Ne Obliviscaris (+ Brymir & Oddland) à  Helsinki (12.10.2016)

C’est à Helsinki, en plein milieu de sa tournée avec Enslaved que les Australiens de Ne Obliviscaris ont décidé de s’offrir une date en tête d’affiche. L’occasion d'assister enfin à un set de 90 minutes du combo et de découvrir la charmante salle du Nosturi, située au bord de la mer à proximité du port de commerce de la ville.

Lorsque l’on rentre dans la salle, une barrière sépare le pit de l’extérieur et il faut montrer patte blanche pour pouvoir y rentrer : interdit aux moins de 18 ans ! Ceux qui n’ont pas la chance d’être assez vieux doivent regarder le concert de façon excentrée depuis la gauche de la scène ce qui est quand même assez curieux, sachant que ce n’est pas pour Ne Obliviscaris que le moshpit va s’enflammer.

Oddland

Tout le monde n’a pas encore pu rentrer dans la salle lorsque les locaux d’Oddland démarrent leur set. Trente minutes pour s’exprimer c’est peu, surtout lorsqu’on joue du prog mais le quatuor ne se laisse pas démonter et balance ses riffs presque djent devant un public qui écoute poliment.

Oddland, Helsinki, Nosturi, 2016

Prog oblige, les musiciens sont tous doués en particulier le guitariste Jussi et le bassiste Joni, lequel nous gratifiera à plusieurs reprises d’un slap très efficace. Dans l’ensemble, le groupe joue sur une alternance entre rock progressif et metal, qui amène certains passages à être très calmes, parfois trop. Il faut l’admettre, l’ensemble manque un peu de folie malgré la variété des compositions et le guitariste/chanteur Sakari Ojanen semble avoir du mal à assurer le double rôle.

Oddland, 2016, helsinki, nosturi

Il est appréciable de noter le grand respect du public : on n’entend pas une mouche voler même pendant les parties plus calmes de balade folk. Et quand les riffs tombent, ils tombent de façon efficace, comme sur l’outro de « Skylines ». Le combo n’est pas loin de rappeler les Australiens de Caligula’s Horse au niveau des mélodies de guitare, avec un chant plus proche de celui de Jonas Renkse de Katatonia.

Les samples de clavier accompagnant parfois les intros sont aussi de bonne facture, le tout enrobé d’un son clair qui laisse entendre tous les instruments. Après trente minutes et devant un public qui a fini par pouvoir rentrer dans la salle, le quatuor tire humblement sa révérence.

Oddland, 2016, nosturi, helsinki

Pourquoi pas à l’avenir recruter un cinquième membre pour laisser Sakari se concentrer sur le chant ? C’est ce qui permettrait au show d’Oddland de libérer davantage d’énergie. En tous les cas, cette ouverture de soirée était loin d’être mauvaise et ce n’est pas la suite qui fera descendre le niveau.


Brymir

Les bannières postées des deux côtés de la scène laissent peu de doute sur le style du groupe qui arrive par la suite : du death metal aux sonorités pagan et viking de toute subtilité ! C’est effectivement ce que les Finlandais de Brymir vont nous donner, le tout tranchant clairement avec le style de la tête d’affiche du jour.

brymir, helsinki, nosturi, 2016

Dans le style, force est de constater que le groupe n’invente rien et la musique est fortement inspirée des ténors du genre que sont Ensiferum ou Amon Amarth, en un peu plus brutal cependant. Le chant de Viktor Gullichsen fait plutôt penser à celui de Tuomas Saukkonen de Wolfheart et les chœurs sympathiques qui accompagnent les refrains ajoutent encore au côté épique des compositions. A la batterie, ça blaste sévèrement sans aucune subtilité pour des rythmiques qui ont vite fait de faire remuer les quelques têtes réceptives.

Brymir, helsinki, nosturi, 2016

Ce qui impressionne le plus, c’est l’efficacité de l’interprétation des cinq musiciens, tous de véritables bêtes de scène. La débauche d’énergie est impressionnante et pas une seule fausse note ne viendra ternir la prestation. Le public est mis à contribution et s’engage davantage que pour Oddland, mais le style tranche un peu trop avec Ne Obliviscaris pour réellement convaincre la majorité. La maigre tentative de moshpit se soldera par un échec mais cela n’arrête pas les musiciens souriant en permanence et blaguant avec le public, jusqu’à souhaiter l’anniversaire d’un de leur fans les plus dévoué.

Ce qui manque clairement dans cette musique à l’aspect très symphonique, c’est la présence d’un clavier sur scène pour assurer les parties samplées. Sur « Thus I Became Kronos », cette absence se fait ressentir et c’est bien dommage. Pourtant Brymir est censé disposer d’un claviériste dans son line-up, qui n’a peut-être pas pu participer à ce show ci.

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Au bout d’une nouvelle demi-heure, Brymir s’en va un peu sans prévenir. Une belle découverte d’un groupe qui n’a strictement rien à envier aux poids lourds du genre sur scène, tant le charisme des membres transpire dans leur attitude. Seule les compositions et les riffs paraissent parfois trop clichés et pas assez originaux mais devant une foule acquise à sa cause, Brymir doit sans conteste faire des ravages.


Ne Obliviscaris

C’est maintenant l’heure de l’attraction principale de la soirée. Faire venir Ne Obliviscaris en tête d’affiche était un véritable pari pour l’organisateur qui semble l’avoir gagné : la foule s’est déplacée en nombre avec presque 400 personnes ce soir ! Chiffre inespéré pour un groupe ne tournant en Europe que depuis deux ans et preuve que la musique des Australiens peut attirer les foules malgré sa complexité. La salle est donc bien remplie lorsque les musiciens montent sur scène et que Tim Charles annonce « Devour Me, Colossus ».

C’est peut-être avec un des moins bons titres de sa discographie que NeO démarre son set mais qu’à cela ne tienne, la magie opère même sans le violon de Tim, absent pendant une majeure partie du morceau. Le concert est lancé et se poursuivra avec deux titres rares dans les setlists : « Of Petrichor Weaves The Black Noise » et « Xenoflux » sur lequel Tim nous livre de jolies variations en pizzicato. Le public très chaleureux ne boude pas son plaisir et la communion avec les musiciens fait plaisir à voir.

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On le sait depuis un moment déjà, les six musiciens sont d’impressionnantes machines sans aucun défaut. A la guitare, Benjamin Baret envoie ses riffs et solos hallucinants sans sourciller pendant que son compère Matt Klavins s’occupe des nuances un peu moins audibles dans la musique mais tout aussi importantes. A la basse, Brendan Brown est tout bonnement impressionnant avec ses tappings sortis d’un autre univers sur la deuxième partie de « Devour Me, Colossus ».

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Avec un tel niveau, les titres progressifs du groupe passent comme une lettre à la poste et ce malgré un son en dessous des standards auquel le groupe nous a habitué. Impossible d’entendre Tim lorsque son violon se fait plus doux par exemple. Au chant, Xenoyr tranche toujours autant avec le reste du groupe avec son look mais n’en reste pas moins très charismatique, headbanguant sans cesse sur son pied de micro. Il a le loisir de s’éclipser en coulisses sur les passages où il n’a rien à chanter, laissant toute la lumière à Tim et son chant clair impressionnant de justesse (alors que certaines montées dans les aigus ne sont vraiment pas évidentes).

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En tête d’affiche, NeO a le loisir de jouer son morceau « Painters Of The Tempest » dans son intégralité pour quinze minutes maitrisées à la perfection, une vraie épreuve d’endurance pour tout le monde. A la fin du morceau, Tim et Benjamin se retrouvent seuls sur scène pour interpréter la troisième partie du morceau qui colle des frissons à toute l’assistance.

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Comme souvent, Tim prend la parole pour remercier le public d’être venu si nombreux pour leur troisième concert dans la capitale finlandaise, le premier en tête d’affiche. On a droit au classique « un de nos endroits préférés pour jouer », mais on veut bien le croire au vu de la ferveur du public. Le frontman est bavard et se fend d’un discours qui lui tient à cœur, sur la situation financière des groupes de popularité moyenne, subsistant seulement grâce à leur communauté de fans.

Le temps passe en tout cas bien trop rapidement et on arrive déjà à la fin du concert, composé de « Pyrrhic » et de « And Plague Flowers The Kaleidoscope » où le breakdown finit d’achever les cervicales des spectateurs et où Tim viendra se faire plaisir en slammant, comme à son habitude. Pas de « Forget Not » pour cette fois, vraiment dommage puisque le public attendait cette chanson de pied ferme, la réclamant même à plusieurs reprises.

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Ne Obliviscaris a donc une nouvelle fois livré un excellent concert. Excellent mais pas sublime comme peuvent parfois l’être les concerts des Australiens, on attendra donc de pied ferme leur retour en tête d’affiche pour la revanche. Il est en tout cas impressionnant de constater la popularité acquise en deux ou trois ans par le groupe, le propulsant comme la relève du prog nouvelle génération. Peut-être le prochain Opeth ? Il est encore trop tôt pour le dire mais le chemin est tout tracé.

Setlist:
Devour Me, Colossus (Part I): Blackholes
Devour Me, Colossus, (Part II): Contortions
Of Petrichor Weaves Black Noise
Xenoflux
Painters of the Tempest (Part II): Triptych Lux
Painters of the Tempest (Part III): Reveries from the Stained Glass Womb
Pyrrhic

And Plague Flowers the Kaleidoscope

Photos : Olga Poponina / Headbanger.ru
Many thanks to her



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