Donjons et bonbons
Alors que nous pensions le genre power metal symphonique presque mort et enterré (à part quelques rares anciens toujours vaillants), une lueur d’espoir pour les fans de compositions épiques à base de récits remplis de dragons et de chevaliers a fait son apparition ces dernières années. D’abord en 2013 grâce à Gloryhammer et son déjà culte Tales From The Kingdom Of Fife puis, l’année d’après avec Tales Of Ancient Prophecies d’un groupe alors totalement inconnu : Twilight Force. Le combo évoluant sous des faux noms et dont tous les membres sauf le chanteur jouent le visage caché sur scène nous avait régalé avec cet album aux compos réussies qui faisait souffler un vent de fraicheur sur la scène power sympho. Voici maintenant l’heure pour les Suédois de nous dévoiler leur deuxième opus. Celui de la confirmation ?
La première chose qui attire l’attention à propos de Heroes Of Mighty Magic, c’est sa durée puisqu’il est deux fois plus long que son prédécesseur (plus de 70 minutes au compteur). Mais la recette de Twilight Force n’a pas changé pour autant puisque musicalement on retrouve toujours cette sorte de Rhapsody Of Fire sous speed avec des orchestrations très grandiloquentes, parfois cinématographiques, mais souvent kitchs. D’ailleurs, ces orchestrations se taillent clairement la part du lion sur ce deuxième album, ce qui pourra certainement en rebuter certains, la section « metal » de la musique passant clairement au second plan dans le mix, cette abondance de sonorités orchestrales pourrait rendre difficile à certains auditeurs l’écoute de l’album d’une traite tant on frôle souvent l’overdose. Vous l’aurez compris, Twilight Force fait encore dans le too much et propose une vision jusqu’au-boutiste du style musical qui est le sien.
Si l’artwork de l’album a un petit côté Disney, la musique fait encore plus référence à l’héritage musical du studio aux grandes oreilles. Non seulement grâce à ces orchestrations mentionnées à l’instant, mais aussi grâce aux tempos majoritairement joyeux des différentes compositions et aux refrains qui véhiculent chacun leur dose d’énergie à grands coups de chœurs grandioses rendant le tout irrésistible (écoutez donc ceux de "Riders Of The Dawn" ou de "Flight Of The Sapphire Dragon"). Ajoutez à cela la puissance de la voix de Christian Eriksson (ou plutôt « Chrileon l’humain de haute lignée » comme indiqué dans les crédits de l’album) qui arrive à surpasser les prouesses qu’il montrait sur Tales Of Ancient Prophecies.
Forcément, avec ce genre de musique, on s’attend à trouver une longue pièce symphonique et Twilight Force dans sa volonté d’aller jusqu’au bout du cliché ne nous en propose pas une, mais deux ! "There And Back Again" lors de laquelle les Suédois s’associent à Fabio Lione (tiens, on en revient à Rhapsody Of Fire !) et en fin d’album, "Heroes Of Mighty Magic" avec Joakim Brodén (de Sabaton dont Christian Eriksson a fait partie quelques mois). Toute deux alternent les tempos et les ambiances pendant près de dix minutes chacune.
Sur le précédent album, le combo avait recours à plusieurs interludes humoristiques, chantés ou parlés. Il n’y en a plus qu’un sur cette nouvelle sortie, mais elle dure près de sept minutes. Assez désarçonnant au premier abord, d’autant plus qu’il s’agit d’un unique monologue placé en toute fin de disque avant un "Knights Of Twilight’s Might" 100% symphonique et bourré de chœurs masculins que n’aurait pas renié L’Armée Rouge.
Ce Heroes Of Mighty Magic donne autant envie de rire que de s’emparer d’une épée pour aller chasser le dragon. Vous l’aurez compris, la musique de Twilight Force est comme une friandise trop sucrée : on la consomme avec plaisir, on en redemande souvent, mais le tout peut s’avérer indigeste à la longue. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à risquer quelques caries et à en reprendre une grande bouchée immédiatement.
8,5/10