"On ne pouvait imaginer plus belle fin pour Twisted Sister, qui a délivré un show [..] à l’énergie démesurée, et surtout à l’honnêteté criante."
Suite au décès d’AJ Pero, son batteur historique, Twisted Sister s’est lancé dans une tournée d’adieux, qui a débuté en Amérique du Nord en 2015, et sillonne l’Europe en 2016. Ce 14 août, il est l’heure pour les Américains de faire leurs adieux au Vieux Continent : l’Alcatraz Festival belge est en effet l’heureux élu pour accueillir le tout dernier concert du groupe en Europe. Plus que deux dates en octobre dans le New Jersey, et la saga Twisted Sister se refermera. Il est bien difficile de placer des mots sur le moment exceptionnel qu’ont partagé les quelques 6500 spectateurs de ce show, tant il a été intense... Magique, honnête, puissant, grandiose, au choix : les superlatifs se multiplient à juste titre dans les bouches des fans au camping dimanche soir. Retour sur ce baroud d’honneur inoubliable.
La foule se fait compacte devant les barrières de la scène de l’Alcatraz Festival, lorsqu’Avantasia achève son set : à 23 heures, ce sont les Twisted Sister qui sont attendus de pied ferme, pour la dernière date européenne de leur carrière. L’assaut est lancé sur "What You Don’t Know (Sure Can Hurt You)", face à un public survolté et conquis d’avance. Le groupe est en forme olympique, avec un Dee Snider extatique, et un Mark Mendoza dont la basse prend coup sur coup au fil des lignes rythmiques. C’est un vrai plaisir de voir ce premier titre relativement rare interprété, ainsi que plusieurs petites pépites disséminées tout au long du set, et qui avaient été omises lors de la venue du groupe au Hellfest par exemple – la mémorable venue de Phil Campbell y était sûrement pour quelque chose, donc ne boudons pas notre plaisir !
Ainsi, on aura la chance de voir "Like A Knife In The Back", "I Am (I’m Me)" ou encore "Under The Blade", du bonheur en barre pour les fans ! Bien entendu, Twisted Sister sort aussi le grand jeu du côté des hits, et aucun ne manque à l’appel ce soir ! "I Believe In Rock’n’Roll", "I Wanna Rock", ou encore le puissant et prenant "The Fire Still Burns" sont tous de la partie et les tignasses se secouent dans le pit, les cordes vocales donnent tout ce qu’il leur reste d’énergie, dans un moment de communion assez incroyable.
Chaque membre est pied au plancher, en particulier Jay Jay French dont les rythmiques font mouche, ou encore Mark Mendonza, dont la maltraitance permanente de sa basse impressionne tout autant visuellement que musicalement. Derrière les fûts, Mike Portnoy assure son rôle de remplaçant de luxe du regretté AJ Pero, et est chaudement accueilli par le public.
Sur scène, de nombreux effets pyrotechniques viennent renforcer l’intensité déjà immense du show. De nombreuses flammes séparent par moments le public du groupe, et celles-ci sont étrennées dès le troisième titre, le tout à fait de circonstance "Burn In Hell". Mais également des feux d’artifices, des confettis, de la fumée… on en prend plein les yeux ! Et les oreilles d’ailleurs, le son étant excellent de bout en bout, ce qui constitue un final à l’image du festival de ce point de vue.
Dee Snider, en grand frontman qu’il est, échange beaucoup avec le public, plus encore qu’à l’accoutumée. On sent bien que cette dernière date lui permet de relâcher la pression, et que l’émotion aidant, il se lâche plus encore que d’habitude. Plusieurs fois, il s’arrêtera au milieu de ses interventions, pour rire à ses propres délires, sous l’œil amusé de ses frères d’armes. Il vise notamment avec malice Scorpions, Judas Priest et les autres Kiss, pour insister sur le fait que Twisted Sister ne reviendra pas après ces adieux qui seront donc bien définitifs.
Sur l’habituelle reprise des Stones "It’s Only Rock’n’Roll (But I Like It)", Dee fait chanter au public le refrain a capella. Mais lorsqu’il objecte que le résultat fait un peu femmelette (mot qu’il explique avoir le droit d’utiliser au vu de ses choix vestimentaires aux débuts du groupe), il décide de demander une version death metal : la réponse ne tarde pas à arriver, avec un growl général du public, qui crée l’hilarité sur scène. L’ambiance est détendue, les musiciens s’amusent ouvertement, et on ne pourrait décemment espérer mieux !
Un bel et poignant hommage est par ailleurs rendu à Lemmy Kilmister et aux nombreux musiciens qui nous ont récemment quittés, par le biais du magnifique "The Price". Les mots du frontman sonnent justes, pour un hommage tout en simplicité et en humilité. Dans la même veine, l’inénarrable "We’re Not Gonna Take It" est introduit par une sobre référence aux événements terroristes qui touchent le monde depuis plusieurs mois : pour Twisted Sister, pas question de se politiser ou de parler religion, il s’agit juste de lutter contre les illuminés qui vont à l’encontre de la liberté des hommes. A l'adresse de ces illuminés, le groupe demande aux fans de lever bien haut leur majeur vers le ciel. Rock'n'roll, certes, mais surtout humain.
A partir de là, c’est la folie sans aucun répit. Pour preuve, le final absolument incroyable du morceau : une fois achevé, le public en reprend le motif principal a capela, obligeant le groupe à relancer un ultime refrain. Et ce sont pas moins de cinq relances du refrain qui se succèdent pour satisfaire les "we’re not gonna take it anymore" hurlés par le public. Les musiciens n’en reviennent pas, et avouent lors du quatrième qu’il s’agit record dans toute la carrière du groupe… record qui est immédiatement amélioré par la foule belge. Les Américains doivent même mentionner le couvre-feu pour calmer la foule et passer à la suite du set, et ainsi ne pas devoir écourter ce dernier.
Le rappel enterre les dernières onces d’énergie qui restaient aux spectateurs, avec un enchaînement assassin de "Come Out And Play", "Tear It Loose" et bien sûr le classique "S.M.F. ", qui s’achève sous un feu d’artifice magistral. L’émotion est bien présente des deux côtés de la barrière : chaque membre, en plus d’avoir déployé une énergie hallucinante sur scène, s'est fendu de quelques mots d’adieux au micro, et le public le leur a rendu au centuple.
On ne pouvait imaginer plus belle fin pour Twisted Sister, qui a délivré un show intense et sans fausse note, au niveau musical irréprochable, à l’énergie démesurée, et surtout à l’honnêteté criante. C’est encore sonnés par un tel concert, et le coin de l’œil humide, que l’on quitte le site du festival, pour rejoindre le camping, qui résonnera une bonne partie de la nuit au son des "We’re Not Gonna Take It Anymore" des festivaliers les plus noctambules… Merci Twisted Sister pour cette page de rock’n’roll que vous concluez, vous manquerez à la scène.
Setlist :
What You Don't Know (Sure Can Hurt You)
The Kids Are Back
Burn in Hell
Destroyer
Like a Knife in the Back
You Can't Stop Rock 'n' Roll
The Fire Still Burns
I Am (I'm Me)
I Wanna Rock
The Price
I Believe in Rock 'n' Roll
Under the Blade
We're Not Gonna Take It
It's Only Rock 'n' Roll (But I Like It)
Rappel :
Come Out and Play
Tear It Loose
S.M.F.
Photos : © 2016 Olivier Gestin / INTO Ze PiT Photographe
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.