Dans le milieu du death metal, Asphyx fait figure de modèle pour bien des formations. Martin Van Drunen et sa bande nous l'ont d'ailleurs prouvé de la plus belle des manières lors du dernier Hellfest. Et en ce qui concerne le studio, la formation hollandaise nous avait également gâtés il y a quatre ans avec Deathhammer, un grand cru dans la discographie du groupe. Malheureusement, depuis cet opus, le batteur historique du combo Bob Bagchus a quitté Asphyx, remplacé depuis par Stephan Hüskens (Metalucifer).
De quoi changer le son du groupe ? Absolument pas tant ce Incoming Death reste proche en tous points de Deathhammer, à commencer par son artwork résolument old school sans sombrer dans le kitch. Musicalement, on est également en terrain connu et ce dès "Candiru", au riffs directs, agrémentés de la voix de démon de Martin Van Drunen, toujours aussi écorché dans sa façon de hurler. Bien loin des growls caverneux qui ornent les productions actuelle, le géant hollandais propose un chant qui colle parfaitement avec la sauvagerie des compositions d'Incoming Death, rappelant parfois Chris Reifert (Autopsy), un autre grand chanteur dans le style.
Comme à leur habitude, les musiciens d'Asphyx ne s'embarrassent pas du superflu. Pas de soli de guitare (hormis l'outro du dernier titre) qui n'apporteraient rien aux compositions, le quatuor fait parler la poudre à coup de riffs inspirés ("Incoming Death", "It Came From the Skies") et de rythmiques directes et efficaces ("Division Brandebourg", "Forerunners of the Apocalypse"). Aussi à l'aise avec des tempos élevés ("Candiru", "Wildland Fire") que lors de brusques ralentissements doom ("The Grand Denial, "Death : The Only Immortal"), Asphyx a définitivement trouvé son propre son, gras et sale, aux racines du death metal en somme.
On apprécie également la production particulièrement organique de l'album, qui prouve qu'il ne suffit pas de multiplier les couches de guitare en studio pour aboutir à une oeuvre puissante. Avec Asphyx, une guitare, une basse et une batterie suffisent pour donner une irrésistible envie de headbanguer (on notera toutefois la présence d'un piano en outro de "Subterra Incognita" qui conforte l'ambiance malsaine du titre). Il est d'ailleurs appréciable de pouvoir entendre de façon distincte les trois instruments, notamment la basse d'Alwin Zuur qui apporte profondeur et puissance à chaque passage ("The Grand Denial", l'introduction apocalyptique de "Subterra Incognita"). Et si Paul Baayens n'est pas un grand technicien à la guitare, il parvient toujours à trouver le riff juste et le son qui fait mouche. Que demander de plus ?
Comme un clin d'oeil à Deathhammer et à The Rack, le premier opus de la formation, érigé au rang de classique du death, l'album se termine avec un long titre, qui permet de mesurer toute l'étendue du talent des Hollandais. En effet, "Death : The Only Immortal" concentre tous les éléments caractéristiques de l'oeuvre, à savoir des rythmiques doom, des riffs inspirés, une frappe colossale de Hüskens (sur les passages lents, cela est particulièrement flagrant) et surtout la voix de Van Drunen, totalement possédée.
Au final, cet album est une franche réussite et plaira à tous les amateurs du genre, tout en constituant une belle porte ouverte vers l'univers d'Asphyx pour ceux qui souhaitent découvrir ce groupe atypique de la scène death. On pourrait juste regretter une très grande ressemblance entre cet opus et son prédécesseur, preuve que le départ de Bagchus n'a pas foncièrement modifié la dynamique de composition. Avec Incoming Death, Asphyx ne prend pas de risques et fait ce qu'il sait faire de mieux, proposer la fine fleur du death old school et la marier habilement aux sonorités doom. On espère que les Hollandais ne bouderont pas la France et qu'une prochaine tournée permettra d'apprécier les nouveaux titres en live.
Note : 8,5/10
Photos promotionnelles : DR