Le Bal de Enragés, c’est un peu les Enfoirés du metal : des figures majeures de la scène française en veux-tu en voilà, des hits punk et metal à n’en plus finir, de la déconne, de la bonne humeur… Si nombreux étaient les fans qui se pressaient à Bercy ce soir, c’est bien à l’Alhambra qu’il fallait être, pour une soirée riche en couleurs et surtout fidèle à l’esprit du rock’n’roll. D’autant plus que le collectif assurait là ses dernières dates avant un hiatus qui se prolongera au moins jusqu’à 2019 ! Suivez le guide !
Pas de première partie, et un départ en trombe : la bande des Enragés n’est pas là pour tricoter, comme le prouve le set de plus de trois heures proposé ce soir. Comme d’habitude, c’est "If The Kids Are United" de Sham 69 qui ouvre et clôt la soirée. L’ouverture se fait en fanfare, avec pas moins de 17 artistes sur scène, dont deux batteurs : chapeau à la régie pour avoir géré aussi bien un tel effectif sans anicroche !
Désireux de garde la tension à son maximum du début à la fin du set, les Enragés alternent entre titres punks irrésistibles et classiques du metal pour galvaniser la foule. Pour preuve, le début de la soirée qui navigue entre les Dead Kennedys, Nirvana ("Smells Like Teen Spirit" par Stéphane Buriez, quel pied !), Metallica ("Enter Sandman")… sans oublier Rage Against The Machine, dont le "Killing In The Name" transforme chaque membre de l’assistance en un ado attardé et survolté en un clin d’œil. Un régal pour les oreilles, pour les sens ! Un peu moins pour les cervicales, qui accusent le poids des années !
La température monte progressivement – et littéralement – dans les murs de l’Alhambra, et le public ne semble pas prêt à lever le pied. Après qu’un Pape factice ait distribué hosties et fausse coke aux premiers rangs sur "Bop Papa Labidoup" des Collabos, c’est l’heure du premier wall of death. Quoi de plus décalé pour celui-ci qu’un titre des Sheriff ? Rien, et c’est bien pour ça que les Enragés le provoquent ! Reuno de Lofofora le note sans détour, tout le monde dans la salle commence à "avoir le slip qui colle" !
S’ensuit une petite session rétro, avec tour à tour l’inégalable "Kick Out The Jams" du MC5, ou encore "Blitzkrieg Pop". Les Ramones sont d’ailleurs plusieurs fois mis à l’honneur, dont une fois indirectement par le titre "R.A.M.O.N.E.S." de Motörhead. De l’énergie brute et de la transpiration comme peu de groupes savent nous en proposer aujourd’hui ! Et surtout un travail très carré et pro, dont les légers accrocs ne font qu’ajouter à l’authenticité du spectacle : les regards complices entre les différents musiciens en disent long sur le pied qu’ils prennent à animer cette soirée entre copains.
Les animations se succèdent sur scène au gré des morceaux, à coup de meuleuses et d’étincelles ici, de déguisements et de masques SM là, ou encore de danseuse jouant avec des flammes sur "Fire" de Jimi Hendrix, rien que ça ! Mais le summum de la rigolade est atteint quand un faux VRP se présente sur scène en fustigeant les punks et propose d’entonner un vrai morceau de rock. Le "Allumer le Feu" qu’il propose est loin de faire l’unanimité, et le groupe a vite fait de chasser le Johnny de scène pour embrayer sur un titre plus pêchu et raccord.
L’émotion est aussi palpable lorsque les joyeux lurons entonnent "Les Copains" en hommage à Schultz, leur camarade disparu de Parabellum : l’esprit de famille est véritable, et toute la salle se sent happée dans ce monde d’amitiés, de bières et de rigolades. Après quelques détours par Noir Désir ("Tostaky") ou encore Rose Tattoo ("Nice Boys"), c’est déjà l’heure de clôturer le set principal par un saignant "Raining Blood" et l’excellent "Refuse/Resist" de Sepultura, ou les percussionnistes se donneront à fond sur les bidons placés au centre de la scène.
Le rappel est ensuite à l’image de la soirée : conséquent, direct et jouissif ! De David Bowie à Trust, le grand écart passe tout seul, et ce n’est pas les cascades réalisées par les guitaristes sur le medley 100% AC/DC qui nous feront dire le contraire. Egalement, on se remue au son d’une reprise survitaminée de "Ace Of Spades" en l’honneur du regretté Lemmy, avant de découvrir avec joie la "première composition originale du Bal des Enragés" : un court zouk intitulé "Bibi", en l’honneur de l’ingé lumières du groupe dont c’est le surnom, et qui apprécie la plaisanterie !
Ces grands écarts musicaux résument parfaitement le collectif et la soirée qu’ils ont offerte à Paris ce soir : des influences larges, aucune prise de tête, du fun en barre, et de l’authenticité par palettes de 12. Revenez-nous en 2019 les Enragés, vous allez nous manquer !
Setlist :
1. If the Kids Are United (Sham 69)
2. Are You Gonna Be My Girl (Jet)
3. California Über Alles (Dead Kennedys)
4. Nazi Punks Fuck Off (Dead Kennedys)
5. Smells Like Teen Spirit (Nirvana)
6. Réveille le Punk qui est en toi (Svinkels)
7. Bop pap Labidoup (Les Collabos)
8. Jouer avec le feu (Les Sheriff)
9. Killing in the Name (Rage Against the Machine)
10. The Beautiful People (Marilyn Manson)
11. Enter Sandman (Metallica)
12. Sabotage (Beastie Boys)
13. Hate to Say I Told You So (The Hives)
14. New Noise (Refused)
15. Viking Death March (Billy Talent)
16. Kick Out the Jams (MC5)
17. Rockaway Beach (Ramones)
18. Blitzkrieg Bop (Ramones)
19. I Against I (Bad Brains)
20. I Am a Revenant (The Distillers)
21. R.A.M.O.N.E.S. (Motörhead)
22. Destroy Everything (Hatebreed)
23. God Save the Queen (Sex Pistols)
24. Fier de ne rien faire (Les Olivensteins)
25. Song 2 (Blur)
26. Rock and Roll (Led Zeppelin)
27. I Wanna Be Your Dog (The Stooges)
28. Golden Brown (The Stranglers)
29. Cayenne (Parabellum)
30. A Bas la Hierarchie (Stupeflip)
31. Tostaky (le continent) (Noir Désir)
32. Waiting Room (Fugazi)
33. La Bière (Les Garçons Bouchers)
34. Fire (The Jimi Hendrix Experience)
35. Nice Boys (Rose Tattoo)
36. Sick Boy (GBH)
37. Wake the Dead (Comeback Kid)
38. Raining Blood (Slayer)
39. Refuse/Resist (Sepultura)
Rappel :
40. "Heroes" (David Bowie)
41. Whole Lotta Rosie / T.N.T. / Let There Be Rock (AC/DC)
42. Ace of Spades (Motörhead)
43. Antisocial (Trust)
44. Bibi
45. Vive le feu (Béruriers Noirs)
46. If the Kids Are United (Sham 69)
Photos : © 2016 Olivier Gestin / INTO Ze PiT Photographe
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