"Les Berceuses d'Yggdrasil"
Comme à leur habitude, les islandais de Skálmöld débutent leur dernier opus par des riffs saccadés et rapides, histoire de bien montrer qu’ils sont bien présents et décidés. Ici pas d’intro longue et atmosphérique, on rentre dans le vif du sujet imméditament.
Malgré cela, on reconnait immédiatement la patte experte et raffinée du groupe. Le morceau d’ouverture, « Muspell » abuse de plage de synthétiseurs, alterne différents chants, s’envole dans les airs, intègre des chœurs épiques. Bref, ça s’annonce très bien !
L’une des caractéristiques du chant de Björgvin Sigurðsson, est qu’il se fait souvent sur une mélodie au rythme saccadé, avec en arrière-plan, de bons vieux riffs qui alternent avec des passages en voix claires. « Niflheimur » est presque une leçon de style dans ce domaine. Et il me semble d'ailleurs bien difficile de résister à l’envie de secouer en rythme sur ce titre !
Ca y est, on est déjà dans le trip de Vögguvísur Yggdrasils. D’ailleurs, l’humour est présent dans le titre de l’album, puisqu’il signifie en français « les berceuses d’Yggdrasil ».
En ce qui concerne les berceuses, c’est exactement le genre que j’apprécie. Surtout quand elles sont comme "Vanaheimur", le titre de clôture, qui vous souhaite une bonne nuit, mais certainement un peu agitée !
Le côté folk metal transparait par endroit, bien que le groupe évolue en fait plutôt dans un style assez inclassable d’un metal souvent joyeux mais beaucoup plus structuré et complexe que les groupes faisant vraiment partie de cette catégorie comme Korpiklaani, Alestorm et autres Finntroll pour ne citer qu’eux. En fait, c’est sans doute plus l’aspect bon enfant qui associe injustement Skálmöld à ce genre, il n’y a qu’à écouter « Midgardur » pour s’en convaincre.
Si je devais schématiser ce CD, je dirais qu’il y a une alternance entre des morceaux à tendance heavy, bien saccadés, propice à secouer la tête, et des titres plus légers. Dans tous les cas, les chœurs et les envolées de guitares sont omniprésentes.
(Skálmöld à la Nox Inferna - 14.05.2016)
Les détracteurs du groupe pourraient justement leur reprocher cette binarité, avec une certaine impression de répétition qu’on ne peut nier. Mais cependant, une écoute plus attentive permet de distinguer beaucoup de passages complexes, qui tirent parfois vers le progressif, mais vers un progressif virulent pourrait-on dire. De plus, la particularité que tous les membres du groupe sont capables de chanter fort correctement, donne une petite touche originale aux chœurs. En fait, Skálmöld dispose indubitablement d’un style qui leur est propre, et pour moi, c’est déjà en soi un signe de qualité dans un univers musical qui ne cesse de se plagier les uns les autres.
Vögguvísur Yggdrasils est sans aucun doute une réussite, peut-être même davantage que le précédent Með vættum.
Noter cet album est assez difficile, car l’originalité de leur musique peut en repousser certains pendant que d’autres adoreront. Je fais plutôt parti des adeptes inconditionnels du groupe, mais de manière objective, on ne peut nier la grande qualité musicale de ces « berceuses » ! Dans tous les cas, cet album mérite d’être écouté attentivement…
« Vögguvísur Yggdrasils » - sorti le 30 septembre 2016 (Napalm Records).
TRACKLIST:
1. Múspell (5 :34)
2. Niflheimur (5 :15)
3. Niðavellir (4 :49)
4. Miðgarður (4 :47)
5. Útgarður (4 :39)
6. Álfheimur (6 :51)
7. Ásgarður (5 :57)
8. Helheimur (3 :07)
9. Vanaheimur (9 :04)
Bonus :
10. Drink (Alestorm Cover)
11. Inní mér syngur vitleysingur (Sigur Ros Cover)
12. Nattfödd (Finntroll Cover)
13. Lazer Eyes (Thor Cover)
14. Helreið afa
15. Upprisa (Live)
16. Hefnd (Live)
17. Dauði (Live)
Remarque: cette chronique a été rédigée à partir de la version presse qui ne contient pas les morceaux bonus.
Thomas Orlanth
