Garmonbozia nous a une nouvelle fois concocté une excellente affiche en ce mois de novembre. Entombed nouvelle mouture accompagné par les Québécois de Voivod, voilà un concert qu’il ne fallait pas louper. Alors que le Petit Bain tarde à ouvrir ses portes, c’est une poignée d’irréductibles fans qui se presse devant la salle, bravant le mauvais temps et le froid de l’automne. Retour sur une soirée qui aura tenue toutes ses promesses.
Morbid Evils
Encore inconnu dans nos contrées, Morbid Evils est un trio finlandais officiant dans un style à la frontière du doom, du sludge et du death metal, fondé il y a deux ans par le chanteur de Rotten Sound. La salle est encore à moitié vide lorsque Morbid Evils monte sur scène. Immédiatement, le combo entame son set sans même se présenter, par des riffs lourds et puissants. Empruntant son côté hypnotique à Neurosis, le tout habillé par le chant malheureusement sous-mixé de Keijo Niinimaa, la formation peine à convaincre le public, notamment en raison de l’aspect monolithique de leur son.
Si l’absence de bassiste au sein du groupe pouvait susciter quelques interrogations, il faut avouer que les fréquences les plus basses ne manquent pas au sein du spectre sonore, appuyées par les riffs doom de Jan Trygg à la six-cordes. Manquant cruellement de communication, le set parait un poil long, d’autant plus que les titres sont relativement similaires en termes d’ambiance et de rendu. La distorsion grasse qui s’échappe des amplis du groupe n’aide pas non plus à rentrer dans le set de Morbid Evils, qui ne récolte que quelques applaudissements polis entre les titres.
On souhaite aux Finlandais qu’ils puissent trouver rapidement leur propre identité sonore et de qu’ils forgent leur expérience scénique au cours de cette tournée, avant de revenir en force lors de prochaines dates en France.
Lord Dying
La seconde formation à fouler les planches officie dans un style bien plus conventionnel, à savoir un death metal teinté de thrash. Lorsque l’imposant Erik Olson s’approche du micro, guitare en main et balance ses premiers riffs, on sent le public bien plus enjoué que par le set de Morbid Evils.
Sans révolutionner le genre, on se prend à secouer frénétiquement la tête sur les rythmiques plus efficaces et à apprécier le chant hurlé du leader, qui n’hésite pas à intervenir entre les titres pour présenter les prochains morceaux. Le son est plutôt bon, même si on regrette également que les parties de guitare lead de Chris Evans soient légèrement noyées dans le mix, où la batterie et la basse ressortent plutôt bien.
L’efficacité semble être le maître mot de Lord Dying, dont le single « Poisoned Altars », issu de l’album du même nom, passe bien le cap de la scène. Si le public reste néanmoins sage, on constate des applaudissements chaleureux au fur et à mesure que le set avance, signe que les Américains parviennent à fédérer.
Au final, si la musique jouée par Lord Dying est somme toute assez classique, le quatuor est parvenu à plaire à l’audience avec des riffs directs et un chant hurlé plutôt efficace sur scène. Une bien belle mise en bouche pour la suite.
Voivod
Alors que Voivod a été pendant longtemps absent des planches française, le concert donné aujourd’hui par Michel « Away » Langevin (batterie) et ses acolytes est tout de même le troisième donné en région parisienne depuis un an et demi, après des prestations remarquées au Covent Garden d’Eragny et en ouverture de Carcass. Mais qu’importe, c’est toujours un plaisir de voir la formation sur scène, d’autant plus que Voivod prend le risque de modifier sa setlist par rapport aux dates précédentes.
Dès « Killing Technology » qui ouvre le set, on remarque que Dominique « Rocky » Laroche (basse), le dernier arrivé au sein de la formation, est dorénavant parfaitement intégré, investissant l’ensemble de la scène, tout comme Dan « Chewy » Mongrain (guitare) et Denis « Snake » Bélanger (chant).
Ce dernier est particulièrement en voix et agrémente les titres avec son timbre toujours proche du punk. L’énergie dégagée par les musiciens tout sourire tout au long du set fait plaisir à voir et est rapidement contagieuse au sein de la fosse. Comme à chacune de leur apparition sur scène, on ne peut que remarquer que les musiciens prennent un plaisir immense à jouer. D’ailleurs Snake le souligne entre les titres en demandant au public « Vous êtes heureux ? Nous aussi ! ».
Ayant sorti un EP en début d’année, les Québécois en interprètent deux titres : « une ballade d’automne » telle que l’annonce Snake pour introduire « Fall » et le morceau titre « Post Society ». Malgré la complexité harmonique et rythmique des morceaux, l’ensemble est parfaitement interprété, sans fausse note en dépit de l’ardeur développée par Chewy et Rocky, qui décidément ne s’économisent pas. Away est plus en retrait derrière ses fûts (jouant par ailleurs sur la batterie de Olle Dahlstredt, batteur d’Entombed A.D.), mais le large sourire qui barre son visage en dit long sur ce qu’il ressent du public depuis son poste.
On assiste également à de beaux moments de complicité, notamment lorsque Chewy et Snake viennent au contact des premiers rangs, jouant épaule contre épaule avant de taper dans les mains des spectateurs des premiers rangs.
D’ailleurs, la fin du set voit le public particulièrement déchaîné, notamment sur le titre final, « Voivod », sur lequel tout le monde hurle en rythme et qui voit le chanteur lessivé finir à genoux. A travers une prestation énergique et endiablée, Voivod a su une nouvelle fois convaincre le public français. Et si le groupe n’est dorénavant plus aussi rare qu’avant sur scène, on ne se lasse pas d’un tel concert. Il ne reste plus qu’à souhaiter que les Québécois donnent rapidement un successeur à Target Earth et qu’ils reviennent le défendre sur les planches.
Setlist Voivod :
Killing Technology
Tribal Convictions
The Unknown Knows
Overreaction
Fall
Lost Machine
Korgüll the Exterminator
Post Society
Chaosmöngers
Voivod
Entombed A.D.
Après la débauche d’énergie de Voivod, on se demande si Entombed A.D. parviendra à faire au moins aussi bien. Mais avec un public tout acquis à leur cause qui se masse dans la fosse du Petit Bain, il n’y a pas de soucis à se faire pour LG Petrov et ses musiciens.
Dès que la musique d’introduction retentit, on remarque que le chanteur se dirige vers la salle depuis le côté gauche de la scène et glisse à quelques spectateurs « Ou est le bar ? Ah non, j’ai un concert à donner ! ». L’anecdote révèle bien l’état d’esprit du trublion suédois qui semble avoir déjà bien profité en coulisse, mais qui va s’avérer impeccable vocalement une fois le micro en main.
Effectivement, dès « Midas In Reverse », l’ouverture de Dead Dawn, tous les ingrédients du grand Entombed sont là : distorsion grasse, batterie binaire puissante et surtout le chant si particulier de Petrov qui s’éclate littéralement sur scène, allant à la rencontre des spectateurs.
Pour les membres du public ayant assisté cet été aux prestations données par Entombed A.D. au Hellfest ou au Motocultor, les choses ne sont pas très différentes, mais il faut avouer que le groupe sait tenir une scène et que la fosse leur mange littéralement dans la main. Sur chaque titre, c’est la bagarre dans le public, certains spectateurs tentant même de slammer maladroitement, malgré les moshpits sauvages qui ont lieu au même moment.
Le facétieux chanteur passe l’intégralité du concert à moitié hilare, attitude plaisante à voir et qui tranche littéralement avec l’air calme et posé affiché par Victor Brandt (basse). En effet, côté musiciens, c’est du sérieux, chacun est bien à sa place et parvient à rendre en live le groove des compositions typique de la musique des Suédois. « Dead Dawn », le titre éponyme du dernier opus ne détonne pas aux côtés des classiques d’Entombed, comme « Wolverine Blues » ou « Living Dead » et prouve une fois de plus toutes les qualités du dernier album. Il est toutefois étrange de voir que le groupe actuel se lance dans l’interprétation de deux extraits de Clandestine, puisqu’aucun membre d’Entombed A.D. n’a participé à son enregistrement (Petrov ayant quitté le groupe entre 1991 et 1993), mais qu’importe tant les morceaux de cet opus sont un plaisir à entendre en live.
Le moment tant attendu par l’ensemble des fans est bien entendu l’interprétation de « Left Hand Path », le titre le plus connu d’Entombed, en raison de sa partie instrumentale qui clôt le morceau en alliant mélodie et efficacité. LG Petrov en profite pour s’éclipser, rejoint par le groupe à la fin du morceau, avant un rappel qui verra la fosse se déchaîner une fois de plus.
En effet, au cours des derniers titres, le public est littéralement en transe, certains spectateurs allant même jusqu’à en venir aux mains, l’abus d’alcool aidant, forçant la sécurité à intervenir. Mais ce petit incident se déroulant en marge du concert n’entame en rien la bonne humeur du groupe et du public, qui accompagne Entombed A.D. sur la fin de « Supposed to Rot ».
Avec les prestations énergiques et efficaces de Voivod et Entombed A.D., le public présent au Petit Bain aura passé un très bon moment, et l’on espère que les deux formations ne tarderont pas trop avant de revenir nous voir.
Setlist Entombed A.D.
Midas In Reverse
Stranger Aeons
Second to None
Eyemaster
Dead Dawn
Living Dead
Out of Hand
Sinners Bleed
Revel in Flesh
Wolverine Blues
Left Hand Path
Rappel :
Chief Rebel Angel
Full of Hell
Serpent Speech
Supposed to Rot
Merci à Fred Chouesne et Garmonbozia
Photographies : © Watchmaker 2016
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