Semblant désormais obéir à une certaine tradition établissant la sortie d'un EP après un album (ou inversement selon l'ordre où l'on prend les choses), Hanging Garden livre avec Hereafter une bien agréable parenthèse. Ces cinq nouveaux morceaux naviguent entre formule efficace et quelques expérimentations convainquantes qui donnent à espérer pour l'avenir discographique des ténébreux Finlandais.
Le tourbillon, quatrième partie.
D'un automne l'autre. D'une désillusion à la suivante. Une fois de plus l'année est sur le point de s'achever et voici l'heure du bilan. Les feuilles tombent au rythme des pensées et regrets qui prennent d'assaut l'esprit. Il y a un an la tristesse était bercée par Blackout Whiteout, dernier album des Finlandais d'Hanging Garden, qui accusait une petite baisse de régime après le réussi EP I Was A Soldier, malgré de beaux moments. Cette année la bande son à la déprime automnale est Hereafter, nouvel EP qui semble confirmer l'adage : plus c'est court, mieux c'est, tellement ces cinq nouveau titres annoncent un certain renouveau. Le temps de s'extraire du tourbillon fatal peut-être, ou de s'y enfoncer avec un plaisir presque cathartique et coupable en écoutant ce nouvel éloge à la mélancolie.
Hanging Garden semble ne vouloir jamais perdre de temps pour se faire oublier après la sortie d'un nouvel album. Le groupe avait déjà proposé entre temps Backwoods Sessions, une série de titres (dont une belle reprise du « Dream Brother » de Jeff Buckley) enregistrés en juillet 2005 et diffusés sur You Tube avant d'être disponibles en plateformes de téléchargement et streaming.
Les musiciens ont aussi dû faire face au départ de son batteur Antti Ruokola remplacé depuis par Sami Forsstén.
Ainsi un an après Blackout Whiteout, et peut-être pour signifier un nouvel envol, voici donc Hereafter sorti le 7 octobre sur Lifeforce Records. Et comme sur I Was A Soldier précédent EP sorti il y a trois ans, ces nouveaux titres nous mettent l'eau à la bouche sur ce qui peut nous attendre sur le prochain long format. Déjà, le groupe a choisi de faire appel à des intervenants extérieurs sur leurs nouvelles compositions. Cela apporte un plus même si nous restons dans un metal/doom gothique et atmosphérique, avec cependant parfois une envie de se tourner vers des choses plus aventureuses.
Il y a d'abord « Penumbra », premier titre révélé en septembre sur lequel s'exprime Mikko Kotamäki, chanteur de Swallow The Sun. Il s'agit d'un très bon titre de metal gothique, dans la lignée de ce que nous pouvions entendre sur les derniers albums de Hanging Garden. Construit sur un riff accrocheur et un refrain poignant qui ne veut plus vous lâcher après quelques écoutes, ce morceau a déjà tout d'un classique.
Titre plus rentre-dedans, sur lequel intervient Victor Wegeborn, vocaliste chez les sludgeux suédois The Moth Gatherer « Sirkle of Onan » est assez surprenant avec son tempo épique et son ambiance presque black metal. Le chant agressif alternant avec des parties plus planantes en font cependant une composition convaincante.
Mais de tous les invités présents, nous retiendrons plus précisément les interventions de Riikka Hatakka, une chanteuse-interprète finlandaise qui illumine cet EP de ses superbes vocalises proches de celles de Lee Douglas (Anathema). Nous en avons la preuve déjà avec « Hereafter », une ballade atmosphérique sur laquelle Riikka partage son chant délicat avec la voix de Toni Toivonen. Le résultat en est un superbe morceau rempli de feeling.
En autre réussite, citons « Towards the Sun », ballade semi-acoustique rêveuse et mélancolique sur laquelle le duo Riikha/ Mikko Kotamäki fait des merveilles et dont le solo de guitare aérien qui la clôture est irrésistible.
On en viendrait presque à espérer que Hanging Garden propose une place à plein temps à Riikka Hatakka tant sa voix colle à la musique du groupe et se mêle parfaitement à celle de Toni Toivonen.
Enfin, au rayon surprises il y a aussi « Where the Tides Collide » avec ses nappes electro en intro. Un mid-tempo sur lequel Riikka partage son chant avec le growl d'Alexander Högbom (Centinex, October Tide) et sur lequel il nous semble entendre une utilisation plutôt convaincante, une fois n'est pas coutume, de cette horreur nommée Auto-Tune lors des dernières secondes du morceau.
Hereafter est donc un très bon amuse-gueule qui contentera les fans de Hanging Garden en attendant le plat principal, si les ingrédients sont les mêmes nous pouvons nous attendre à un véritable festin. Espérons donc que le soufflet ne retombera pas lors de la sortie de ce prochain album.
Liste des morceaux :
1. « Penumbra »
2. «Sirkle of Onan »
3. « Hereafter »
4. « Where the Tides Collide »
5. « Towards the Sun »
Note : 4/5