Architects (+ Stick To Your Guns – Bury Tomorrow) au Cabaret Sauvage, Paris (15.10.2016)


Avec un album de la qualité d’All Our Gods Have Abandoned Us, l’annonce de la tournée d’Architects en support de cet album fit monter la pression chez les fans. Puis quand quelques semaines plus tard Bury Tommorow et Stick To Your Guns furent annoncés comme invités spéciaux, la joie était à son paroxysme. Et puis le 20 août arriva et tout se chamboula. Retour sur une soirée partagée entre moshparts, breakdowns et hommages poignants.

Contrairement à la ligne éditoriale que nous nous efforçons de garder sur La Grosse Radio Metal, et qui consiste à limiter au maximum la présence du « je » dans nos articles, celui-ci ne suivra pas les règles. Pour vous parler et vous raconter cette soirée et ce concert, je vais parler de mes émotions et de mon ressenti en plus des éléments factuels. A concert extraordinaire, petits entorses ordinaires au règlement.

Pour un mois d’octobre, le temps est plus que clément en ce samedi, et les rayons de soleil illuminent le Parc de la Villette et le Cabaret Sauvage qui sera le théâtre du concert de ce soir. Peu de salles de concerts peuvent se targuer d’être situées dans une localisation aussi propice à la relaxation et aux promenades. Au cours de l’après-midi on verra donc Daniel Winter-Bates (chant - Bury Tomorrow) ou encore Josh James (guitare – Stick To Your Guns) sortir de la salle et aller marcher dans les allées de la Villette. Pour le public présent depuis le début de l’après-midi, l’attente se fait dans la bonne humeur et passe relativement rapidement d’autant, plus que les portes ouvrent très tôt pour permettre à la soirée de commencer à une heure assez inhabituelle pour le lieu.

 

BURY TOMORROW


Lors de cette tournée européenne continentale, c’est Bury Tomorrow qui ouvre les hostilités alors que pour la partie anglaise de la tournée ce sera Stick To Your Guns qui montera en premier sur scène. Daniel Winter-Bates (chant) et sa bande prennent place sur la scène et d’emblée le public est chaud, prêt à en découdre. Nous avons vu dernièrement le groupe au Hellfest le samedi lors de la célèbre demi-journée consacré au metalcore sur la Mainstage 2 et c’est peu dire que le quintet nous avait fait forte impression. Autant sur album, la musique du combo anglais ne m’accroche absolument pas l’oreille par son côté très générique et surproduit (la malédiction Nuclear Blast malheureusement) autant c’est tout autre chose sur scène.
 


Porté par un son massif et des musiciens qui investissent aussi bien les scènes immenses que les plus petites, Bury Tomorrow arrive à se mettre tout le monde dans la poche. Kristan Dawnson (guitare) se permet de nous envoyer des parties solistes assez inattendues pour un groupe de metalcore tout en hurlant les paroles des chansons. A son image, chaque membre du groupe est habité et passionné sur scène, et transmet cette passion au public parisien.

Par rapport à la prestation du Hellfest, la setlist n’est pas une grande surprise puisque les Anglais mettent fortement en avant le petit dernier de la fratrie Earthbound avec quatre des six titres joués ce soir. Mais au final qu’importe puisque la force de Bury Tommorow se trouve dans cette capacité à faire sauter une foule qui ne connaît pas ou n’aime pas plus que cela les morceaux studios du groupe. C’est aussi là qu’on reconnaît un groupe européen par rapport à un groupe américain dans cette partie de la scène, Daniel Winter-Bates est un véritable frontman au sens noble du terme. Un frontman qui va vers son public pour délivrer son message très simple « fuck VIPs, fuck meet-and-greets, let’s meet at the merch table after the show ». Monsieur Winter-Bates rien que pour ces mots, vous avez notre respect éternel.

Setlist :
Man on Fire
Memories
Lionheart
Cemetery
Last Light
Earthbound


STICK TO YOUR GUNS


Est-ce qu’il existe à l’heure actuelle dans la sphère alternative un groupe aussi engagé que Stick To Your Guns ? Ne cherchez pas une réponse car elle n’existe pas et ce n’est pas le tout nouvel EP, Better Ash Than Dust, qui va changer la donne parce que Jesse Barnett et Stick To Your Guns ont des choses  à dire et ils veulent que vous les entendiez.

Kit de batterie au couleur du nouvel EP, George Schmitz s’installe derrière ses fûts rejoint rapidement par Andrew Rose (basse), Josh James et Chris Rawson (guitare). On rentre tout de suite dans le vif du sujet avec comme entrée, la bombe qu’est "Nobody". Un rapide coup d’œil circulaire nous confirme que la salle s’est bien remplie et que l’on doit s’approcher peu ou prou du sold-out. C’est déjà la bagarre dans la fosse que ce soit tout devant où le public est comprimé mais aussi à l’arrière où les fans de two-steps et autres danses typiques du hardcore s’y adonnent à cœur joie.
 


Après l’annonce de la signature chez Pure Noise Records, le meilleur choix possible pour les  deux parties en passant, Stick To Your Guns nous offrait la surprise d’une nouvelle sortie sous la forme d’un EP de cinq titres. Ce soir le groupe nous en offrira deux avec notamment "Universal Language" et son message incroyablement parlant pour toute personne de ce monde, que l’on vive en Amérique du Nord comme le combo ou en Europe. Un peu plus tard durant la prestation, ce sera "The Never Ending Story" et son breakdown massif qui viendront chatouiller avec impudeur nos cages à miel.

Comme à son habitude, Jesse Barnett parle beaucoup entre les morceaux que ce soit pour s’adresser au public sur un sujet particulier ou tout simplement pour dédicacer le morceau suivant. Habitant maintenant à Montréal, le frontman dédicacera notamment un morceau à toute la ville se battant au quotidien contre Denis Coderre, le maire en fonction.
 


Hormis Better Ash Than Dust, ce sont les deux derniers opus en date, Diamond et Disobedient, qui ont les faveurs de la setlist ce soir. Entre les brûlots que sont "Empty Heads", "Such Pain" ou "What Choice Did You Gave Us?", le public ne bénéficie d’aucun répit et ce sont les slammers qui s’en donnent à cœur joie au grand désarroi d’une sécurité encore aux abois. Il faut qu’un accident grave arrive dans une salle parisienne pour que la sécurité soit briefée avant un concert de hardcore ou le slam est LA base ? Ou tout simplement pour que les agents de sécurité ne soient pas des abrutis qui menacent de mettre à la porte une personne qui ose slammer une deuxième fois ?

Juste après nous avoir asséné un "The NeverEnding Story" qui s’annonce déjà comme un futur classique des setlists, STYG nous propose un petit voyage six ans en arrière avec "Amber" issu de The Hope Division. Après dix titres, il est temps pour le combo nord-américain de quitter la scène et de laisse la place aux héros de la soirée mais avant cela il reste le tube "Against Them All" qui aura vu le Cabaret Sauvage se soulever de la barrière jusqu’au bar. Un moment magique pour lequel on ne cessera jamais de s’émerveiller.

Setlist :
Nobody
Universal Language
Empty Heads
Bringing You Down
Such Pain
What Choice Did You Give Us?
We Still Believe
Nothing You Can Do to Me
The NeverEnding Story
Amber
Against Them All

 


ARCHITECTS


Dès la fin du set de Stick To Your Guns et alors qu’une partie de la salle se dirige vers le bar ou sort prendre l’air, on sent que la tension est palpable à l’intérieur du Cabaret Sauvage. Première date de la tournée All Our Gods Have Abandoned Us en tant que tête d’affiche (rappelons qu’Architects a joué quelques concerts en septembre en Australie avec Bring Me The Horizon), cette soirée s’annonce à la fois comme une célébration autour d’un groupe extraordinaire sur scène et d’un album magistral et en même une soirée de recueillement et d’hommage à Tom Searle. La question n’est pas de savoir si les musiciens d’Architects ou le public présent seront submergés par les émotions mais plutôt combien de fois ? Comment Dan Searle va réussir à tenir sur scène à jouer des morceaux composés avec son frère jumeau ? Toutes ces questions nous taraudent, me taraudent juste avant que les lumières du Cabaret Sauvage ne s’éteignent.
 


Les applaudissements du public à l’entrée des cinq musiciens sur scène donnent déjà la chair de poule. Visage grave et fermé, chacun prend sa place avant que ne débarque Sam Carter qui bénéficie d’une plateforme qu’il utilise d’entrée pour lancer le concert. “We are beggars, we are so fucking weak”, c’est donc comme sur l’album avec "Nihilist" que tout commence. Déjà très compacte, la fosse devient vite irrespirable tant tout le monde semble vouloir être le plus près possible de la scène afin d’éructer les paroles de ce brûlot avec le frontman. Dans le fond de la fosse, c’est déjà du grand n’importe quoi. Le public parisien semble comme possédé et il suffit de s’arrêter quelques instants sur les visages pour mieux comprendre. On y voit des groupes d’amis sauter en communion le poing levé, d’autres créer un cercle propice aux mosheurs ou encore certains fermer les yeux quelques instants avec la main sur le cœur comme pour se donner de la force et du courage. Paris est beau ce soir, Paris a pris la mesure de l’évènement et Paris va se montrer plus qu’à la hauteur.

Le groupe nous fait la surprise d’avoir emmené avec eux sur la tournée quatre propulseurs de fumée mis en place sur le devant de la scène qui donnent un côté encore plus impressionnant à la prestation dans le cadre du Cabaret Sauvage. Espérons qu’avec le temps – si le groupe s’offre plus de temps sous le nom Architects – on puisse avoir une production scénique encore plus fouillée à l’instar de ce que nous offre Parkway Drive dernièrement.
 


Comme sur "Nihilist", Sam Carter tendra à de nombreuses reprises son micro vers le public afin de laisser les fans chanter avec lui que ce soit sur "These Colours Don’t Run" ("you had it all, you fucking pigs!"), "Broken Cross" ("God only knows why we were born to burn"), "Downfall" ("They want all for one and none for all. I want to be there to witness the downfall”) et bien d’autres.

Quand on observe les trois musiciens présents sur le devant de la scène, on s’aperçoit que les visages restent principalement fermés tout au long du show. Josh Middleton (guitare/chœurs) reste à sa place mais amène tout son talent et son professionnalisme scénique à la machine Architects. Rappelons pour ceux qui ne le savent pas que ce dernier est le frontman du groupe anglais Sylosis qui s’est mis en hiatus pour permettre à son leader de partir avec le combo de Brighton, chapeau bas. Caché derrière son kit de batterie, il nous est difficile d’avoir une vue dégagée vers Dan Searle mais on peut avoir une idée de ce qui se passe dans la tête du leader pendant les soixante-quinze minutes que durent le concert.

Même si Architects focalise sa setlist sur ses deux derniers opus, les Anglais nous font la surprise d’inclure deux vieux titres avec "Early Grave" et un petit bout de "Follow The Water" issus de Hollow Crown. Considéré par beaucoup de fans de la première heure comme le meilleur album du combo, c’est un grand plaisir de voir cet album représenté sur la tournée. Au fil des années, Sam Carter n’a rien perdu de sa superbe vocalement et il nous le prouve sur un "Early Grave" éprouvant pour sa voix. Insufflant rage et émotion sur son chant clair comme son chant crié, le frontman est éblouissant.
 


All Our Gods Have Abandoned Us étant dans la lignée de Lost Forever // Lost Together, il ne faisait aucun doute que chacun des titres passerait haut la main l’épreuve du live. D’ailleurs, rien à redire sur la setlist qui nous amène le meilleur des deux derniers albums ainsi que le classique "These Colours Don’t Run" de Daybreaker même si on pourra pinailler devant l’absence d’un "Alpha/Omega" de ce dernier par exemple. Architects est ultra fier de ses deux sorties depuis son arrivé chez Epitaph Records et on ne peut pas leur en vouloir d’autant plus que la nouvelle dimension politique via les paroles de Sam Carter et l’engagement du groupe tout entier autour de Sea Sheperd a mis le groupe dans une toute nouvelle catégorie.

D’ailleurs en parlant de Sea Sheperd, le groupe a encore une fois invité chaque antenne de chaque pays à avoir un stand pour vendre des tee-shirts et promouvoir son action. On ne peut que féliciter cette action et on espère qu’en ayant une partie de la scène musicale au courant, le message continue de passer et de toucher de plus en plus de personnes.
 


Alors que Sam Carter annonce que la soirée touche à sa fin avec le prochain morceau, "Naysayer", je me dis que finalement ce ne fut pas si terrible que ça, que le groupe a réussi à tenir tout du long tout comme le public, que tout le monde a été fort comme pour montrer à Tom Searle que la vie continue et que l’on communie avec lui dans la joie. Mais tout cela c’est avant que "Gone With The Wind" fasse son apparition ou plutôt le speech de Sam Carter. A l’origine avec un ami d’un petit projet pour rendre hommage au guitariste, nous avons distribué avec d’autres personnes des feuilles avec la simple inscription « Architects Family » en disant aux gens de lever la feuille pour "Gone With The Wind".

Pendant son discours sur la difficulté mais aussi l’importance de réaliser cette tournée, il est difficile de ne pas voir que les yeux de Sam Carter sont rouges et que les larmes coulent. Il parle avec pudeur de son compère musicien, de son compagnon de route et de son ami et dans le public certains craquent – dont votre serviteur – alors on se rapproche de la personne à côté de soi et on se prend la main pour surmonter les larmes qui montent. C’est la première fois de ma vie que j’assiste au concert d’un groupe aussi peu de temps après le décès d’un de ses membres et c’est dur, très dur. A l’époque du décès de The Rev (ex-batteur et leader d’Avenged Sevenfold), j’avais trouvé le groupe totalement off sur la tournée de Nightmare et j’avais peur de retrouver cela avec Architects. Que nenni, le quintet nous aura proposé une prestation incroyable de justesse et de puissance grâce à des tubes imparables, tout simplement.

Tom Searle, nous pensons à toi et nous espérons que tu es fier de ce que réalise ton groupe.

Setlist :
Nihilist
Deathwish
These Colours Don't Run
Dead Man Talking
Early Grave
Phantom Fear
The Devil Is Near
Broken Cross
Downfall
Gravedigger
Colony Collapse
Red Hypergiant/Follow the Water
Gravity
Naysayer
Encore:
A Match Made in Heaven
Gone With the Wind



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