Sonata Arctica – The Ninth Hour

On ne sait plus très bien ce qu’on est en droit d’attendre d’un nouveau Sonata Arctica ces temps-ci. Relativement loin de ses chefs-d’œuvre des années 2000, le groupe se fait plaisir depuis deux ou trois albums en expérimentant à l’envie, tout en gardant une certaine cohérence dans sa démarche de speed/prog. Si Pariah’s Child était plutôt bon et surprenant, malgré quelques titres catastrophiques, qu’en est-il de The Ninth Hour son successeur ? Et bien c’est un peu bis repetita.

Une nouvelle fois, le disque est inégal et les très bons moments côtoient les titres sans trop d’inspiration. Les structures plus progressives que l’on connaissait à Sonata sur Unia sont de retour, associées cette fois-ci au speed qui a fait la réputation du combo (de retour en force depuis l’album précédent). En résulte un contenu intéressant mais pas toujours maitrisé malheureusement. Sur le plaisant single « Closer To An Animal », l’équilibre est trouvé au contraire de « Till Death’s Done Us Apart », composition brouillonne à tiroir, où l’on ne comprend vraiment pas où le groupe veut en venir.

Une nouvelle fois, c’est Pasi Kauppinen qui a mixé l’album (ce qui ne manquera pas de faire grincer des dents) et le bassiste en profite cette fois pour mettre son instrument en avant, avec un jeu bien plus créatif que celui de Marko Paasikoski. Le mix pourrait presque être considéré comme bon si le son de la batterie n’était pas aussi plat. Tommi Portimo ne joue déjà pas des parties très originales mais le tout manque vraiment de dynamisme et aurait pu rendre certaines compositions beaucoup plus appréciables. Gageons que ces dernières prendront une autre dimension en live.

Car au final, le contenu est riche et souvent de qualité. On est face à un album qui a tout pour faire passer un bon moment à tout le monde et Tony Kakko n’a absolument rien perdu de ses talents d’écriture. Les riffs d’Elias Viljanen sont une satisfaction et permettent d’apprécier « Life », malgré des paroles un peu niaises, ainsi que la speederie sans prétention « Rise A Night » ; seule « Fairytale » semble manquer un peu de finition et déçoit sur ce plan. Le clavier d’Henrik Klingenberg n’est pas mal non plus et apporte des leads et solos sympathiques, plus sobres qu’à l’accoutumée.

Sonata arctica, 2016, the ninth hour, tony kakko, chronique

L’expérimentation débridée de « X Marks The Spot » ou « Cinderblox » ne se retrouve pas tant que cela dans The Ninth Hour. A la place, on sent une influence Nightwish bien plus marquée qu’auparavant et le meilleur exemple est sans aucun doute « We Are What We Are » qui serait loin de faire tache dans un album du groupe de Tuomas Holopainen. L’intro à la flute est sublime de même que le refrain, en faisant l’une des belles réussites de cet album.

Les orchestrations grandiloquentes, presque cinématographiques ne sont pas une nouveauté chez le combo (cf The Days Of Grays) mais on les trouve ici plus réussies, notamment sur l’ambitieuse suite de « White Pearl, Black Oceans ». L’originale est un chef-d’œuvre, probablement l’une des meilleures chansons de la discographie de Sonata et ce petit frère a au moins le mérite de tenir la route, s’écoutant même avec plaisir. Pendant dix minutes on ne s’ennuie jamais en partie grâce à la versatilité de Tony Kakko qui réussit plus que jamais à s’adapter à toutes les ambiances. Sur la superbe « Among the Shooting Star », ses capacités vocales sont à leur paroxysme et le rôle de conteur de cette histoire tragique lui va comme un gant, comme d’habitude.

Une chose est sûre, plus d’une heure c’est un peu long et The Ninth Hour aurait sûrement été un excellent album amputé de ses quelques titres les plus dispensables. Le milieu et la fin de l’album sont un empilement de mid-tempos et de ballades, un choix qui décevra forcément les fans de la facette plus speed de Sonata. Parmi ces titres, « Candle Lawns » est la ballade mièvre que les Finlandais ont l’habitude de nous livrer à chaque album. Ils sont même parvenus à faire pire que « Love » ! On voit tout le contraste entre le meilleur et le pire de Sonata, puisque deux titres plus loin la conclusion « On The Faultline (Closure To An Animal) » est quant à elle une totale réussite pleine d’émotions.

Sonata Arctica délivre une nouvelle fois un album intéressant, mais imparfait, comme si les Finlandais ne pouvaient s’empêcher de glisser un ou deux mauvais titres dans chacune de leur livraison. On leur pardonnera en savourant des compositions souvent inspirées et des variations d’ambiances plutôt sympathiques même si les accélérations manquent à l’appel. Pas du grand Sonata mais un album très correct pour maintenir à flot un groupe qui continue de faire ce qui lui plait.

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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