A l’heure où bon nombre de groupes de deathcore tentent de se renouveler dans un genre qui a définitivement atteint ses limites, Carnifex reste une valeur sûre avec son deathcore mâtiné d’influences black metal. Les Californiens reviennent cette année avec Slow Death, preuve que la machine est définitivement remise en route après le hiatus de 2013.
Si vous aviez du mal avec les blasts beats et le scream black metal présents sur Die Without Hope, ce n’est pas cet opus qui améliorera la donne. La bande à Scott Lewis a décidé d’assumer totalement toutes ses influences et nous offre pendant 37 minutes un ensemble hybride contenant de façon quasi-égale deathcore, djent, black et death metal. Un choix présomptueux et risqué qui avait pas mal de chances d’amener un résultat indigeste. Mais bizarrement, tout s’enchaîne de manière fort naturelle et on peut passer d’un style à l’autre dans la même composition sans pour autant perdre le fil. A condition d’aimer à la fois Marduk et Veil Of Maya, évidemment.
La plus grande nouveauté de cet album, c’est l’ajout en masse d’orchestrations et de parties de claviers omniprésentes sur les dix titres. Dès l’introduction de « Dark Heart Ceremony » on sait ce qui nous attend avec ces notes de claviers grandiloquentes évoquant autant Dimmu Borgir que Betraying The Martyrs. Il faut tout de même avouer que le groupe en fait ici ou là un peu trop et que certaines orchestrations sonnent un peu comme un mauvais one-man band de black metal atmosphérique. Attention à ne pas (trop) tomber dans le cliché.
Le début d’album est un quasi sans-faute, le triptyque « Dark Heart Ceremony » - « Slow Death » - « Drown Me In Blood » illustrant de façon puissante le « blackcore » déployé par Carnifex. « Pale Ghost » repart quant à elle sur des riffs plus djent, avec beaucoup de dynamisme et une production au poil, probablement un futur hymne live. Scott Lewis profite à fond de sa polyvalence, du growl bien guttural à un scream aigu pour s’adapter à toutes les situations, comme il le fait depuis plus de dix ans.
Bien sûr, qui dit deathcore dit également breakdowns et ces derniers sont aussi de la partie, plus efficaces que jamais. Sur « Six Feet Closer To Hell », ils sont dévastateurs combinés à des riffs atmosphériques pas très loins de combo comme Blut Aus Nord. On passe aussi de très bons moments lorsque le groupe adoucit le propos avec un bon feeling, comme sur « Life Fades To A Funeral » ou lors du break de « Slow Death ». Seule chanson en dessous du lot, « Necrotoxic » est justement un de ces titres qui ne trouvent pas l’équilibre dans la fragile formule établie sur Slow Death.
De manière générale, les musiciens de Carnifex ont un niveau technique supérieur à ceux de bien des formations de deathcore, notamment les guitaristes Jordan Lockrey et Cory Arford qui nous gratifient de solos sympathiques pendant tout l’album, notamment sur « Black Candles Burning ». La section rythmique semble pouvoir s’adapter à toutes les variations, que ce soit pour des blasts beats ou des rythmiques qui évoquent davantage le death metal old school.
Associer du black metal à des riffs djent à 8 cordes, le pari était osé et loin d’être gagné pour Carnifex qui parvient tout de même à nous offrir un album de très bonne facture malgré quelques petites lourdeurs. On sent un groupe loin de tout carcan qui a réussi à renouveler sa formule en se faisant plaisir, le tout avec assez de talent pour rendre la chose digeste. En espérant que les fans suivent cette orientation musicale qui pourrait en dérouter certains, tant les genres que brasse Carnifex sont éloignés les uns des autres.