Après trois décennies de bons et loyaux services dans la sphère metal, et deux groupes à fort succès, Kai Hansen a besoin de marquer le coup. Ce n'est cependant pas un best of, mais bien un nouvel album que le guitariste offre à ses fans.
Si Kai Hansen a depuis longtemps acquis ses lettres de noblesses dans le power metal, n'ayant plus rien à prouver depuis les debuts d'Helloween et les premiers albums de Gamma Ray, force est de constater qu'il l'a compris. Si ses tentatives plus "pop" avec Unisonic lui ont donné un coup de fraîcheur (notamment dû à un Michael Kiske qui, comme à son habitude, sublime tout ce qu'il chante), les derniers albums de Gamma Ray étaient poussifs et indigestes, jusqu'à l'inaudible pour Empire Of The Undead.
Le voir faire un retour sur sa carrière, dans un album qui puisera dans tout ce qu'il a fait, peut donc faire un peu peur, et "Born Free", en ouverture, ne rassurera pas. Le morceau est d'un ressassé laborieux, et si les rythmiques peuvent avoir leur effet d'efficacité, le refrain alourdit le tout, faisant tomber la sauce dans un pathos des plus malvenus. Il serait toutefois dommage de s'arrêter sur cette déception, tant "Enemies Of The Fun" va rattraper le tir de la plus belle des manières. Beaucoup plus inspiré, possédant des changements de rythmiques et, par conséquent, de la variation, ce second titre représente ce que l'on est en droit d'attendre de la part de Kai Hansen. Un morceau qui flirte autant avec le power de ses débuts qu'avec du heavy gras, sans concession. La voix de Ralph Scheepers, plus éraillée que jamais, se pose forcément en vainqueur au-dessus des nappes guitaristiques.
XXX (three decades in metal) sera une oscillation de qualité entre ces deux titres, et penchera malheureusement plus souvent vers le manque d'inspiration. A vouloir ajouter des invités à chacun de ses morceaux, démarche pas forcément désagréable quand elle est bien employée, Kai Hansen se repose beaucoup trop sur leurs performances et leur renommée. Triste ironie de voir Tobias Sammet invité sur un "Making Headlines" faiblard là où le maître à penser d'Avantasia a offert à Hansen des morceaux bien plus intéressants. Si tout n'est pas à jeter (un solo par-ci par-là, une ligne de chant bien pensée vous feront dodeliner de la tête à certains instants de fulgurance), force est de constater que nous avons là un cadeau bien plat pour célébrer trois décennies de carrière.
Kai Hansen fait ici ce qu'il sait faire, sans chercher à le faire. Il semblerait qu'il ait oublié qu'un bon album de heavy/power metal, ce n'est pas uniquement des rythmes rapides et des grosses guitares, il s'agit aussi de trouver les mélodies qui vont avec. Dommage qu'ici, vu les personnes impliquées dans le projet, ce ne soit pas le cas.