Trois ans après leur dernier opus, The Paradigm Shift, marquant le retour de Head au sein du combo natif de Bakersfield, Korn est de retour parmi nous en ce 21 octobre avec son 12ème album studio, The Serenity of Suffering. Comme le précédent, celui-ci marque le rétropédalage du groupe revenant au son originel qui l'a fait connaître aux yeux du monde et propulsé sur le devant de la scène neo-métal, qu'il occupe depuis maintenant un peu moins d'un quart de siècle.
La chose la plus probante concernant cette volonté du groupe de revenir à son style neo-métal d'origine (genre musical dont Korn est à l'origine au même titre que Deftones, Limp Bizkit et par la suite Linkin Park, entre autres) se trouve au sein de l'artwork de ce dernier opus, savant melting-pot de références aux précédents albums de la longue histoire du combo californien. En effet, commençons par la fillette, référence claire et nette à celles présentes sur Follow the Leader (1998), Korn (1994) ou même récement Korn III: Remember Who You Are (2010). Au même titre que la peluche tenue par cette dernière, nous pouvons aisément faire un parallèle avec celle du mythique Issues (1999), vénéré par toute une génération de neo métalleux. Enfin, le personnage en pâte à modeler du clip animé de la chanson "A Different World" ressemble étrangement par son faciès, sa pâleur macabre et ses yeux d'albinos à l'enfant représenté sur la pochette de See You On The Other Side (2005). Tous ces précédents albums étant des pièces maîtresses de la discographie de Korn.
Revenons sur "A Different World", la seule chanson de l'album étant en featuring. Et pas n'importe quel featuring, rien de moins que Corey Taylor, le frontman de Slipknot et Stone Sour. Que se passe-t-il quand deux monuments du nü se rencontrent ? Un des titres marquants de cet album, où le chant clair et limpide de Jonathan contraste parfaitement avec l'unclear connu et reconnu de Corey, le tout sur des salves de riffs agressifs et puissants de Head et Munky retrouvant leurs bons vieux automatismes d'antan ; plus que lors de The Paradigm Shift. Ce titre est aussi le point d'orgue de la fraternité qui lie les deux combos américains, collaboration et rapprochement ayant débuté sur The Prepare For Hell Tour de Slipknot où Korn figurait comme première partie des hommes masqués.
"A Different World" fait partie du lot de chansons de The Serenity Of Suffering ayant été sélectionnées pour l'opération marketing de l'album. En effet au même titre que "Rotting In Vain" le 22 juillet," Insane" le 22 août, "Take Me" le 12 octobre, "A Different World" a bénéficié, le 5 octobre, d'une diffusion en avant-première de la sortie définitive de la galette par l'intermédiaire d'un clip vidéo. Dans la pure tradition de Korn, ces quatre clips vidéo sont bel et bien fidèles à l'univers glauque et sombre collant au basques du quintet. Dernier fait marquant en date, la mise à disposition de la totalité de l'album en écoute sur kornchannel, la chaine YouTube du groupe suivie par un peu plus de 263000 abonnés. Chacun des titre de The Serenity Of Suffering se déclinant sous la forme d'une carte de tarot dont le numéro de celle-ci correspond à la position de la chanson sur le disque.
Alors que donne musicalement parlant ce nouvel effort de Korn? Tout simplement un bon gros son neo des années 90 comme on les aime. "Insane" et "Rotting In Vain", introduisant de la plus belle des manières l'album, sauront contenter les fans de la première heure du combo. Les riffs saturés des guitares de Head et Munky sont mis en valeur par la profondeur et la puissance du jeu de basse de Fiedy, qui prouve à tous qu'il est - et restera - l'un des bassistes les plus talentueux sur le marché.
Les salves de riffs lourds et agressifs accompagnés par le rythme groovy de la batterie de Ray sont monnaie courante sur tous les titres, "Black Is The Soul", "The Hating", "Everything Falls Apart", "Die Yet Another Night", "When You're Not There"," Please Come For Me" et "Baby" en fer de lance. Et ce ne sont pas les cuts et scratches de C-Minus sur "Insane", "A Different World", "Next In Line" et "Calling Me Too Soon", ainsi que le clavier utilisé sur "Take Me" par Zac Baird, qui discréditeront ce The Serenity Of Suffering - contrairement à The Path of Totality, où ce genre d'expérimentation musicale avait été bien malheureux. "Baby" et "Calling Me Too Soon", ayant le rôle de chanson bonus malgré leurs qualités techniques et mélodiques, prouvent à quel point le talent de Korn est encore et toujours d'actualité.
Pas de grosse révolution dans ce dernier opus. Korn semble tomber dans la facilité mais ce son qui les caractérise depuis toutes ces années de bons et loyaux services est toujours aussi efficace. La grosse performance vocale de Jonathan saura comme à son habitude nous ballotter entre diverses émotions, passant de la violence et la puissance à la douceur et la mélancolie, le tout avec une extrême justesse. The Serenity Of Suffering est pour l'instant le meilleur album de Korn depuis bien longtemps. En espérant que les albums à venir sauront le détrôner pour le bonheur de tous.
Tracklist :
01 - Insane (3:50)
02 - Rotting In Vain (3:33)
03 - Black Is The Soul (4:01)
04 - The Hating (4:23)
05 - A Different World (feat Corey Taylor) (3:21)
06 - Take Me (3:00)
07 - Everything Falls Apart (4:17)
08 - Die Yet Another Night (4:29)
09 - When You're Not There (3:25)
10 - Next In The Line (3:28)
11 - Please Come For Me (2:53)
12 - Baby (4:56)
13 - Calling Me Too Soon (3:23)
Line up :
Jonathan Davis: Chant
James "Munky" Shaffer: Guitare
Brian "Head" Welch: Guitare
Reginald "Fiedy" Arvizu: Basse
Ray Luzier: Batterie