Neurosis – Fires Within Fires

Pour moi chroniquer un nouvel  album de Neurosis est toujours difficile. Tout d’abord parce que je respecte énormément leur musique et ses membres, mais aussi parce que je garde en mémoire la première fois que je les ai vu au Fury Fest en 2005 dans un hangar, suivi du concert apocalyptique pendant une tempête déchainée force 8 au Hellfest en 2007. A chaque fois pour chacun de ces shows j’ai dû mettre deux ans à m’en remettre. Sans parler de la tournée acoustique de Scott Kelly où je suis tombé des nues en écoutant seulement sa guitare sèche (il en est de même pour Steve Von Till ). Pour clôre le tout, Neurosis propose une musique visuelle, aliénante, intelligente, unique et addictive et ce même si sur scène le groupe reste dans l’obscurité.

Neurosis


Rassurez vous, « Bending Light » commence comme souvent par vous caresser dans le sens du poil avant de sortir la brosse en acier et vous épiler avec force et rage jusqu’au sang. Rien de révolutionnaire mais il y a toujours cette soif rageuse de transcender les riffs jusqu’à l'aliénation.

Maintenant je retourne à ma pharmacie, non, pas celle à côté de chez moi, mais celle au fond de ma salle de bain pour me préparer un cocktail des plus sanguin et explosif à base de gélule de toutes les bi-couleurs. Mes sensations s’éloignent, mon quotidien m’ennuie mais pas cette musique organique qui retourne mes sentiments comme une malheureuse crêpe pendant une chandeleur. « A Shadox memory » se doit d’être écoutée au casque en trempant vos lèvres dans un breuvage dépassant les 50° à condition d’en abuser (oups) ... Que dis-je? Ma rédaction me donne des infos dans mon oreillette… (Ndlr : à consommer avec modération).

Les américains ne changent pas, la lourdeur des riffs est toujours présente (« Fire is the end lesson »), Scott Kelly et Steve Von Till se partagent toujours le micro, la musique semble toujours aussi visqueuse tel un magma dégoulinant une côte tout doucement, les breaks toujours inattendus et les voix épaisses sorties d’une soirée interminable qui nous fera regretter les lendemains.

On a aussi des passages plus calmes pendant certains titres, un peu comme ce que les deux guitaristes ont proposé lors de leur carrière solo et acoustique, mais avec toujours cette part « d’épée de Damoclès » au dessus de la tête à cause de cette attente, voire de cette peur de changement de rythme qui peut arriver à tout instant. Mais oui ça tombe… (« boum ») et ce n’est pas « Broken Ground » qui dira le contraire avec tous ses entremêlement d’instruments lorsque cela s’énerve (une flute s’y est glissée ?).

Certains diront que Neurosis ne se renouvelle pas. Moi je dirai que tout d’abord pourquoi renouveler quelque chose de fabuleux et puis attendez, patientez, calmez-vous et écoutez donc pour une fois dans votre petite vie le dernier morceau. Vous voulez savoir pourquoi? Je ne sais pas. De toute façon vous ne serez pas d’accord avec moi…

Pour y arriver il faut l’atteindre. Le Graal musical, la perle parfaite. On parle de « Reach » et de ses multiples riffs et rythmes sorties de la folie de musiciens surdoués qui peuvent nous ensorceler jusqu’à la lie… vous en aurez pour plus de dix minutes… ne faites pas tourner ce n’est que pour vous. Cette marche solennelle est d’une puissance atomique, cette voix qui vibre retourne les poils de bras comme une mini bombe atomique tombée sur nos mains. Et « au milieu coule un break » apaisant qui n’a que la volonté de vous ensorceler afin de vous proposer d’autres produits cachés au fond de la boutique, des trucs pas franchement recommandés mais qui ont fait leur petit effet sur une partie des auditeurs résidant depuis longtemps hors de portée (à partir de huit minutes) de notre monde déconnecté des valeurs olfactives…

Lionel / Born 666

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...