L'annonce d'un album de Devin Townsend, c'est la promesse d'une œuvre unique et passionnante. Le bonhomme s'est évertué à créer ses propres codes et ambiances, et si nombreux sont ceux qui l'imitent, personne n'égale ce talent et cette folie uniques. Le génie de Townsend nous emmène dans des contrées tantôt metalliques et savamment puissantes, tantôt vers un opéra que ne renierait pas Danny Elfman (lui a déjà Oingo Boingo à assumer). C'est d'ailleurs sur cette première nouvelle compo de Transcendence, "Truth", que l'acolyte de Tim Burton reçoit son clin d'oeil grâce à des choeurs astucieusement malsains.
Si "Truth" nous met donc dans une ambiance qui ne présage que du bon, "Stormbending" aura plus de mal à convaincre. Il représentera le principal défaut de cet album : ça ne démarre jamais vraiment. Au-delà de certaines fulgurances, "Higher" et "Transdermal Celebration" en tête, Transcendence est un amas de nappes ambiancées "à la Devin Townsend".
Tout est unique donc, mais le fait de déjà bien connaître l'univers du musicien ne permet pas une immersion complète, tant cela se répète. Constat que l'on avait d'ailleurs déjà fait sur Ziltoid², avec plus de variété ici. La surproductivité de Devin Townsend commence à entacher sa créativité, et il y aura moins de passages savoureux à déguster ici. Pour autant, l'album vaut clairement le détour.
Car même un album moyen du prodige représente une perle rare que tout amateur se doit d'écouter. Le manque d'originalité ne fait pas d'ombre à la richesse des compositions, et chaque écoute permettra de découvrir une nouvelle ligne d'un instrument alors insoupçonné, et de savourer la variété des arrangements. On notera les envolées orchestrales lors de "Failure", par exemple. Devin Townsend est loin d'être un musicien de bas étage, et sait magnifier un morceau, y compris lorsqu'il est moins inspiré.
En respectant sa manière d'engencer sa propre musique, Townsend nous invite une fois encore au voyage, et ce Transcendence peut faire office de transition. Transition dont on se rappellera comme d'un moment agréable avec une impression de déjà-vu, mais qui nous laisse rêveurs quant à la suite, tant la qualité ne baisse pas. Un peu plus de temps en studio pour parfaire des compositions plus abouties et plus ambitieuses, et on ira flirter de nouveau du côté des merveilles que le musicien a su nous fournir il y a peu. Et franchement, on est bien impatient.