Après la déception immense qu'était Requiem for the Indifferent en 2012, Epica était revenu sur les devants de la scène deux ans plus tard avec The Quantum Enigma. Véritable bouffée d'air frais, le combo nous proposait des compositions de bien meilleures qualités mettant l'emphase sur les mélodies et une approche symphonique moins conceptuelle. Réglé comme des horloges sonnant tous les deux ans, Epica nous revient avec The Holographic Principle. Alors, que vaut cet album ? Premiers éléments de réponses dans cet article.
Quand, en mars dernier, Epica nous annonçait un passage au Zénith de Paris pour février 2017, l'idée d'un nouvel album ne faisait quasiment plus aucun doute. Cela se vérifia rapidement puisqu'au moment où des milliers de personnes se rendaient au Hellfest, le combo annonçait la sortie pour l'automne de The Holographic Principle. Pochette plus que conceptuelle, celle-ci avait au moins le mérite de poser des bases en accord avec le nom donné à l'album.
Ce n'est qu'au cœur de l'été qu'un premier extrait apparaît sur la toile avec le titre "Universal Death Squad". Long de quasiment sept minutes, "Universal Death Squad" nous plonge dans l'univers qui sera propre à cet album, celui d'un monde qui vit et meurt par son empreinte virtuelle. Comme nous avons pu en discuter avec Simone Simons lors de notre interview, après s'être attaqué à la physique sur The Quantum Enigma, Epica a voulu cette fois-ci parler d'un thème d'actualité, qui touche l'entièreté de la population et qui nous pose la question de la différentiation entre la réalité virtuelle et la réalité tout court. Qu'est-ce qui au fond différencie la personnalité d'une personne sur internet du monde réel ? L'idée pour Mark Jansen (guitare/chant) et Simone Simons était de pousser les gens écoutant l'album à la réflexion. Et c'est effectivement un aspect très positif de The Holographic Principle sur chacun des titres, le discours pouvant parfois rappeler celui de The Agonist sur son album Eye Of Providence. Musicalement, aucune prise de risque si ce n'est que la patte de Isaac Delahaye se fait de plus en plus ressentir sur les parties de guitare.
Pour parler plus globalement de l'album, celui-ci est encore une fois très long mais on commence à avoir l'habitude avec Epica et les groupes de metal symphonique en général. Douze morceaux pour environ soizante-douze minutes, cela offre un contenu dense et difficile à appréhender dans son ensemble lors des premières écoutes. The Holographic Principle s'ouvre sur une courte intro "Eidola" qui sert de préambule à "Edge of the Blade", premier véritable titre de cet album mais aussi dernier extrait présenté avant la sortie de l'opus. Comme "Universal Death Squad", ce titre n'apporte rien de nouveau au schmilblick et c'est là que le bât blesse. On croirait entendre une b-side écrite et enregistrée pour The Quantum Enigma qui n'a pas passé l'étape de la sélection. On retrouve la même structure, les mêmes lignes mélodiques, les mêmes lignes vocales pour les choeurs, en bref rien de nouveau sous l'horizon et c'est décevant de la part d'Epica. L'album n'est pas une déception - loin de là - mais sur certains titres l'impression d'avoir un The Quantum Enigma 2.0 est bien trop présente alors que le combo nous avait toujours révélé une nouvelle facette à chaque nouvelle sortie.
Au début de l'article, nous parlions du travail accompli par Isaac Delahaye à la guitare et il est plus que temps de donner du crédit au musicien. Les parties de guitare sont vraiment la plus-value de ce nouvel opus notamment sur "Beyond The Matrix" ou "The Cosmic Algorithm" où le sieur nous envoie des riffs à cent à l'heure, jouissif. Et quand ce n'est pas autant audible qu'un solo, le duo qu'il forme avec Mark Jansen sait faire dans la sobriété pour installer seulement une présence et un tempo pour lequel il faut parfois tendre l'oreille mais qui vaut les écoutes approfondies.
Aux rayons des bonnes surprises, plusieurs titres nous offrent de très bons moments. Prenons le cas de "Ascension - Dream State Armageddon" qui est la seule véritable prise de risque sur cet opus avec son côté très Dimmu Borgir sur certains passages qui sont étonnants à la première écoute et qui nous auront fait revenir à de nombreuses reprises sur ce titre en particulier. Les orchestrations sont épiques et le voyage proposé est dépaysant, d'autant que Simone Simons nous offre des vocalises inédites. Dans un registre différent le morceau qui lui succède, "Dancing in a Hurricane", est le moment calme auquel nous sommes habitués sur chaque opus de Epica. Ce n'est pas au niveau d'un "Feint" mais ça reste très largement au dessus de la moyenne.
A l'instar de Nightwish, Epica est attendu au tournant à chaque nouvelle sortie et c'est peut-être d'ici que vient la frustration qui nous tiraille parce qu'en soit, l'album tient la route, Simone Simons nous envoie au septième ciel avec ses envolées lyriques indécentes de facilité et les orchestrations symphoniques sont les plus belles jamais réalisées par le groupe. La liste des qualités de The Holographic Principle est quasi infinie. Seulement on aimerait voir Epica sortir de sa zone de confort pour le prochain opus. C'est vraiment perturbant d'écouter les deux derniers albums à la suite et de pointer les ressemblances aussi facilement. Surtout en ce qui concerne les choeurs de l'orchestre, le vrai point faible de cet opus. Peut-être parce que nous avons tellement écouté The Quantum Enigma depuis sa sortie ? Peut-être parce qu'Epica devrait un petit peu plus espacer ses sorties pour créer une attente supplémentaire ?
Avec plus de vingt écoutes de l'album pour vous en proposer la chronique, The Holographic Principle n'est définitivement pas un mauvais album, loin de là. Nous sommes juste plus critiques vu ce à quoi nous a habitué le groupe et tout simplement parce qu'on est toujours plus critique avec ce qu'on aime. La recette a besoin de changer légèrement pour les prochains opus sinon le public se lassera vite. Epica réalise un travail de fond incroyable sur le concept de ses albums, il faut que chaque partie musicale derrière soit un nouveau voyage nous amenant à la découverte de ce que proposent textuellement les hollandais.
Sans The Quantum Enigma, cet album aurait mérité amplement la note de neuf mais en tenant compte des antécédents du combo, ce sera une note de sept pour The Holographic Principle. Les soixante douze minutes passent très vite et on ne s'ennuit pas un instant parce que les Hollandais maîtrisent à perfection leur sujet, on aurait cependant aimé un peu plus d'audace.