Heaven Shall Burn – Wanderer

Cela faisait trois ans qu’Heaven Shall Burn ne nous avait rien donné à nous mettre sous la dent. Au sommet de leur popularité chez eux en Allemagne, le groupe qui oscille entre metalcore et death mélodique a pris son temps, tournant dans tous les plus gros festivals avant de revenir en studio. Trois ans surtout pour se remettre du succès de Veto, album qui constituait la quintessence du son que le groupe développe depuis une bonne quinzaine d’années. Un changement semblait presque nécessaire et s’est vu confirmé par la sortie du visuel de Wanderer, huitième album des Allemands. Une police d’écriture lisse au possible, un paysage calme et apaisé, est-ce vraiment le Heaven Shall Burn que l’on connaît ?

Et bien au final, oui. Loin de changer sa recette, le groupe n’a pas évolué d’un poil et c’est la très efficace intro « The Loss of Fury » qui se charge de remettre les pendules à l’heure et de rappeler qu’Heaven Shall Burn ne vient pas pour rigoler. Tout y est, la double pédale, les riffs caractéristiques de Maik Weichert et Alexander Dietz et bien entendu, la voix de Marcus Bischoff, toujours aussi reconnaissable depuis les débuts de la formation.

heaven shall burn, allemagne, 2016, wanderer

Malheureusement, là où Veto se dégageait comme un ensemble ultra-solide, le contenu de Wanderer est beaucoup plus inégal. La sensation que Heaven Shall Burn tourne en rond avec ce disque s’installe dès les premiers titres avec « Bring The War Home » qui déçoit de par la production assez atroce de la batterie, malgré des paroles plutôt bien ficelées. L’album regorge ainsi de chansons pas mauvaises comme « They Shall Not Pass » ou « Extermination Order » mais la discographie des Allemands est déjà tellement riche qu’elles n’y apportent strictement aucune valeur ajoutée. Le pire, c’est quand la bande à Marcus Bischoff nous fait une Sabaton en recyclant ses propres anciens morceaux. Il suffit d’écouter « Downshifter » puis « Hunters Will Be Hunted » pour s’apercevoir sans trop de mal de la ressemblance entre les deux.

Heureusement pour Heaven Shall Burn, tout n’est pas noir et les moments dispensables de Wanderer en côtoient d’autres très réussis. Tout d’abord, la basse d’Eric Bischoff qui prend le lead dans plusieurs compositions est une des satisfactions majeures, apportant un nouveau groove à « Passage Of The Crane » ou « Corium » (cette dernière retombe malheureusement dans des riffs convenus après une excellente intro). On retrouve un peu de vélocité en milieu d’album avec la petite bombe « Prey To God » où la présence de George « Corpsegrinder » Fisher de Cannibal Corpse amène une variation sympathique. Un interlude calme ensuite le jeu pour introduire parfaitement « Save Me », là aussi une réussite.

Quelques notes de violon et un peu de voix féminine sur « Passage Of The Crane » seront la seule petite originalité de Wanderer, sur une composition que l’on jurerait sortie d’un vieil album d’In Flames. L’occasion de constater également que les thèmes abordés dans les paroles sont riches et travaillés, au contraire de beaucoup d’autres groupes du genre. Pour les férus d’évènements historiques, cela vaut largement le coup de s’y intéresser.

Et comment omettre la claque de cet album : la reprise ! Sur Veto, on avait eu droit à "Valhalla" de Blind Guardian dopé en testostérone, et cette fois c’est « The Cry Of Mankind » de My Dying Bride qui y passe ! Un classique du doom repris par un groupe de metalcore, voilà qui a de quoi faire peur mais c’est sans compter sur le talent d’adaptation des cinq Allemands qui parviennent à restituer de façon particulièrement fidèle l’ambiance glaciale de l’originale. Bien aidé par la voix envoutante d’Aðalbjörn Tryggvason de Sólstafir appelé à la rescousse, la réunion improbable de tous ces facteurs sur ce titre est à elle seule une bonne raison d’y jeter une oreille. Surtout lorsque le résultat est aussi réussi !

heaven shall burn, allemagne, 2016, wanderer

Au final l’album est long (presque une heure) et aurait sûrement été plus appréciable amputé d’un titre ou deux. Mais au-delà des critiques, le niveau reste tout à fait acceptable et le fan d’Heaven Shall Burn trouvera sans problème de quoi se mettre sous la dent avec les douze titres proposés. Pour les autres, ce sera juste un opus de plus au compteur d’un groupe jouant avant tout la sécurité. On ne se souviendra pas de Wanderer comme d’un tournant particulièrement marquant dans la carrière du combo bien qu’il devrait sans problème faire ses preuves en live dans les mois à venir.

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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