Alors que l'on aurait pu penser que Whitechapel se reposerait sur ses lauriers, le combo américain revient avec un nouvel album des plus surprenants. Deux ans après Our Endless War, le groupe natif de Knoxville sort Mark Of The Blade pour ce qui a l'air d'être un tournant dans leur carrière. Un bon ou un mauvais ?
D'emblée, rien de nouveau. On a affaire à du Whitechapel pur et dur dans la lignée de leurs précédentes compositions. Les trois premiers morceaux notamment sont dans cette veine deathcore efficace que propose le groupe depuis plusieurs albums.
Le titre d'ouverture, "The Void", nous plonge dans cet univers sombre et plein de lourdeur comme Whitechapel sait le faire. L'introduction se veut super puissante et le scream de Phil Bozeman nous fait comprendre que le frontman est au meilleur de sa forme. Il est sans doute l'un des screameurs les plus reconnaissables du circuit et sa voix n'a pas son pareil dans le milieu.
Cet album ne déroge pas à la règle et suit une même logique. Certains titres se ressemblent presque, que ce soit à l'intérieur de ce même album ou alors en nous faisant penser à de précédents morceaux. "Mark Of The Blade" n'est pas sans rappeler "The Saw Is The Law". On se dit alors que les Américains vont reprendre la même recette gagnante de Our Endless War.
Mais Mark Of The Blade introduit des élements qui viennent perturber notre première impression. La plus grosse surprise se trouve être "Bring Me Home". Pour la première fois, le groupe ose introduire du chant clair dans ses compositions. L'introduction, presque angoissante, permet à la basse de se mettre bien en avant. On quitte la dimension deathcore avec ce chant clair qui nous surprend. La belle voix de Phil Bozeman n'est pas sans rappeler celle de Corey Taylor et l'on comprend que le frontman a dû clairement s'inspirer de ce dernier.
Ce morceau offre une coupure nette avec les précédents titres et l'on est étonné d'entendre une piste pareille de la part de Whitechapel. La surprise est de taille mais ce n'est pas la seule nouveauté dont nous fait part le groupe dans cet album. En effet, les Américains ont également misé sur une piste instrumentale, "Brotherhood" et ce titre apporte un plus non negligeable à Mark Of The Blade.
Si globalement à l'écoute de Mark Of The Blade, on retient que Whitechapel n'a pas révolutionné sa musique, on note tout de même des changements que le groupe a apporté afin de marquer ce qui semble être une évolution musicale. "Venomous", par exemple, donne la part belle à des riffs beaucoup plus heavy. Le rythme varie et se veut recherché. Le solo de ce morceau également, reprend ce son beaucoup plus metal.
Si "Venomous" montre que Whitechapel est bien plus heavy que ses compères, "Decennium" est là pour prouver que le groupe sait définitivement se démarquer des autres formations deathcore. Ce titre débute avec une longue intro aux riffs bien qualibrés sur laquelle se juxtapose la voix de Phil Bozeman qui est parfaitement maîtrisée. Du Whitechapel classique, suivi d'une introduction d'une ligne de basse intéressante qui ouvre et sert de rythme pour le passage du scream à la voix claire. Une nouvelle fois, le groupe mise sur cette nouveauté.
Dans le fond, Whitechapel se veut bien plus mélodique qu'à l'accoutumée et ne se cloisonne plus seulement à un deathcore lourd et sombre. Certains titres se veulent bien plus groovy et heavy que précédemment, et "Decennium" se révèle être une des chansons les plus réussies de cet opus. A l'instar d'un groupe comme Parkway Drive, maître du metalcore, Whitechapel décide de conclure en douceur sur une note acoustique.
A la conclusion de l'écoute de Mark Of The Blade, on est partagé entre l'envie de louer les bonnes intentions du groupe ou de leur taper dessus. Néanmoins, l'introduction d'un titre instrumental comme "Brotherhood" se révèle être un plus dynamisateur contrairement à un morceau comme "Bring Me Home" où la mise en application du chant clair nous parait moins intéressante. Pourtant, cela est un signe fort pour Whitechapel qui cherche à introduire sans doute un tournant dans leur carrière.
La présence du chant clair sur deux morceaux, ce qui était inédit chez les Américains, montre clairement ce changement que cherche à opérer le groupe. En contrepartie, certains morceaux de ce Mark Of The Blade sonnent comme des redites de précédents albums. Pourtant, des nouveautés s'entendent notamment sur le très bon "A Killing Industry" où un nouvelle fois cette inspiration plus metal s'entend et où l'on aurait presque affaire à du Slipknot.
En somme, Whitechapel livre un album intéressant où certains fans paraîtront déroutés tout en restant sur quelque chose de familier. Mark Of The Blade est un bon album, sans doute celui du changement pour Whitechapel. En attendant, on n'a pas perdu nos marques avec ce nouvel effort qui nous parait encore être un essai plutôt qu'une transformation totale.
Tracklist :
1. The Void
2. Mark of the Blade
3. Elitist Ones
4. Bring Me Home
5. Tremors
6. A Killing Industry
7. Tormented
8. Brotherhood
9. Dwell in the Shadows
10. Venomous
11. Decennium