Affiche maudite que celle dont on découvre une partie ce soir : Saxon et Girlschool devaient dans un premier temps fouler les planches du Zénith parisien en novembre 2015 avec Motörhead, date qui avait été annulée suite aux terribles événements du 13 novembre. Finalement reprogrammé en janvier 2016, la date avait encore été supprimée, suite au décès du grand Lemmy quelques semaines en amont. C’est donc dans une drôle d’ambiance que l’on retrouve Saxon en tête d’affiche ce soir, aux côtés de Girlschool et Last In Line, le fameux Dio sans Dio, qui fait des merveilles.
Girlschool
Les éternelles amies de Motörhead ont à cœur de se donner ce soir, et on constate dès les premières frappes de batterie l’engagement mis par les musiciennes dans leur prestation. Trois d’entre elles débutent les premières notes de "Demolition Boy", et Kim McAuliffe, guitariste, chanteuse et seule membre originelle du combo encore présente avec Denise la batteuse, entre en scène pour lancer la cavalcade.
Le son est très bon, ce qui est à double tranchant : on profite d’un côté à fond des voix, et du jeu débridé de Jackie Chambers, mais on note également plus facilement les approximations dans le jeu rythmique de Kim, et dans les breaks de Denise. Rien de bien méchant cependant, d’autant que l’attitude du groupe se veut décontractée et rock’n’roll à souhait.
L’album mythique Hit And Run est le plus représenté, avec un total de trois titres, dont le célébrissime éponyme, tandis que le petit dernier Guilty As Sin (que notre chroniqueuse Ganush avait bien apprécié) apparait à deux reprises, et fonctionne somme toute très bien sur scène.
Bref, c’est un set bien sympathique qui nous a été offert en guise d’apéro, et même si le son des Anglaises finit par tourner un peu en rond, leur énergie et leur bonne humeur ne peut que réjouir le public.
Setlist :
Demolition Boys
Hit and Run
Come the Revolution
Take It Like a Band
Future Flash
Watch Your Step
Race with the Devil (reprise de The Gun)
Emergency
Last In Line
La première claque de la soirée vient de là d’où on ne l’attendait pas forcément. Etant de façon générale assez sceptique voire insensible aux groupes vivant sur une gloire passée, et dont le leader a disparu, je n’attendais pas grand-chose de Last In Line. Même si la présence de Vivian Campbell et Vinny Appice à elle-seule suffisait à me rendre curieux et assez excité, je n’attendais pas grand-chose du résultat global. Et je ne pouvais pas me tromper plus.
Le tour de force de Last In Line, c’est de proposer un hommage sincère à Dio, mais surtout d’embarquer le public à bord d’une véritable machine à voyager dans le temps, grâce à la voix hallucinante d’Andrew Freeman. Connu notamment pour avoir tenue la guitare quelques années au sein de The Offspring, le bonhomme déploie une voix hors du commun, qui sait se rapprocher au plus près de celle du regretté Ronnie James. Sur les hits "Holy Diver", "Rainbow In The Dark" ou encore "Stand Up And Shout", il suffit de fermer les yeux et l’illusion est quasi-parfaite.
Les musiciens prennent manifestement un pied monstre à interpréter ces classiques, mais l’ajout de morceaux plus récents écrits par le line-up actuel en 2014, comme "Devil In Me" fonctionne tout aussi bien. Le son, parfait à tous les niveaux, ne gâche en rien la fête bien au contraire, et le set file à la vitesse de la lumière : quarante-cinq minutes de plaisir qui en semblent durer dix…
Last In Line se retire sous une ovation plus que méritée, après avoir projeté tout le Trianon des années en arrière, lorsque le regretté chanteur était encore parmi nous. Merci Last In Line, c’était fantastique !
Setlist :
Stand Up and Shout (reprise de Dio)
Straight Through the Heart (reprise de Dio)
Devil in Me
Holy Diver (reprise de Dio)
Martyr
The Last in Line (reprise de Dio)
Rainbow in the Dark (reprise de Dio)
Starmaker
Saxon
Enfin ! On va pouvoir voir Saxon en tête d’affiche après la sortie de leur excellent Battering Ram en 2015 ! Certes, les Anglais étaient passés par la scène du Download Festival parisien, mais le set écourté n’avait mis en avant qu’un unique morceau du petit dernier, ce qui était fort dommage au vu de la qualité du disque. Et même si ce soir, on en aurait voulu encore plus, c’est toujours un plaisir de découvrir de belles nouveautés dans un contexte live.
Comme à l’accoutumée, la salle est plongée dans le noir au son de "It’s A Long Way To The Top (If You Wanna Rock n’ Roll)" d’AC/DC : le public chante à gorge déployée la fameuse ligne de cornemuse, et la tension monte jusqu’à l’entrée en scène de Saxon, sur le titre "Battering Ram". Déjà interprété lors du Download Festival, le morceau semble mieux digéré et exécuté, c’est un vrai plaisir.
Inquiétude d’entrée, le son est très brouillon, à l’opposé de celui dont bénéficiaient les deux groupes précédents. Les choses iront en s’améliorant au fil de la soirée, sans jamais atteindre les sommets tutoyés par la balance de Last In Line. C’est bien dommage, même si après les réglages effectués pendant la première poignée de titres, on peut apprécier ce qui se passe sur scène sans trop être gêné.
Le dernier album en date, Battering Ram, est malheureusement sous-représenté, avec trois titres joués, en plus de la bande de "Kingdom Of The Cross" qui clôt le second rappel. Ainsi, on découvre sur scène "The Devil’s Footprint", dont le riff typé sonne divinement bien, et l’excellent "Queen Of Heart", dont le mid-tempo peine malheureusement à tenir les fans dans la fosse en haleine. On regrette de ne pas avoir entendu d’autres titres de l’opus, comme par exemple l’épique "Top Of The World", qui aurait pu mettre la barre encore plus haut.
Mais à part ces deux points, Saxon déroule sa puissance sans s’embarrasser de fioritures, et c’est du tout bon pour nos oreilles. Les hits et les raretés s’enchaînent sans qu’on ait le temps de reprendre notre souffle : le Trianon en prend pour son grade et vide ses poumons avec les intemporels "Wheels Of Steel" et "Solid Ball Of Rock", un véritable carton plein ! C’est également un moment très intense qui est proposé avec "The Eagle Has Landed", dont les riffs lourds et étirés sont exécutés à la perfection par Paul Quinn et Doug Scaratt. C’est également l’occasion de jauger l’étendue du registre de Biff Byford, dont on a jamais douté de l’étendue et de la qualité. Et le résultat est sans appel : sur ce morceau très exigeant, le chanteur envoie une purée sans détour, et atteint les notes les plus aigües avec une voix cristalline et sans faille. A 65 ans, c’est tout bonnement renversant, et une telle forme laisse songeur !
Les rappels sont l’occasion de jeter pêle-mêle certains des titres les plus iconiques du combo britannique, ou en tous cas ceux qui manquaient jusque-là à l’appel. Ainsi, "747 (Strangers In The Night)" permet à chacun de reposer un peu ses jambes, mais aussi de tirer sur la corde d’un point de vue vocale. Et pour finir en beauté, quoi de plus logique que l’enchaînement "Denim And Leather" et "Princess Of The Night", qui achèvent nos gorges gonflées d’entrain ?
Ce concert était attendu par les fans de Saxon depuis des lustres, et nul doute qu’aucune attente n’a été déçue : une soirée comme on aimerait en vivre plus souvent, dans une ambiance chaleureuse, avec un groupe les pieds sur terre et souriant. Saxon est loin d’être mort, vive Saxon !
Setlist :
Battering Ram
Heavy Metal Thunder
Sacrifice
Solid Ball of Rock
Chasing the Bullet
Stand Up and Be Counted
The Devil's Footprint
Strong Arm of the Law
Requiem (We Will Remember)
The Eagle Has Landed
20,000 Ft
Queen of Hearts
And the Bands Played On
Dallas 1 PM
Wheels of Steel
Rappel 1 :
Crusader
747 (Strangers in the Night)
Rappel 2 :
Denim and Leather
Princess of the Night
Kingdom of the Cross (band)
Photos : © 2016 Marjorie Coulin
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