Maiden UniteD (+ Kingfisher Sky) au Petit Bain (29.10.2016)

Après leur concert programmé au Divan du Monde fin 2015, mais annulé, Maiden United foule finalement le sol parisien le temps d’une soirée. Enfin plus exactement, c’est la scène de la péniche du Petit Bain qui accueille le groupe, et sera le témoin de versions revisitées des classiques d’Iron Maiden. L’affluence est maigre malgré un tarif réduit, mais les présents ont eu le nez creux : la prestation est exceptionnelle, et tous ressortiront du club avec un large sourire. Mais avant ça, en guise de mise en bouche, c’est le combo Kingfisher Sky qui ouvre le bal avec un set acoustique parfaitement adapté à l’ambiance de la soirée.

 

Kingfisher Sky


Le groupe de prog à tendance gothique a de nombreux liens avec la tête d’affiche de ce soir. Son fondateur Ivar de Graaf était en effet un ancien compagnon d’armes au sein de Within Temptation de Rudd Jolie, l’arrangeur principal de Maiden United. De même, le claviériste Eric Van Ittersum joue au sein d’Ayreon avec Damian Wilson, vocaliste de Maiden United. Le choix de partir en tournée ensemble s’est donc fait naturellement, et on sent la cohérence de l’affiche qui en découle.

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C’est donc un set tout acoustique que développe Kingfisher Sky, avec guitare, basse, batterie, mais aussi claviers et violoncelle. Les arrangements sont subtils, empruntent tant aux mastodontes du prog comme Jethro Tull, qu’à des influences plus folk et celtiques. La chanteuse Judith Rijveld impressionne tout particulièrement par son coffre et l’étendue de sa palette vocale, au sein de morceaux qui la mettent bien en valeur.

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Les arrangements de violoncelles apportent une touche mélancolique très appréciable, et permettent de mieux lier tous les autres instruments. Le volume général est relativement bas, ce qui contribue à poser une ambiance intimiste du plus bel effet.

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Après une grosse demi-heure de jeu, le groupe quitte la scène sous les applaudissements de l’auditoire, après un dernier “The Craving” réussi. Si on est loin du metal et des vestes à patches présentes ici où la dans le pit, Kingfisher Sky a sur s’adapter parfaitement au cadre de ce concert, et à la ligne directrice de la soirée.

Setlist :
Multitude
Heather
Balance of Power
Insomnia
The Edge of Insanity
Rise from the Flames
The Craving

 

Maiden UniteD


Quelques classiques du hard rock nous font patienter, puis les lumière s’éteignent. Les membres du groupe entrent sur scène, et n’y vont pas par quatre chemins : ils débutent leur concert par une version dantesque de “Strange World”. L’arrangement est simple mais efficace, et laisse toute la place à l’impressionnante voix de Damian Wilson. C’est bien simple, le colosse barbu fait taire tout le Petit Bain dès qu’il laisse échapper une note. Le public entier est subjugué par tant de polyvalence, de puissance, et de subtilité concentrées dans un seul homme. On comprend d’ailleurs tout de suite pourquoi Wilson avait été approché par Maiden après le départ de Dickinson en 1993. Quant à savoir ce qu’aurait donné la trajectoire de la Vierge de Fer s’il avait été retenu, c’est une autre histoire…

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Bref, le premier titre permet à Maiden UniteD de se mettre le public dans la poche, et donne le ton : les versions proposées ce soir sont toutes plus rafraîchissantes les une que les autres, et on a souvent la sensation de découvrir pour la première fois des titres qu’on a pourtant déjà écoutés des centaines de fois. A ce petit jeu, tous les titres ne sont pas traités de la même façon : si le rappel sur “Wasted Years” consiste en une adaptation acoustique très fidèle à l’originale, d’autres morceaux sont difficiles à reconnaître avant l’entrée du chant. C’est donc un petit défi qui s’installe dans le public, et chacun savoure la satisfaction d’identifier chaque hit passé à la moulinette Maiden UniteD.

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Le set balaye uniquement la première décennie de la carrière des Anglais, excepté une version bien pêchue de "Futureal", ironiquement interprétée à l’origine par Blaze Bayley, qui avait été préféré à Wilson par Steve Harris & Co. Les titres de Seventh Son Of A Seventh Son se prêtent bien à l’exercice : “Only The Good Die Young” est l’occasion pour le chanteur de jouer avec les tierces et harmonies vocales supérieures, tandis que “The Evil That Men Do” occasionne une version très dépouillée et lente, un peu à l’image de ce que peuvent proposer certains groupes de pop rock récents. Le public reprend volontiers les couplets de ce dernier titre, suivant avec plaisir les injonctions du frontman, qui fait chanter alternativement les demoiselles, qu’il baptise les “angels”, oui les hommes qu’il souhaite entendre donner de la voix “in an evil way”.

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Par ailleurs, la soirée est globalement placée sous le signe de la détente et de l’humour. Les membres prennent la parole alternativement tout en décontraction, discutent entre eux, lancent quelques blagues : c’est un vrai plaisir de voir des musiciens si proches du public et heureux d’être là. Chacun sera d’ailleurs très disponible en fin de soirée, et s’adonnera avec plaisir au jeu des photos, dédicaces et conversations en off. Le fameux quatrième mur censé séparer la scène du public est de toute façon tombé bien plus tôt, lorsque Damian Wilson est descendu à plusieurs reprises chanter dans le public, organisant notamment un wall of death de l’amour, sans affrontement final (!).

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On retiendra tout spécialement trois morceaux ce soir. Le premier est incontestablement “The Trooper”, reconstruit autour d’un tempo lent et d’une caisse claire martiale enjoignant à marcher au pas : le résultat est au delà de toutes les attentes, et transforme complètement le morceau, sans pour autant lui faire perdre son âme. Un véritable tour de force, qui met en valeur les qualités de chacun des musiciens, dont le jeune claviériste Huub van Loon, assez discret mais toujours excellent.

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Ensuite, “Revelations” est revisité sous un angle très dépouillé, où les passages a capella complètement aériens se taillent la part du lion. Et enfin, juste avant le rappel, c’est “Die With Your Boots On” qui met tout le monde d’accord. Pour commencer, il s’agit d’un titre devenu très rare dans les prestations d’Iron Maiden, et qui n’a pas été joué depuis maintenant onze ans. Ensuite, Maiden UniteD a encore fait le choix de complètement déstructurer le titre, et de mettre l’accent sur de jouissives montées en puissances pré-refrain. Le public est intelligemment intégré à celles-ci, et partage les parties vocales avec Wilson. Un final grandiose, qui ouvre la voie à un rappel plus convenu mais malgré tout plaisant.

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En définitive, le public a été conquis par la prestation de Maiden UniteD, malgré le peu d’attentes qu’il avait. Malheureusement, l’affluence n’était pas au rendez-vous, mais les présents ont fait le bon choix, et leur énergie a fait oublier durant tout le concert leur faible nombre. Grâce à un frontman charismatique au possible et à des versions d’Iron Maiden aussi atypiques que réussies, le groupe a transformé l’essai dès le début de son set. Puis, il a su piocher dans des morceaux relativement rares de la discographie de la Vierge de Fer, pour faire plaisir au fans les plus endurcis comme aux plus novices. Le résultat ? Des reprises rafraîchissantes au possible, une voix colossale, et une proximité extrême avec le public. Messieurs, vous avez tout juste, et on vous attend de pied ferme pour un nouveau passage dans l’Hexagone !

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Setlist :
Strange World
Futureal
Only The Good Die Young
Charlotte The Harlot
Revelations
Children Of The Damned
The Trooper
2 Minutes To Midnight
22 Acacia Avenue
The Evil That Men Do
Die With Your Boots On

Rappel :
Wasted Years

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