Terreur teutonne au Bataclan
Pour promouvoir leur dernier album, Stalingrad, Accept a démarré sa tournée le jour même de sa sortie. C’est par Paris qu’ils commencent leur périple européen. Un grand rendez-vous heavy metal, avec riffs martiaux et rythmiques à s’en décrocher la nuque, un peu terni par des problèmes sonores. Pour ouvrir le bal, ce sont les anglais de Hell qui s’y sont collés, en donnant un show Grand-Guignol qui n’a pas été du goût de tout le monde.
Hell
La soirée commence avec le set d’un groupe de heavy metal anglais obscur, devant un décor inquiétant, avec représentation de vitraux lugubres. Les quatre musiciens arborent une tenue sombre, et un maquillage blafard. Le chanteur David Bower, lui, porte une couronne d’épines. La mise en scène est très kitsch. Tout est fait dans l’excès, avec un chanteur déguisé en médecin du moyen-âge qui crie "bring out your dead" pendant que le guitariste Kev Bower fait mumuse avec son clavier, qui s’amuse avec un martinet rouge ou fait mine d’exorciser certaines personnes au premier rang.
Côté musique, le groupe joue un heavy metal des plus classiques. Les titres, tous issus de leur unique album, Human Remains, sont fidèlement interprétés , avec un son acceptable. Si le talent d’un guitariste comme Andy Sneap n’est plus à prouver, les compos manquent cruellement d’imagination et n’arrivent pas à soulever les foules. Cerise sur le gâteau, le timbre de David Bower est encore plus insupportable sur scène. Les aigus sont poussifs et ses narrations sont toujours aussi mal jouées.
Dans la fosse, la foule n’est pas transcendée, mais donne au groupe un accueil très correct. Applaudissements et cris sont de la partie, lorsque le frontman le demande. En revanche, les metalleux ont tendance à rester statiques lorsque le groupe joue. Certains s’ennuient pendant que d’autres tendent l’oreille.
Kitsch au possible, Hell aurait pu séduire si la musique avait suivi. Malheureusement, à part quelques rares moments de bravoure (on retiendra l’épique mais trop long "The Quest"), les compos ne se retiennent pas. Malgré la bonne volonté du guitariste Andy Sneap, également producteur d’Accept, le groupe a eu du mal à faire monter la température du Bataclan.
Setlist :
Intro : Overture (Themes From 'Deathsquad')
Let Battle Commence
On Earth as It Is in Hell
Plague and Fyre
The Quest
The Oppressors
Macbeth
Save Us From Those Who Would Save Us
ACCEPT
C’est devant une foule en délire qu’Accept entre en scène. Leur dernier passage à l’Elysée Montmartre est resté dans les mémoires des fans. Et ces derniers sont bien décidés à donner ce qu’ils peuvent en énergie pour le légendaire groupe allemand. Ils deviennent une chorale pour couvrir les samples d’"Heidi Heido" (intro de "Fast As A Shark") ou pendant l’indispensable "Balls To The Wall". De plus, l’avant de la fosse s’est retrouvé en proie aux mosh qui, s’ils ne sont pas aussi nourris que dans un concert de thrash metal, restent bien énergiques.
Cette énergie du public découle en partie de la setlist du groupe. Accept a décidé de tabasser pendant deux heures, et ce quasiment sans répit. Le groupe frappe fort avec des enchaînements comme "Breaker"/"Son Of A Bitch"/"Bucket Full Of Hate" qui mettent à mal les pogoteurs. Mais les allemands n’oublient pas leur facette épique, avec le nouveau "Shadow Soldiers" et les classiques comme "Princess of The Dawn" et "Metal Heart". En revanche, le côté rock n’roll se fait plus timide, malgré une version appréciée de "Living For Tonite".
La fête est ternie par un gros problème sonore sur "No Shelter" et "Pandemic". Le groupe devra stopper son concert pendant dix minutes. A part cet incident, Accept n’a pas bénéficié des meilleures conditions sonores, avec une session rythmique relativement brouillonne. Heureusement, au dessus de la mêlée, Wolf Hoffman arrive à se faire entendre, avec cette patte immédiatement reconnaissable. Sa performance est toujours aussi impressionnante, le loup reste habile, aussi bien quand il s’agit de tirer dans le tas que quand il faut se faire plus sensible, preuve est faite avec son solo en intro de « Neon Nights ».
On peut émettre un bémol sur le frontman Mark Tornillo. Pas vraiment mis à l’honneur dans le mix, le chanteur semble avoir bien du mal à communiquer avec le public. On apprécie certes les excuses présentées pour l’annulation du show de 2010 au Bataclan, mais l’américain a eu bien du mal à remplir les blancs lors de l’incident sonore. Dommage que le chanteur ne soit pas aussi à l’aise pour parler que pour chanter.
Malgré ces désagréments, Accept reste un excellent groupe live. Capable de soulever des foules avec peu d’artifices, qui se limitent à des jets de fumée en début de set et l’exposition d’une tête de lion en métal lors du rappel, le groupe jouit de sa grande expérience pour donner un show carré, tout en gardant une certaine spontanéité, comme le montrent Wolf Hoffmann et Peter Baltes, complices lors de leur duel sur "Bulletproof". Si la prestation n’est pas aussi mémorable que celle donnée à l’Elysée Montmartre en 2011, le groupe ne démérite pas.
Setlist :
Hellfire
Stalingrad
Restless and Wild
Living for Tonite
Breaker
Son of a Bitch
Bucket Full of Hate
Monsterman
Shadow Soldiers
Solo de guitare
Neon Nights
Bulletproof
Losers and Winners
Aiming High
Princess of the Dawn
Up to the Limit
No Shelter
Pandemic
Fast as a Shark
Rappel :
Metal Heart
Teutonic Terror
Balls to the Wall
Outro : Bound to Fail
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Photos : © 2012 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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