Testament en première partie d’Amon Amarth ? Si certains ont crié au scandale face à cette affiche, il n’en est pas moins vrai que c’est une preuve irréfutable de la montée en puissance continue des Suédois qui ne cessent de gagner en popularité au fil des sorties. Ajoutez à ce plateau déjà alléchant un opener de luxe, à savoir Grand Magus, et voilà l’affiche parfaite de cette soirée immanquable qui nous a conduit à Bruxelles pour un moment inoubliable.
Grand Magus
La dernière fois que nous avions assisté à un concert dans cette même salle, c’était pour System Of A Down, soirée ultra sold out. Le contraste est assez flagrant ce soir puisque les gradins et balcons sont complètement fermés cette fois et la fosse est loin d’être remplie lorsque Grand Magus entame son set. Heureusement, le groupe suédois n’est pas inconnu du public belge et reçoit un bon accueil malgré tout, les refrains comme celui de "Steel Versus Steel" étant bien repris par une majorité du public.
Un immense backdrop aux couleurs de l’album Sword Songs sorti plus tôt cette année orne le fond de scène, mais pourtant, le trio ne va en interpréter qu’un seul extrait, le très bon "Varangian". Une décision que nous regrettons tant cet opus s’avère convaincant… Mais quand on n’a que trente minutes de temps de jeu, il faut faire des choix et JB (chant, guitare) et ses camarades ont donc fait celui de nous proposer un best of. Pari réussi, tant tout le public semble conquis à la fin d’un "Hammer Of The North" qui permet aux fans de s’échauffer la voix une dernière fois. Grand Magus vient de placer la barre très haut en peu de temps.
Setlist Grand Magus :
Intro (sur bande)
I The Jury
Sword of the Ocean
Varangian
Steel Versus Steel
Like The Oar Strikes The Water
Iron Will
Hammer Of The North
Testament
Le changement de plateau révèle un décor digne d’une tête d’affiche pour Testament, et la mise en son et en lumière va s’avérer à la hauteur du rang de légende de la formation américaine. Voilà qui nous rassure, tant l’immense salle dans laquelle se passe ce concert traîne derrière elle une réputation de sonorisation désastreuse. De plus, les musiciens sont en très grande forme ! Eric Peterson (guitare) ne tient pas en place, tout comme Steve DiGiorgio (basse) et Chuck Billy (chanteur comme d’habitude très en voix) qui arpentent la scène en long et en large. Alex Skolnick, bien que plus réservé, vient souvent taper le solo au milieu de la scène, sur l’estrade en forme d’escaliers en pierre sur laquelle se trouve la batterie du toujours parfait Gene Hoglan.
Fort d’un album tout juste sorti, les Américains vont en faire la promo en démarrant leur show avec le morceau titre, "Brotherhood Of The Snake" et la composition déjà de qualité sur album est sublimée en condition live. "Pale King" de ce même album est joué plus tard et n’a absolument pas à rougir face aux titres les plus emblématiques de Testament tels que "Disciples Of The Watch" ou le bien nommé "Into The Pit" qui donne lieu au plus gros mouvement de foule de la soirée.
C’est après une bien trop courte petite heure de jeu que le quintet prend congé avec "The Formation Of Damnation". Testament nous en mis plein les yeux et plein les oreilles et on voit mal comment Amon Amarth va pouvoir assurer après une telle démonstration d’intensité.
Setlist Testament :
Intro (sur bande)
Brotherhood of the Snake
Rise Up
The Pale King
Disciples of the Watch
The New Order
Dark Roots of Earth
Stronghold
Into the Pit
Over the Wall
The Formation of Damnation
Amon Amarth
La scène est peu à peu dévoilée. En plus du backdrop king size (en plusieurs parties) à l’image de l’album Jomsviking, un immense casque à corne (pas très viking tout ça, diront les historiens) sert de piédestal à la batterie de Jocke Wallgren, récemment intronisé comme nouveau membre du groupe. Des escaliers et des plates-formes permettant de faire le tour de la structure sont aussi situés de chaque côté. Si l’on a pu se demander pourquoi Amon Amarth avait été programmé dans une salle si grande, nous avons maintenant la réponse : seule une aréna de cette taille pouvait accueillir de telles structures tout en laissant de la liberté de mouvement aux musiciens.
Comme sur les festivals de cet été, c’est au son de leur tube indétrônable, "The Pursuit of Vikings", que les cinq Suédois arrivent sur scène, le public ne se faisant pas prier pour sauter et chanter dès les premières secondes. La setlist va ensuite principalement se concentrer sur les albums Deceiver Of The Gods (2013) et Jomsviking, dernier en date donc. D’ailleurs la quasi-intégralité de celui-ci va être interprétée ce soir, l’occasion de remarquer que "First Kill" est déjà chanté en chœur comme un classique par la foule.
Comme d’habitude, le titre le plus ancien joué ce soir sera "Death In Fire" (extrait de Versus The World, 2002), ce qui confirme qu’Amon Amarth croit grandement en ses dernières sorties. Et le public semble du même avis à en juger par l’accueil que reçoivent des morceaux comme "Destroyer Of The Universe" ou "Father of the Wolf". Certains solos de guitare, particulièrement mélodiques sont d’ailleurs repris en chœur par le public, ce qui semble particulièrement amuser Olavi Mikkonen et Johan Söderberg, les deux six-cordistes arborant de larges sourires à chaque fois quand leurs visages ne sont pas cachés par le headbanging.
En parlant de sourire, impossible de ne pas remarquer celui de Johan Hegg, le chanteur semblant s’amuser presque autant, si pas plus que les fans. Ne manquant pas d’autodérision, le grand barbu rigole même de la situation lorsqu’avant "Raise Your Horns", lui et ses acolytes boivent un grand coup (de bière ?) dans des cornes avant qu’il ne lâche un hilarant « c’est tellement ridicule ».
Non seulement le groupe est affuté musicalement, mais sur cette tournée, les grands moyens sont utilisés pour la mise en scène. C’est ainsi que nous avons droit à des vrais faux combats de vikings sur scène, deux hommes en armure montant sur scène pour mimer un combat et à en juger par le bruit des coups d’épée sur les boucliers que l’on entend malgré le groupe qui joue en même temps, on se dit qu’ils ne retiennent vraiment pas leur coup ! Ces deux guerriers reviendront à plusieurs reprises sur scène, armés de haches ou d’arcs par exemple, au cours du concert.
Mais le meilleur a été gardé pour la fin. Alors que le rappel n'arrive, on s’étonne de ne pas encore avoir eu droit à un seul extrait de l’excellent album Twilight Of The Thunder God (2008). Le groupe va alors dégainer coup sur coup les deux tubes de l’album à commencer par "Guardians Of Asgaard". Ensuite, c’est l’apothéose. La salle se retrouve plongée dans le noir, le backdrop est changé pour représenter un ciel orageux et des bruits de tempête en mer se font entendre… Un immense serpent de mer fait son apparition, occupant tout l’arrière de la scène. Johan Hegg arrive sur scène armé d’un immense marteau de guerre, l’abat au sol, provoquant une explosion et c’est "Twilight Of The Thunder God" qui est joué pour clôturer ce show. Certes, c’est kitch, mais qu’est-ce que c’est efficace et impressionnant !
Des musiciens solides, des compos réussies, une setlist intense et une mise en scène remarquable. On se prend à penser que lorsque les Iron Maiden et autre groupes de très gros calibre seront à la retraite (le plus tard possible, espérons-le), Amon Amarth sera un sérieux candidat pour prendre leur place, ça ne fait aucun doute. Une soirée magistrale, bien plus divertissante et qualitative que nous ne l’aurions pensé.
Setlist Amon Amarth :
Intro (sur bande)
The Pursuit of Vikings
As Loke Falls
First Kill
The Way of Vikings
At Dawn's First Light
Cry of the Black Birds
Deceiver of the Gods
On a Sea of Blood
Destroyer of the Universe
Death in Fire
One Thousand Burning Arrows
Father of the Wolf
Runes to My Memory
War of the Gods
Rappel :
Raise Your Horns
Guardians of Asgaard
Twilight of the Thunder God