Ambiance rougeâtre calfeutrée, sanguinolente, sombre et surtout pleine de dérision : ce soir, le Trianon se prête aux couleurs de Rob Zombie et sa clique pour un show horrifique à coup de grosses guitares. Notre dernière entrevue avec le showman au Hellfest 2014 s'était accompagnée d'une certaine déception, une mauvaise date de tournée comme tout le monde peut en avoir. C'est donc avec un nouvel album à défendre que le père Zombie viendra récupérer sa réputation, ou s'enfoncer encore.
Chose peu commune, c'est un DJ qui ouvrira les hostilités. Déguisé selon les thèmes et masqué, notre Monsieur Loyal tentera d'alterner les humeurs, passant du metal typique qui fait mouche à des "tubes" pop destinés à amener un esprit cynique et moqueur. On passe donc de Pantera à Geri Halliwell, tandis que le chauffeur de salle tente tant bien que mal d'amuser la galerie. Mais les amateurs des scènes extrêmes y préfèrent voir se mouvoir des musiciens, et au-delà des acclamations envers certains morceaux appréciés, l'ambiance restera à la discussion et à l'attente de quelque chose de plus croustillant.
Interlude court, lumières qui s'éteignent, cris en folie, et la guitare luminescente de John 5 en guise de repère avant l'explosion de projecteurs. Sur scène, ça bouge, et la pression ne retombera pas. Rob Zombie domine son univers et son public, et se trouve être dans une forme dévastatrice. Ses interventions orales ne se feront pas sans un humour efficace, et sa voix quelquefois fausse ne manquera pas de puissance. On est face à un musicien utilisant énormément d'artifices en studio, il est donc difficile d'y retrouver son compte en live, et c'est pourquoi ce que l'on demande à un concert de Rob Zombie, c'est un son puissant et violent, ce qui sera ce soir à l'appel.
Le set très court ne laissera pas de moments de répit, si ce n'est un "House Of 1000 corpses" aux couplets quasi-hypnotiques, et s'il est regrettable de voir un décor scénique ne mettant pas en avant le nouvel album, les gadgets, essentiellement des baudruches en constant crowd-surfing, contenteront tout le monde. Il y a toujours quelque chose à voir, que ce soit les musiciens en mouvement ininterrompu et au plus près du public, ou le jeu de lumières très rythmique et travaillé. Une reprise de "Blitzkrieg Bop" des Ramones, de "School's Out" du Alice Cooper Band et de "Am I Evil" de Diamond Head suffiront à embarquer les derniers sceptiques. Le groupe a bel et bien décider de tabasser le Trianon ce soir, et les cordes acérées nous démontent les nuques.
Le grand bémol de la soirée restera dans le temps de set, qui dépassera à peine l'heure. Le manque d'implication de John 5 par moments et un manque de parti pris dans le visuel seront également à dénoter, surtout quand on connait le talent de mise en scène du maître de soirée. Cela dit, une chose est sûre : en studio, Rob Zombie a tendance à lasser son auditoire passée la moitié de ses albums. Un set court est donc une excellente initiative pour nous laisser dans un état de transe constant, et ce soir, c'est au son de son metal industriel lourd et nerveux que Rob Zombie a retrouvé une réputation de spectacle efficace et acéré.
Crédit photos : Rodolphe Goupil