Sortie le 09/09/2016 chez Revalve Records.
En cette fin d’année 2016, les sorties de nouveaux opus de groupes de metal symphonique se succèdent. Et la libération du second album d’Afterlife Symphony, Moment between lives aurait bien pu vous échapper. Pourtant, à défaut de se glisser timidement parmi les grands noms du genre, Afterlife symphony prend de la hauteur… et est au rendez-vous.
Après la découverte de leur (surprenante) première production Symphony of silence en 2013, le combo italien emmené par la puissante voix de leur chanteuse Anna Giusto nous offre cette seconde œuvre, orchestrale à souhait, teintée d’un côté « progressif ».
Mais au-delà de cette combinaison musicale choisie par la formation, il faut savoir écouter Moment between lives tels qu’ils voulaient nous le présenter : comme un album-concept, une œuvre à part entière, où le track-by-track, aussi plaisant soit-il, ne peut que gâcher votre écoute et l’ensemble du travail accompli. L’artwork de l’album vous ouvre les portes de ce voyage, un sombre mélange du temps et de l’espace, de la vie et de la mort, ou plutôt de la réincarnation, essence même et fil conducteur de ce second opus.
Ces différents thèmes, faisant partie d’un tout abordé avec une pointe de romantisme, entouré de mysticismes (le karma et les décisions l’influençant tenant une place de premier choix), se précisent lors de l’écoute de "Half moon night", le premier morceau, lorsque naît une atmosphère de doute, de positionnement, de choix.
Pourtant, c’est bien quand commence "The abyss" que l’émotion grimpe, avec une orchestration mise en valeur par la communion des musiciens, une démonstration de leur potentiel, se permettant de nous faire naviguer à travers des rythmes tantôt agressifs (avec même une note gutturale) puis plus mélodieux.
D’ailleurs, tout au long de l’album, les musiciens jouent avec notre esprit. L’écoute produit de somptueux sentiments en dents de scie, nous laissant parfois en proie à l’incertitude, puis vient le calme, l’apaisement. Cela est en partie produit par le formidable travail du clavier Stephano Tiso. Que ce soit sur les accompagnements, ou lors de solos, il a su donner une identité propre à de nombreux morceaux, comme sur "Under the sleeping tree" ou "Seventh", où il en viendrait même à remplacer la frontwoman du groupe, tant ses interventions sont inspirées, et sa présence tout au long de cette partie, indispensable.
Les influences sont nombreuses, "Dreamer’s paradox" rendant une sorte d’hommage au travail d’un autre groupe transalpin à ses débuts, Rhapsody (ou Rhapsody of fire aujourd’hui), la rythmique et les envolées orchestrales créant une dimension époustouflante, même si les accélérations sont bien moins percutantes que sur ce que pouvait nous proposer Rhapsody. "Broken breath" quant à lui, ne sera pas sans vous rappeler certaines créations des Néerlandais d’Epica, nous présentant cependant une composition inédite de par sa structure et sa noirceur. Bonne pioche !
Le duo que forme le batteur Antonio Gobbato et le bassiste Nicolas Menarbin donne avec parcimonie à l’opus une marque un peu plus power metal, restant tout de même dans la ligne droite de son grand frère, sorti il y a trois ans. La frappe de l’un (en particularité à la double grosse caisse) est mise en valeur par l’accompagnement de l’autre, ce qui nous donne une impression de puissance sans pour autant être mis trop en avant. Bien au contraire, cela agrémente les morceaux par une forme de violence, se mariant parfaitement avec l’ambiance globale de l’album, sur les différents titres.
L’entente des deux musiciens, mêlée à la complicité de leurs acolytes permet certains moments instrumentaux d’une grande qualité, comme dans "My Existence to you", un des piliers de cet enregistrement, où Eddy Talpo, le guitariste, les rejoint pour nous offrir un solo absolument magistral, tandis que les autres membres prennent la suite des évènements pour nous produire un final où chacun est à sa place, et l’occupe avec brio.
On ne regrettera rien de notre écoute, "Last hope" rappelant que le groupe maîtrise très bien aussi les compositions plus douces, un morceau avec ce côté « ballade » devenu une coutume chez certains habitués du genre… L’acoustique qu’on y trouve apporte une touche de mélancolie, assurant avec modestie une partie mélodieuse plus flottante. La voix d’Anna, bien que gardant toute sa force, reste dans l’harmonie, permettant ainsi de laisser nos oreilles profiter de cet élément plus posé.
Vous remarquerez sur le dos de la pochette deux morceaux, respectivement intitulés "Novembre part 1" et "Novembre part 2", le premier servant d’introduction au second (et ce n’est pas peu dire, puisqu’il ne dure que moins de deux minutes). On retrouve dans cette branche principale de l’album le fameux côté progressif qui ressort bien plus que dans les autres compositions. Les accélérations sont entrecoupées par des passages relevant plus d’une certaine linéarité. Les riffs d’Eddy sont exercés avec souplesse, et même si son charisme et son talent sont bien exposés à travers tous les morceaux de l’album, ses interventions ici lui permettent de gravir une marche, se plaçant presque au premier plan. On note tout de même que ce double morceau passe comme un éclair, un signe d’appréciation qui en dit long sur son acabit. Il s’agit très certainement de leur création la plus élaborée, et de loin.
La particularité de cet album réside aussi dans la durée des morceaux mais surtout dans leur jonction. Là encore, le groupe joue avec nous (surement sans le vouloir), car certains durent en moyenne quatre minutes, quand d’autres en atteignent sept ou huit. Cela n’aurait rien de curieux (puisqu’on parle de metal symphonique) si lors de la première écoute on ne se surprenait pas à regarder l’avancement du morceau pour découvrir que l’on est déjà passé au suivant ! On pourrait dire que Moment between lives est une grande et longue composition musicale, qui ne nécessitait pas d’être entrecoupée, hormis pour suivre les règles logiques de production.
La conclusion est parfaite avec "Genesis of eternity", la boucle est bouclée, l’œuvre se termine comme elle a commencé. Il est certain qu’avec cette dernière sortie, Afterlife symphony propose un album véritablement abouti. Il serait dommage de le laisser sortir dans l’ombre sans y jeter une oreille (et même les deux), car le travail fourni par l’ensemble des personnes impliquées dans ce projet est remarquable de par son sérieux. Le son est absolument divin, mixé d’une main de maître par Giuseppe Bassi (ayant travaillé notamment avec les Américains de Fear Factory).
Moment between lives n’est pas exempt de défauts (cela reste à votre écoute). Néanmoins, quand on sort un deuxième album d’une qualité comme celle qu’Afterlife symphony met à notre disposition aujourd’hui, on ne peut que saluer la volonté de bien faire et de créer quelque chose de différent. Raconter une histoire à travers la musique est un véritable talent. Mais quand une œuvre vous emmène là où les créateurs le désiraient, on appelle cela une réussite. A vous de juger.