"C’est des satanistes ?" lâche ma mère en entrant dans la pièce où des enceintes crachent un morceau de Reborn From The Ancient Grave. Non maman, ce n’est pas parce que leur pochette montre une fille aux ailes d’ange pleurant dans un cimetière éclairé par la pleine lune que les Néerlandais de Dead End prient Satan. Certes, ils méritent un aller simple pour l’enfer après une pochette aussi kitsch, mais ce n’est pas parce qu’ils parlent de Dieu et de désespoir qu’ils invoquent Belzebuth dans leur garage.
Avec Reborn From The Ancient Grave, Dead End livre en fait un album très sobre. Le groupe sort effectivement de sa tombe. Formé en 1988 aux Pays-Bas, la formation s’est arrêtée une bonne douzaine d’années avant de revenir en 2014. Après des démos, des EP et des compilations, Reborn est leur premier "vrai album".
En dix titres, le groupe propose un mélange de death et de doom, et attaque avec une intro d’ambiance : de la pluie qui tombe, une petite mélodie flippante au piano qui plonge directement dans une ambiance morbide.
L’album commence vraiment avec "Dead End (Reborn)". La composition est simple, les guitares font le job des guitares de doom (à savoir une note toute deux heures) et la batterie s’excite au milieu de tout ça. Le groupe a l’intelligence de ne pas tartiner le tout d’une énorme couche de growl, mais plutôt de distiller des refrains courts, laissant le temps d’apprécier la guitare. En revanche, le morceau finit sur un ralenti qui n’est pas du meilleur goût.
Sur certains titres, comme "Trail of despair", Dead End abandonne la lenteur du doom pour se plonger totalement dans le death metal. Mais pas le death de grosse brute avec un chanteur qui vomit ses tripes sur des guitares à l’agonie. Les compos restent assez douces. La voix passe même du growl à une espèce de mélange growl/voix claire moins lourd, qui aére le morceau.
Jusqu’ici, tout va plutôt bien. Sans révolutionner son monde, Dead End livre un album tout à fait honorable, surtout pour un groupe qui s’est arrêté douze ans. Par contre, il y a vraiment des choses impardonnables, comme commencer le morceau "Another weakness" en gueulant "One, two, three, four" en growlant. On peut imaginer l’utilité en live, pour lancer ses musiciens, mais sur un album censé nous plonger dans une ambiance lente et morbide, c’est vraiment sale.
Mais "Another weakness "n’est pas qu’un morceau qui commence mal. Au contraire, il offre même une petite surprise bien sympa au milieu : quinze secondes de silence, agrémentées de quelques notes de basse. Une vraie bonne idée qui raccroche directement l’attention.
Reborn From The Ancient Grave ne plaira ni aux amateurs de gros death bien crade ni à ceux de doom bien lourd. L’album est parfois un peu monotone, mais on sent une vraie volonté de bien faire. Les Néerlandais offrent dix morceaux réussis et finissent en beauté avec "Wearing the cloak", neuf minutes de ce qu’ils font de mieux : du growl, une ligne de basse solide et une bonne ambiance de désespoir.
Sortie le 16 septembre !