Bercy : le nouveau parc d’attraction de Nightwish
Après deux tournées françaises couronnées de succès pour promouvoir Dark Passion Play, les finlandais reviennent pour défendre leur dernier album, Imaginaerum. C’est cette fois-ci dans la gigantesque salle qu’est Bercy que le groupe va pouvoir interpréter ses compositions de metal symphonique, de manière carrée et professionnelle. Deux jeunes groupes ont été choisis pour ouvrir le bal. Il s’agit de Battle Beast, groupe de heavy metal à chanteuse finlandais, et d’Eklipse, groupe de reprises allemand uniquement composé d’un ensemble de cordes.
Eklipse
La soirée commence dans une ambiance tamisée, avec la grande scène de Bercy décorée de trois lampadaires et de chaises. Arrivent alors les quatre musiciennes d’Eklipse, flanquées de masques et de tenues recherchées. Ce n’est pas des guitares et des baguettes qu’elles tiennent dans leurs mains, mais des violons et un violoncelle. Malgré la taille de la salle, les quatre musiciennes arriveront à recréer une ambiance presque intimiste.
Leur set se compose de reprises instrumentales, choisies de manière éclectique. On retrouve de la pop moderne avec "Paparazzi" de Lady Gaga, du neo metal avec "In The End" de Linkin Park et de la bande originale avec le thème du film "Le Parrain". Chaque reprise est exécutée avec soin, les morceaux sont épurés, mais les mélodies restent, ce qui donne des compositions repensées de manière originale, sans pour autant en retirer leur substance.
Face à un quartet aussi original, le public jubile. Les applaudissement nourris se succèdent à l’écoute attentive de chaque reprise. Un choix de première partie judicieux, qui rentre dans l’univers de Nightwish, sans tomber dans le piège de ne reprendre que du metal avec des instruments classiques. Toutes les influences sont assumées, ce qui donne de la fraicheur à l’ensemble, avant de laisser débarquer les metalleux.
Setlist :
Cry Me A River(Justin Timberlake)
Wonderful Life (Hurts)
Paparazzi (Lady Gaga)
Theme from The Godfather
In The End (Linkin Park)
Clocks (Coldplay)
Battle Beast
A peine le décor des allemandes retire qu’arrivent sur scène les six membres de Battle Beast. Tous de noirs vêtus, les Finlandais présentent au public parisien un heavy metal des plus classiques, avec refrains immédiats, riffs accrocheurs et rythmique martiale, dans la grande tradition des Judas Priest et autres Accept. Le timbre de Nitte Vallo, chanteuse du groupe, n’est pas sans rappeler celui de Doro, avec ce grain de voix très rock n’roll. Son acolyte guitariste, Janne Björkroth, prend souvent le micro pour lancer des vocaux fortement inspirés d’Udo Dirkschneider, mais son chant n’est pas assez au point.
Le temps d’un set d’une demi-heure, Battle Beast présente une bonne partie des titres de son unique album, Steel. Si les musiciens s’exécutent de manière carrée et maîtrisent sans souci leur sujet, on peut néanmoins emettre des réserves sur le son. Assez faiblard, il ne transmettait pas les compositions avec assez de puissance. De plus, la section rythmique était traitée de manière relativement imprécise.
Pourtant, le public est sous le charme. Après une première partie d’Eklipse toute en douceur, les cheveux commencent à bouger au rythme de la frappe du batteur Pyry Vikki, et certains metalleux se prêtent à l’exercice du chœur, grâce à des refrains aux allures de slogans, faciles à reprendre en chœur.
Les titres immédiats que Battle Beast propose leur ont permis de marquer des points auprès d’un public qui s’est montré bien enthousiaste. Un bon point de départ pour un groupe nouveau sur le marché du metal, qui risque de voir le succès de son album augmenté.
Setlist :
Justice And Metal
Armageddon Clan
Cyberspace
Steel
Riding High
Victory
Enter The Metal World
Show Me How To Die
NIGHTWISH
Il est maintenant temps pour les pointures finlandaises de montrer leur maîtrise de la scène, cette fois devant un public bien plus fourni que lors des précédentes tournées. Si le Palais Omnisports de Paris Bercy n’a pas affiché complet, les fans se sont tout de même déplacés en masse, comme le fera remarquer la frontwoman Anette Olzon.
C’est vers elle que les regards sont rivés. Si les concerts parisiens de la tournée Dark Passion Play ont convaincu, la suédoise avait accusé quelques faiblesses lors de sa première tournée mondiale. Pourtant, sa maîtrise vocale est totale sur la quasi-totalité du set, et la chanteuse s’essaie même à quelques variations qui se révèlent à chaque fois pertinentes. On notera en revanche quelques faiblesses en fin de set, mais rien d’alarmant.
En bonne meneuse de scène, Anette se montre également spontanée dans son jeu de scène. Constamment souriante, elle improvise quelques pas de danse maladroits, et s’éclate sur les morceaux interprétés. Ses apostrophes au public sont toujours directes. Si elle se prend un bide en essayant de faire chanter "Chanson d’Amour" de Manhattan Transfer, elle ne se dégonfle pas et repart de plus belle. On ne peut pas en dire autant de son acolyte Marco Hietala qui, malgré une bien plus grande expérience de la scène, se montre moins à l’aise pour s’adresser à la foule.
En revanche, sa maîtrise vocale est maintenue, tout comme sa maîtrise de la basse, ce qui s’applique à chaque musicien. Le guitariste Emppu Vuorinen, bien que son importance ait diminué, s’est amélioré et ne fait plus de grosses erreurs. Tuomas Holopainen reste maître de son clavier, et se permet même quelques fantaisies, en reprenant les mélodies de "Stargazers" et de "Gethsemane" pendant le solo de "Planet Hell". Troy Donocley, musicien invité pour la tournée, se montre toujours aussi talentueux avec sa cornemuse, si bien qu’il transcende la reprise de Gary Moore, "Over The Hills And Far Away".
Cette chanson est l’un des seuls anciens titres joués ce soir. En effet, sur une vingtaine de titres, seulement six proviennent des albums de l’époque où Tarja Turunen était dans le groupe. Les trois premiers disques sont éclipsés. L’album mis à l’honneur ce soir est le dernier, Imaginaerum, qui est presque interprété dans son intégralité. Force est de constater que les titres passent bien l’épreuve de la scène, bien qu’il soit difficile de comprendre pourquoi "Storytime" ou "I Want My Tears Back" sont jouées plus lentement que sur album.
En dehors de cette setlist qui prête à débat, le groupe à réservé d’autres surprises à ses fans. En milieu de concert, le groupe un set acoustique de toute beauté, avec en prime une version totalement inédite du tube "Nemo". Quelques titres, comme "Amaranth" sont rallongés pour le plaisir de faire chanter le public. Ce dernier est également épargné de la dernière partie de "Song Of Myself".
On regrettera en revanche le manque de mise en scène. En effet, lors de la tournée Dark Passion Play, le groupe avait fait l’effort d’amener des décors de scène assez importants. Ici, des jets de flammes sur le clavier et un écran font l’affaire. Si le show pyrotechnique et les lumières sont abondamment servis, une meilleure utilisation de la scène de Bercy aurait été souhaitable.
Nightwish aura donc délivré un concert fort bien exécuté, avec une chanteuse qui a gagné en assurance et un groupe qui n’a pas perdu sa maîtrise instrumentale. Si la setlist ne met pas tout le monde d’accord, le groupe montre qu’il avance, et qu’il est fier de mettre la nouveauté en avant.
Setlist :
Taikatalvi
Storytime
Wish I Had an Angel
Amaranth
Scaretale
The Siren
Slow, Love, Slow
I Want My Tears Back
The Crow, the Owl and the Dove
The Islander
Nemo (version acoustique)
Last of the Wilds
Planet Hell
Ghost River
Dead to the World
Over the Hills and Far Away (reprise de Gary Moore)
Rappel :
Finlandia (reprise de Jean Sibelius)
Song of Myself
Last Ride of the Day
Imaginaerum (Outro)
Un grand merci à Marine Crépiat pour les photos live de Battle Beast et Nightwish, et à Elodie Briffard pour la photo d'Eklipse.