Dans le monde des guitar hero, le nom de Steve Vai est toujours prononcé avec beaucoup de respect. Et pour cause, le guitariste a réalisé une très belle carrière, d’abord aux côtés de Frank Zappa, puis au sein d’Alcatrazz ou avec David Lee Roth ou Coverdale avant de sortir ses propres opus solo. Et s’il y a un album qui aura marqué sa carrière c’est bien Passion and Warfare, sorti en 1990. Pour fêter les 25 ans de cet album, Steve Vai s’est embarqué dans une tournée au cours de laquelle l’album est joué en intégralité, aux côtés d’autres classiques de son répertoire. C’est au Trianon que le musicien américain posait ses valises en cette fin du mois de juin pour un concert d’une durée de près de deux heures et demie.
Dans la salle, on remarque la présence d’un écran derrière le kit de batterie de Jeremy Colson, écran qui sert dès l’introduction du concert. On y voit un Steve Vai jeune réaliser des acrobaties vertigineuses sur son manche de guitare. C’est à ce moment qu’entre en scène guitare en main une créature encapuchonnée, les yeux rougeoyants. Les leds de la guitare ne laissent pas de doute sur l’identité du musicien masqué et dès les premières note de « Bad Horsie », il n’y a plus de doute, c’est bien Steve Vai qui se cache de cette manière. Lorsque le musicien laisse tomber son accoutrement, c’est une belle ovation qui résonne dans le Trianon.
Le concert qui a démarré sur les chapeaux de roue se poursuit avec quelques titres moins connus de la discographie du guitariste, notamment « Gravity Storm » issu du récent The Story of Light. Mais ce sont surtout les premières notes de « Liberty » qui recueillent l’adhésion totale du public, en annonçant le début de l’interprétation complète de Passion and Warfare.
On se rend d’ailleurs rapidement compte que l’album n’a pas pris une ride et qu’il sonne encore de manière totalement novatrice plus de 25 ans après sa composition. Le son excellent du Trianon permet d’ailleurs de rendre justice aux compositions. Même dans les aigüs, les notes issues de la guitare du virtuose ne sont pas trop fortes, même si c’est évidemment Steve Vai qui est le plus mis en avant dans le mix. On remarque cependant que le musicien laisse beaucoup d’espace et de possibilité à Dave Weiner (guitare) pour s’exprimer, sans monopoliser à lui seul la six-corde. D’ailleurs Weiner passe aisément de la guitare aux claviers, ce qui force l’admiration.
De son côté, Philip Bynoe (basse) fait groover les compositions avec un toucher unique et parvient même à surpasser Billy Sheehan, le bassiste qui a longtemps accompagné Steve en tournée et en studio. Alors que dans la plupart des concerts instrumentaux le risque d’ennui est fort avec l’absence de chant, ici c’est loin d’être le cas tant Steve Vai est un showman. Ne pouvant s’empêcher de grimacer de façon très expressive à chaque note, le musicien n’hésite pas à blaguer avec le public entre les titres et met une très bonne ambiance.
Sur l’interprétation de « Answer », on ne peut s’empêcher de sourire car Joe Satriani, le maître de Vai, intervient à l’écran pour un duel virtuel/réel entre les deux musiciens, et en profite pour souhaiter un bon anniversaire à Passion and Warfare.
Si Steve Vai ne se prend pas au sérieux et aime distiller sa facétie au sein de ses concerts, il prouve avec « For the Love of God » qu’il possède un toucher de guitare impressionnant et qu’il peut mettre beaucoup d’émotion dans son jeu.
C’est après ce morceau que Steve et ses musiciens quittent la scène pour un court entracte. Au moment où les lumières de la salle s’éteignent de nouveau, annonçant la reprise du concert, un petit film est diffusé sur l’écran. Il s’agit du clip vidéo de « The Audience is Listening », l’un des classiques de l’album. Si le clip a visiblement mal vieilli, le morceau est réussi avec son groove imparable. Même si le public est globalement statique, on sent que dans la salle nombreux sont ceux qui ne résistent pas au rythme et qui dansent presque sur place. Un peu plus tôt, Joe Satriani était intervenu virtuellement pour jouer avec Steve. Maintenant, c’est au tour de John Petrucci (Dream Theater) de se fendre d’un petit duel avec Vai. Et même si on aurait préféré voir les deux musiciens côte à côte en chair et en guitare, il faut reconnaître que cela fait toujours son petit effet.
Les classiques de l’album s’enchaînent, comme « Blue Powder » ou « Alien Water Kiss ». Mais on ne voit pas le temps passer, notamment en raison de l’ambiance excellente sur scène et de l’alchimie visible entre Vai, Jeremy Colson, Dave Weiner et Philip Bynoe. La fin du set approche et en guise de surprise, Steve choisit d’interpréter un titre de Frank Zappa. Les images du musicien moustachu jouant en live sont diffusées et Vai se lance dans « Stevie’s Spanking », sous les applaudissements nourris du public.
Comme souvent lors des concerts du musicien, Vai fait monter deux personnes sur scène pour une improvisation où les musiciens vont jouer ce que les invités leur réclament. Lançant dans un premier temps un plan de batterie, chaque instrument vient se greffer sur le morceau, suite à une partie chantée et improvisée des deux spectateurs. Cet exercice montre à quel point Steve Vai est proche de ses fans et que le guitariste a décidément de vrais talents de showman.
Après un « Racing the World » plus anecdotique, les musiciens se retirent avant d’être copieusement rappelés pour interpréter un dernier titre. C’est la quatrième partie de « Fire Guarden Suite » qui est jouée, et étonnamment on se rend compte que Vai n’ai interprété aucun extrait de Modern Primitive, son nouvel album accompagnant la réédition de Passion & Warfare.
Qu’importe, Vai a donné au public ce qu’il souhaitait entendre et a su maintenir le Trianon en haleine pendant un concert de près de 2h30. Avec ce nouveau concert français, Steve Vai a prouvé qu’il est bien plus qu’un guitariste virtuose. Il est un grand compositeur (les titres de Passion & Warfare l’attestent) et définitivement un très grand Artiste. On espère désormais revoir prochainement le musicien sur scène et, pourquoi pas, espérer une célébration des 25 ans de Sex and Religion, accompagné de Devin Townsend son chanteur de l’époque. C’est beau de rêver…
Setlist Steve Vai :
Bad Horsie
The Crying Machine
Gravity Storm
Whispering a Prayer
Liberty
Erotic Nightmares
The Animal
Answers
The Riddle
Ballerina 12/24
For the Love of God
The Audience is Listening
I would love to
Blue Powder
Greasy Kid’s Stuff
Alien Water Kiss
Sisters
Love Secrets
Stevie’s Spanking (Frank Zappa Cover)
Build me a Song
Racing the World
Rappel :
Fire Garden Suite IV – Taurus Bulba
Merci à Nous Productions.
Photographies : © Nidhal Marzouk 2016
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