Katatonia (+ Agent Fresco + Vola) au Trabendo (18-10-2016)

Quelques mois après la sortie de The Fall of Hearts, leur dernier album, et un concert réussi au Hellfest, les Suédois de Katatonia étaient de retour en France. C’est au Trabendo que Jonas Renkse et ses acolytes ont posé leurs valises le temps d’une soirée pour présenter les nouveaux titres de The Fall of Hearts et de balayer leur discographie récente. Pour l’occasion, les Suédois étaient accompagnés de Vola, formation danoise de metal progressif, et de Agent Fresco, groupe Islandais qui monte depuis quelques temps.

Vola

Encore particulièrement peu connu dans nos contrées, Vola monte sur scène pour ouvrir la soirée par trente minutes de metal progressif moderne. Le quatuor délivre une prestation sobre, où les rythmiques metal d’Asger Mygind (chant/guitare) côtoient les nappes de synthétiseur de Martin Werner sur des compositions complexes. D’ailleurs, si le leader propose des parties vocales bien maîtrisées et une voix cristalline, les lignes de chant sont particulièrement difficiles à suivre en raison de leur complexité harmonique.

Les Danois oscillent entre metal progressif, djent et rock atmosphérique, si bien que le public semble rapidement perdu devant la prestation du quatuor, applaudissant de manière plutôt réservée entre les titres. Pour autant, le capital sympathie du groupe est bien présent, surtout lorsque l’on voit le visage du leader, tout sourire pendant la prestation.

On retiendra tout de même des parties de batterie particulièrement intéressante, bien interprétées par un Felix Ewert qui jongle entre puissance et polyrythmie avec une facilité déconcertante, tout en martelant ses cymbales au point d’assourdir les premiers rangs. Face à un public qui n’était pas acquis à leur cause, une salle encore peu remplie et surtout une complexité harmonique et rythmique qui ne facilite pas la découverte, Vola a malgré tout su tirer son épingle du jeu et a proposé une demi-heure de set plutôt bien maîtrisée.


Agent Fresco

En début d’année, les Islandais d’Agent Fresco étaient déjà venus fouler les planches d’une salle parisienne, en ouverture de Coheed & Cambria, montrant une formation intéressante mais qui peinait à trouver son identité musicale. Le constat n’a pas changé près de dix mois plus tard. On observe des parties instrumentales bien amenées et des rythmiques complexes (comme pour Vola) mais les parties de chant de Arnór Dan Arnarson manquent d’accroche pour réellement séduire tout au long d’un set, qu’il s’agisse des passages en voix claire ou bien des hurlements plus violents.

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De plus, on constate également que le melting-pot d’influences mis en avant au sein des compositions du groupe manque de cohérence, avec des passages clairement rock alternatif côtoyant des rythmiques plus enlevées au risque de perdre clairement une partie du public qui ne sait plus sur quel pied danser, malgré tout le talent de Hrafnkell örn Gudjonsson derrière les fûts.
Si le fait de partager l’affiche avec Coheed & Cambria quelques mois plus tôt était totalement légitime vu le style pratiqué par les Américains, la présence d’Agent Fresco en ouverture de Katatonia laisse déjà un peu plus dubitatif tant le groupe peine à convaincre un public qui est venu pour un groupe à l’ambiance bien différente.

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Si la musique proposée par les Islandais possède d’indéniables qualités, à commencer par la section rythmique difficile à prendre en défaut, il semble que le groupe ait fait les frais d’une erreur de casting. Cela n’empêchera pas Agent Fresco de continuer son ascension vers la notoriété au sein de la scène prog, acquise à force d’incessantes tournées.


Katatonia

Si le public est bien plus nombreux devant la scène au moment où Katatonia monte sur les planches, on regrette toutefois que la salle ne soit pas plus pleine étant donnée la qualité du nouvel opus des Suédois. C’est d’ailleurs avec « Last Song before the Fade », un extrait de The Fall of Hearts que Jonas Renkse et ses musiciens démarrent leur set. Le son est bien équilibré, quoi qu’un peu fort et le public peut se rendre compte que Katatonia sonne bien plus puissamment sur scène que sur album.

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Caché derrière sa longue chevelure, le leader est en voix et nous séduit sur chaque titre interprété, passant de murmures plaintifs à des mélodies mélancoliques et envoutantes. Le line-up actuel est stabilisé depuis peu, mais Roger Öjersson semble déjà bien intégré, Anders Nyström lui laissant un terrain d’expression sur certaines parties solo (« Teargas »).

Etrangement, on constate que les parties de claviers sont samplées, ce qui est dommage à l’écoute certains titres où elles sont prépondérantes comme sur « Serein » par exemple. D’autant plus que le travail sur les textures réalisées par le duo Öjersson/Nyström à la guitare est remarquable et aurait mérité d’être complété par des vraies nappes. De même, Daniel Moilanen (batterie) apporte une touche subtile aux compositions de Katatonia, notamment sur les titres issus de The Great Cold Distance.

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On regrette toutefois que le groupe n’ait pas inclus une petite parenthèse acoustique au sein du set, car les titres de Dead End King réarrangés sur Dethroned and Uncrowned sonnent bien mieux dépouillés de leur habillage de distorsion. Malgré cela, les Suédois proposent un set dense et généreux, balayant une large partie de leur discographie, allant même jusqu’à interpréter le rare « Saw You Drown », issu de Discouraged Ones, un album sorti en 1998.

Si les musiciens sont globalement statiques (il faut dire que le style pratiqué ne se prête pas trop aux excentricités scéniques), on sent que tout le monde est impliqué, à commencer par Niklas Sandin (basse) qui s’approche régulièrement des premiers rangs.

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Dans le public, on sent que les spectateurs sont touchés par les mélodies sombres et empreintes de spleen, ce qui n’empêche pas l’auditoire d’applaudir chaleureusement entre les titres, bien plus que lors des deux groupes de première partie (que Renkse salue d’ailleurs). A l’applaudimètre, on sent que ce sont les titres de The Great Cold Distance qui sont le plus appréciés, notamment « Soil’s Song », un petit bijou de noirceur qu’il est toujours bon de redécouvrir.

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La fin du set est l’occasion pour les Suédois de jouer les titres les plus populaires de leur discographie, notamment « Forsaker » et sa rythmique d’intro pachydermique qui précède un couplet subtil. Avec « My Twin » et « July » en guise de rappel, Katatonia met l’accent une fois de plus sur leur opus le plus apprécié, peut-être au détriment de morceaux plus récents. Mais avec une telle setlist, difficile de faire la fine bouche, le quintet a su nous régaler tout au long de ce concert, montrant une fois de plus toute la richesse et la beauté de ses compositions. Contrairement au corbeau qui orne la pochette de leur dernier opus, les Suédois continuent leur envol et sont artistiquement toujours bien vivants.

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Setlist Katatonia

Last Song Before the Fade
Deliberation
Serein
Dead Letters
Day and Then the Shade
Teargas
Criminals
Saw You Drown
Evidence
Soil’s Song
Old Heart Falls
For My Demons
Leaders
In the White
Forsaker

My Twin
Lethean
July

Merci à Fred Chouesne et Garmonbozia
Photographies : © Marjorie Coulin 2016
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe



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