vous cherchez du death metal progressif avec de longs ponts calmes, vous ne trouverez pas votre compte dans ce bijou. Ici on parle de puissance, rapidité et violence de A à Z, aucun moment de répit.
On ne peut pas parler de chaque chanson séparément car Great Is Our Sin est un album qui s'écoute complètement sans vraiment faire de distinction entre les pistes. On a affaire à un ensemble organique très compact et même si chaque chanson reste musicalement différente, leurs construction reste à quelques choses près, la même. Les rythmiques sont assez similaires à ce que l'on a pu entendre sur Akroasis d'Obscura en début d'année, autant dire que ce n'est pas un défaut. Et si ce dernier est encore actuellement un des meilleurs albums de death sortis cette année, cet album de Revocation vient le titiller de très près.
On se trouve en effet dans un registre de death metal progressif, presque thrash, mais surtout technique et très riche mélodiquement. Si on l'on prend toutes les pistes de l'album, la construction est un départ assez rapide et puissant, alimenté par des super leads de guitare bien pensés et surtout bien placés. Ensuite des passages plus «posés» grâce à des riffs progressifs tranchants et enfin, on termine le morceau avec plein de hargne. Le chant prend une place assez important dans l'ensemble, puisque David Davidson use d'un growl rauque et grave superbement maîtrisé. Et même si l'on est réticent à cette idée de base, à aucun moment cela ne devient lassant. Il laisse même parfois place à du chant clair bourré de testostérone ou encore un chant presque religieux comme dans « Profanum Vulgus ».
Evidemment, ce qu'il y a de plus excitant dans Revocation, ce sont surtout ces guitares aux rythmiques originales et bien calculées, mais aussi des solos incroyables, clairement inspirés des solos classiques comme on peut en retrouver chez Metallica ou Megadeth. En tout cas on ressent clairement une inspiration venant de ces deux là, que ce soit du côté de Kirk Hammett ou de Marty Friedman. Si vous ne comprenez pas pourquoi on dit ça, écoutez le solo de « The Exaltation », c'est une évidence qui saute aux oreilles. Ceci n'est, bien entendu, aucunement un reproche envers Revocation, bien au contraire. Ce morceau sort d'ailleurs du lot car il s'agit d'un superbe instrumental de presque cinq minutes.
La production est magistrale, le grain des guitares est original et fait penser au vieux death metal de la fin des années 90. Et quand on parlait de solos, le meilleur exemple arrive à la fin avec « Altar of Sacrifice », qui est un titre ultra rapide et surtout rempli de parties solos jouées en abusant complètement du Floyd Rose, un bon moyen de terminer cet album, de la meilleure manière possible. Mais entre nous, la petite merveille de Great Is Our Sin se trouve juste avant ça. « Cleaving Giants of Ice » est certainement le titre le plus lent de l'album et est rempli de superbes riffs, qui à eux-mêmes suffisent à raconter une histoire. Le pont un peu plus calme de la chanson nous laisse nous imaginer partir dans une quête folle avec ce chant clair et épique. Le solo qui suit fera perdurer cette sensation jusqu'à la presque fin du morceau.
En bref, quand on parle de Revocation et plus particulièrement de Great Is Our Sin, on ne peut pas s'étaler sur chaque chanson de manière individuelle car le tout est un même ensemble. Seules quelques pistes possèdent des éléments un peu différents qui nous gardent en haleine lors des points clés d'une écoute d'album. La production et le mixage rendent le tout très agréable à l'écoute, sans parler de l'incroyable dextérité de ces musiciens, qui nous livrent encore une preuve que Revocation est bien installé en tant qu'un des leaders du genre et qu'il n'est pas prêt d'y laisser sa place.
Tracklist :
01. Arbiters Of The Apocalypse
02. Theatre Of Horror
03. Monolithic Ignorance
04. Crumbling Imperium
05. Communion
06. The Exaltation
07. Profanum Vulgus
08. Copernican Heresy
09. Only The Spineless Survive
10. Cleaving Giants Of Ice
11. Altar Of Sacrifice
En prime, retrouvez ici le making of de cet incroyable album :