Steve 'n' Seagulls, cet ovni au milieu des autres chroniques d'albums de metal qui l'entourent. Et pourtant, cette musique qui peut paraître si drôle et décalée a tout à fait sa place ici puisque ce sont des classiques de gros groupes de hard rock / metal qui sont repris au banjo, accordéons et autres instruments plus folkloriques les uns que les autres.
Steve 'n' Seagulls, c'est quoi ? A la base, le groupe de country se contentait de faire des reprises sur YouTube, puis a vu ses vidéos partagées en masse grâce à quelques médias plus ou moins connus. Du coup, ils ont décidé de sortir des albums pour notre plus grand plaisir. Leur premier albums, Farm Machine, sortait début 2015 et cette année c'est un opus au titre plus que drôle qui nous arrive ; Brothers In Farm. Petit clin d’œil à Dire Straits donc pour bien commencer l'écoute de ce dernier.
Il existe une sacré quantité de reprises country de morceaux connus, on pense d'ailleurs aux albums Fade To Bluegrass I et Fade To Bluegrass II sortis par Iron Horse, qui sont déjà deux références du genre et qui réarrangent les classiques de Metallica. Mais aussi les beaucoup plus connus Pickin' On, ayant repris une quantité impressionnante d'albums de groupes connus. Aujourd'hui c'est bien Steve 'n' Seagulls qui prend le relais et revisite ce que l'on fait de mieux en passant par le heavy, thrash, punk rock, grunge et hard rock. Et le moins que l'on puisse dire c'est que ce Brothers In Farm est une vraie réussite.
On commence directement avec « Aces High » et son arpège bien connu mais au banjo cette fois-ci pour enchaîner sur des excellents arrangements banjo / balalaika. Le solo d'origine est remplacé par un solo d'accordéon et balalaika par Remmel et Hiltunen. Concernant le chant, c'est Remmel qui s'en occupe, et si ça rend vachement bien sur « Aces High », attendez d'entendre ce que ça donne sur « Sad But True » de Metallica.
Cette dernière est sûrement la chanson la plus retravaillée de l'album. L'instru est méconnaissable mais vraiment excellente, on se croirait dans un film au beau milieu d'une course entre deux bovins. Cette version est beaucoup plus joyeuse que l'originale d'ailleurs, les arrangements sont vraiment sympas et le chant est impeccable. Mais là où l'album devient des plus intéressants, c'est lorsque l'on arrive sur une reprise de Nightwish.
Comment retranscrire l'aspect symphonique de la chanson en version bluegrass ? Et bien, merci à l'accordéon et la flûte ! Si vous n'êtes pas familiers de l'instrument qu'est l'accordéon où que vous n'avez jamais écouté de groupes comme Les Vieilles Valises (si vous ne voyez pas le rapport, attendez que Brothers in Farm sorte et ensuite réécoutez la chanson du lien), ou La Rue Kétanou. Cela va peut être vous faire bizarre, pourtant cet arrangement sur « Wishmaster » est juste exceptionnel et évidemment le chant sublime le tout. Ce titre n'est pas énormément retouché mélodiquement par rapport à l'original et les fans de Nightwish de la belle époque Tarja Turunen seront sans doute ravis.
Après « Thunderstruck » qui les a fait connaître il y a quelques temps, Steve 'n' Seagulls se fait « It's A Long Way To The Top ». Lancés sur le chemin du hard rock, ils se paient le luxe d'enchaîner deux titres des Guns n Roses avec « You Could Be Mine » et « November Rain ». Ces trois dernières chansons rendent encore une fois superbement bien en style bluegrass, notamment la partie accordéon sur AC/DC qui retransmet à la perfection le ressenti folk du morceau d'origine.
« In Bloom » de Nirvana est fidèle à la musique de base, proposant une intro avec ce que l'on suppose être soit un kazoo soit du synthétiseur. Encore une fois, il s'agit d'une chanson assez sombre retranscrite d'une manière très joyeuse. C'est aussi ça la magie de ce style, tout devient festif et on a clairement envie de bouger notre arrière train au rythme de quelques pas de danse au milieu d'une grange jonchée de foin sur lequel poules et cochons se dandinent.
Steve 'n' Seagulls aux Trans Musicales de Rennes
On a passé la moitié de l'album et le temps défile à une vitesse folle. On arrive alors sur une des trois pièces maîtresses de cet opus (la première étant « Wishmaster » ) avec « Symphony of Destruction ». Honnêtement on a hâte de voir ce que va en dire Dave Mustaine. Peut-être même un jour verrons-nous sur scène un featuring entre Steve 'n' Seagulls et Electra Mustaine, sa fille ( qui est artiste country aux Etats-Unis), pour reprendre un des titres phares du combo de thrash californien.
On entreprend ensuite un voyage entre Deep Purple (« Burn »), Foo Fighters (« The Pretender ») ou encore Steppenwolf avec l'éternel tube, « Born To Be WIld », qui clôt l'album d'une superbe manière. Mais dans tout ça la dernière vraie masterpiece de Brothers In Farm se trouve être l'incroyable reprise de « Self Esteem » de The Offspring. Même la voix est juste parfaite et les arrangements, n'en parlons pas, tellement ils sont entraînants !
En clair, Brothers in Farm de Steve 'n' Seagulls est une vraie réussite, aucune fausse note côté musical et artistique. On a affaire à de la musique totalement décalée, très festive et joyeuse et on peut dire que par les temps qui courent ce n'est pas un mal et ça fait du bien. Vous aimez le metal ou le hard, vous connaissez tous ces classiques, alors vous aussi changez vous les idées et prenez du bon temps avec cet album sans prétention, qui vous fera découvrir d'une toute autre manière des titres qui sont déjà fermement enracinés dans vos têtes. Bravo aux cinq Finlandais pour cet effort qui ne loupe pas de nous faire passer un excellent moment mêlant leur univers fermier et l'univers de la musique électrique.