C’est une très belle affiche que nous a concoctée Cartel concert en ce début de période estivale. Between the Buried and Me et Protest the Hero sont certes des habitués des salles parisiennes, mais les voir tourner ensemble est une bonne chose tant leur musique possède de grandes similitudes tout en gardant leurs personnalités respectives. Pour ouvrir le bal, c’est une formation française, Inner Reflections, qui a pu fouler les planches du Divan du Monde, devant un public malheureusement encore clairsemé.
Inner Reflections
Ayant déjà ouvert pour des formations telles que Heaven Shall Burn ou Rise of the Northstar, Inner Reflections fait son bonhomme de chemin proposant un metal résolument moderne à influences diverses et variées (à mi-chemin entre le metalcore et le deathcore). On est certes loin de toute originalité, mais le groupe francilien distille sa musique avec passion et énergie. C’est encore une fois le cas ce soir, et même si votre serviteur est totalement hermétique à ce courant musical, il faut bien avouer que le quintet s’en tire bien, bien aidé par des conditions sonores correctes et une belle énergie.
Même si la scène semble étroite pour le groupe, en raison des instruments déjà installés pour Between the Buried and Me, les musiciens tentent d’haranguer le public qui pour la plupart les découvre. Simon (chant) possède une voix assez expressive et si sur la durée celle-ci s’avère vite fatiguante, on lui reconnait une bonne puissance.
De leur côté, Sebastien et Jérémy (guitares) proposent des plans de six-cordes variés et intéressants, avec de nombreuses cassures rythmiques, mais qui manquent parfois de cohérence. Si sur scène l’énergie est là, la fosse est encore timide en ce début de soirée. Avec un set d’un peu plus d’une demi-heure, Inner Reflections a donné tout ce qu’ils avaient et malgré un manque d’originalité dans les lignes de chant et certains titres, le groupe a néanmoins rempli son contrat : prendre du plaisir et assurer scéniquement.
Setlist Inner Reflections :
Will You
(nouveau titre)
(nouveau titre)
Sworn Enemy
Your Lies
Confrontation
Between the Buried and Me
Echangeant leurs places en tête d’affiche avec Protest the Hero tout au long de la tournée, c’est désormais au tour de Between the Buried and Me d’entrer en scène. Lors de leur dernier passage parisien à la Maroquinerie en septembre 2015 nous regrettions l’absence de titres issus de The Great Misdirect. Cet album sera une nouvelle fois boudée tout au long de ce concert, que nous estimons d’ailleurs bien trop court.
Venus défendre Coma Ecliptic, leur dernier opus sorti il y a tout juste un an, les Américains entament ce concert avec « The Coma Machine », d’une efficacité redoutable sur scène, malgré la complexité de leur musique. On sent une fois de plus le groupe soudé et les compositions puissantes. Tommy Rogers (chant, claviers) est impossible à prendre en défaut tant ses parties vocales sont précises et puissantes, tant en clair qu’en chant hurlé.
Les autres musiciens sont comme à leur habitude impériaux, à l’image du duo de guitaristes Paul Waggoner et Dustie Waring, totalement concentrés sur leur jeu. La setlist, si elle évite soigneusement The Great Misdirect comme nous l’avons mentionné, pioche intelligemment dans chaque album sorti depuis Alaska. « Informal Gluttony », extrait de Colors, est une belle surprise car rarement joué en live, le groupe lui préférant généralement « Sun of Nothing » ou « Ants in the Sky », du même opus.
Between the Buried and Me, c’est aussi une section rythmique carrée mais groovy, avec Dan Briggs (basse) et Blake Richardson (batterie) qui se complètent toujours à merveille pour proposer des plans originaux et d’une cohérence qui laisse sans voix. C’est encore le cas sur « The Ectopic Stroll » ou « Bloom », bien accueillis par les applaudissements du public.
A ce propos, il faut noter que la fosse est loin d’être déchainée, les spectateurs étant autant concentrés sur la musique que les guitaristes de BTBAM, appréciant chaque note. Cependant, dès l’introduction d’ « Astral Body », les ovations du public se font plus importantes, signe que ce titre extrait de Parallax II : The Future Sequence est désormais un classique de la formation.
Le temps file vite et le concert touche à sa fin avec l’interprétation de « Selkies : The Endless Obsession » et son introduction aux claviers très progressive. On retiendra particulièrement le passage en son clair ainsi que le solo de Paul Waggoner, toujours impressionnant. Le combo quitte les planches à l’issue de ce morceau. On s’attend à ce que Between the Buried and Me revienne pour un rappel, interpréter l’incroyable « White Walls », joué sur d’autres dates mais ce sera en vain, les lumières se rallumant pour l’entracte.
Ce set prouve une fois de plus que BTBAM est un très grand groupe, solide et puissant autant en live qu’en studio. On regrette cependant certains choix de setlist, ainsi qu’un concert trop court pour pleinement apprécier la musique du combo.
Setlist Between the Buried and Me
The Coma Machine
Informal Gluttony
Extremophile Elite
The Ectopic Stroll
Telos
Bloom
Astral Body
Selkies : The Endless Obsession
Protest the Hero
Dernier groupe de la soirée à fouler les planches du Divan du Monde, Protest the Hero fait une entrée remarquée sur « Bloodmeat » issu de Fortress. Le son est bien équilibré et heureusement vu la complexité du style pratiqué par le groupe. Rody Walker (chant) est en forme et si sa voix est assez maniérée dans l’ensemble, ce qui peut aisément agacer, le gaillard s’en tire relativement bien tout au long du set.
Les plans de guitare de « Sequoia Throne » et « Clarity » sont toujours aussi intéressants harmoniquement et déclenchent un bel accueil dans la fosse. C’est Volition qui est le plus mis en avant par les Canadiens dans la setlist, mais le combo réserve une place de choix à ses titres les plus connus issus de Scurrilous et Fortress.
Tout comme pour Between the Buried and Me, on ressent une belle alchimie au sein du quintet, passage obligé pour une interprétation sans faille de titres aussi recherchés. En effet, l’interprétation est parfaite, peut-être un peu trop, mais le groupe parvient à insuffler ce grain de folie qui les caractérise. Sur la scène, les musiciens sont particulièrement mobiles, à l’image du bassiste Cam McLellan, qui envoie des plans hallucinants tout en parcourant la scène. Oscillants entre metalcore et mathcore, la formation parvient à montrer toute sa richesse stylistique et à prouver que les Canadiens ne s’enferment pas dans un seul style musical. Du côté de Luke Hoskin et Tim Millar (guitares), il faut reconnaître que ça joue, et ça joue bien ! Les gaillards sont carrés tout au long du set et en mettent plein la vue.
Rody Walker communique entre les titres, sans pour autant s’étendre trop longtemps et laisse parler la poudre avec des titres tels que « Nautical », extrait de Kezia, un album qui a déjà plus de dix ans. Mais malgré toute la volonté du leader, on ressent une certaine baisse de régime dans la seconde moitié du concert, la fatigue se faisant ressentir notamment sur les extraits de Volition.
Mais qu’importe, si selon votre serviteur le chant de Walker gagnerait à être moins exagéré, Protest The Hero a tout de même réalisé une belle performance, à la fois scénique et musicale. Le public ressort de la salle ravi par la belle soirée qui leur a été proposé. En dépit des différences stylistiques entre BTBAM et PTH, on a retenu une belle présence et des compositions cohérentes et fouillées. Ces deux formations s’imposent toute les deux comme des piliers du genre, redonnant son sens premier au terme de « progressif ». On n’en attendait pas moins.
Setlist Protest the Hero
Bloodmeat
Sequoia Throne
Clarity
C’est la Vie
Hair-Trigger
Nautical
No Stars Over Bethlehem
Tidal
Underbite
Yellow Teeth
Limb from Limb
Rappel :
Mist
Un grand merci à Cartel Concerts
Photographies : © Watchmaker 2016
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