A n’en pas douter et à l’image de l’artwork, la composition de The Regal Tribe n’a pas dû être une mince affaire puisque le groupe a été en proie à des dépressions mentales et des maladies mortelles dans leur entourage et notamment la bataille du chanteur Stefan Pettersson contre son cancer de la moelle osseuse. Tout cela a rendu le concept album plus lourd et très sombre, en abordant le temps qui passe et le combat perdu d’avance de la vie contre la mort.
On commence avec « Beneath the Starless Skies » et sa belle intro équilibrée, toute en finesse et en doigtée, dotée de passages planants avant de recevoir une décharge d’adrénaline quand tout s’accélère.
Ce que j’aime aussi sur The Regal Tribe c’est le son de la batterie, toujours bien dosée qui ne surjoue jamais donnant de l’âme aux morceaux. Sur « The One They Call the Usurpress » les riffs stridents réveilleraient les morts de la pochette quant à la voix rugueuse de Stefan Pettersson, elle en impose (il arrive même à proposer une autre approche vocale sur « Across the Dying Plains » en articulant le plus lentement possible rendant les propos encore plus profonds) et donne une sacré e stature au groupe sans oublier les solos accrocheurs, simples et efficaces de Påhl Sundström qui sauront vous faire vibrer. La batterie de Calle Andersson insuffle le sens de la marche comme sur « The Sin That Is Mine » où les lignes deviennent plus classiques alternant mid-tempos, accélérations avec un esprit death old school à la Göteborg.
Nos âmes maudites survolent nos corps en décomposition créant un brouillard de tous nos pêchés. Usurpress sait jouer sur des ambiances différentes tout au long de « The Mortal Tribes » sans même le dénaturer comme certains groupes le font en y ajoutant des riffs emboités les uns aux autres sans véritable logique. Le riff principal sera repris au piano dès l’intro de « The Halls of Extinction » …ça a de l’allure tout de même donnant du relief et un moment de répit.
Ils savent donc passer du death metal comme le riff à la Behemoth de « Behold the Forsaken » du début avant de passer à du brutal death par la suite ou des passages plus sludge planant avec « Throwing the Gift Away » avec la voix traînante avant que ça change en une cavalcade implacable pour revenir à cette douceur ensorceleuse qui saura nous calmer.
Telle une balade à laquelle on ne croit pas un instant car le son de la guitare, gorgée de feeling et plongé dans les medium, nous hypnotise sur « On a Bed of Straw ». Påhl est talentueux n’hésitant pas à sortir des clichés musicaux qu’on a tendance à entendre dans ce style musical.
Et comme dans les Tontons flingueurs « Ah faut reconnaître : c'est du brutal »… mais « … y'a autre chose… », Usurpress clôture par « In the Shadow of the New Gods » … Géant et varié! Et en plus ils osent terminer par ça! Gonflés les gars !
Lionel / Born 666