Nightwish (+ Battle Beast et Eklipse) à  Esch-sur-Alzette au Luxembourg (21.04.2012)

Après 4 ans d'absence, Nightwish livrait son nouveau brûlot Imaginaerum, globalement bien reçu mais ayant été pour certains une déception. Qui dit la sortie d'un opus, dit une tournée pour aller le promouvoir. C'est donc ce que va faire le groupe, qui partira donc de sa Finlande pour arpenter les routes européennes, en compagnie de Battle Beast et d'Eklipse. Quelques jours après le concert de Paris-Bercy déjà présenté à vos yeux il y a une heure, La Grosse Radio était également présente au Luxembourg, rien que pour vous (et pour moi-même aussi, hein).

EKLIPSE

Les 4 allemandes arrivent sur scène avec un décor mignon tout plein : chaises blanches, lampadaires allumées, pas de doute, on doit s'attendre à quelque chose de plutôt intimiste. Il faut savoir que la particularité de ce quatuor, c'est les reprises de tubes pop et rock au violon, violoncelle et alto. Ainsi, on passera de Justin Timberlake en ouverture à Linkin Park, sans oublier Lady Gaga, le thème du film Le Parrain et Hurts.
Oui ça semble saugrenu en première partie de Nightwish, d'autant plus que le concept n'est pas franchement original. Et malheureusement, la prestation sera plutôt mitigée.

Pas mauvaises musiciennes, les 4 filles d'Eklipse restent beaucoup trop concentrées sur leurs instruments et l’interaction avec le public est, pour ainsi dire, inexistante (à part la brunette qui présentera rapidement le groupe). Et le violon, c'est un instrument qui, généralement, passe ou casse : dans le cas présent, on sera entre les deux. Les airs sont jolis, et les reprises plutôt bien faites. Ce sera toujours un plaisir de reconnaître des airs que l'on connaît, et interprétés de manière différente. Sauf que du côté interprétation, ça pêche : les jeunes femmes souhaitent donner un peu de personnalité, et ne dénaturent pas, ce qui est un bon point, mais l'ensemble restera trop scolaire, trop peu élaboré, et la performance de musicienne des demoiselles ne surprendra pas. On s'ennuie donc un peu au final, et, comble du comble, les deux violonistes laissent parfois échapper des faussetés qui ne feront pas plaisir à certains. L’altiste et la violoncelliste s'en tirent, elles, beaucoup moins.

Et l'autre point qui rebutera légèrement vient de la mise en scène : plutôt dévêtues, les jeunes femmes comptent assez sur leur physique attrayant (enfin question de point de vue) pour captiver. Dommage.

A défaut d'être transcendant, Eklipse n'est pas un mauvais groupe et fait passer un moment assez agréable quand même, malgré un peu d'ennui dans des temps morts. Mais les musiciennes doivent vraiment rôder leur prestation si elles veulent convaincre davantage.

BATTLE BEAST

Après les charmantes violonistes, place aux heavy metalleux de Battle Beast ! Look cliché à fond, tout comme la musique, les finlandais assument totalement leur attitude décalée, et tant mieux.

Même si du côté public, les réactions seront mitigées entre ceux qui ont adorés et ceux qui ont trouvé cela insupportable, la majorité sera favorable au groupe, et répondra présent à ses appels. Et il faut dire qu'ils ont la pêche ! Ils respirent le bonheur d'être là, et de jouer ce soir en tant qu'opener de leurs compatriotes de Nightwish. Donc au programme, c'est 30 minutes de heavy metal puissant et adroit, certes traditionnel et absolument pas original, mais terriblement agréable et qui donne envie de bouger et sauter sur place (ce qui sera fait, d'ailleurs).

Côté setlist, le groupe va piocher dans son premier brûlot Steel pour nous envoyer dans la face un metal pêchu et agrémenté de parties de guitare bien menées. Entre l'éponyme « Steel », « Cyberspace », « Justice and Metal » ou « Enter the Metal World », nous ne sommes pas déçus par le choix qui a été fait par le groupe.

Nitte Vilo, la chanteuse, interagit beaucoup avec la foule, et sollicitera le public pour chanter plusieurs fois, avec plus ou moins de succès (nb. : le côté gauche a largement poutré le milieu et le côté droit au concours de chant, haha !!) mais une joie communicative, et surtout, une super voix ! Capable d'aller chercher dans les graves, le suraigu, toujours avec puissance et justesse, la jeune femme sait y faire !

Donc, au final, une bonne prestation de la part de Battle Beast. Pas exceptionnelle certes, mais récréative et qui fait passer un très bon moment !

Maintenant, les stars de la soirée se font attendre avec leur rideau blanc et noir tout chiant qui bouche la vue et nous fait attendre durant 45 longues minutes (ouais, ils doivent aimer se faire désirer).

NIGHTWISH

Et bim, voilà « Taikatalvi » qui démarre et les premiers hurlements féminins se font entendre. Pas autant que dans une salle de cinéma pour Twilight (ceci n'est pas une expérience personnelle), mais quand même.

Et débute « Storytime ». Et Nightwish sort le grand jeu : images de fond qui changent à chaque morceau, décor de scène (le clavier en coquillage, les écrans, les canons à confettis, les pyros, les feux d'artifice et la fumée, tout y est), ils n'ont pas lésiné sur les moyens pour nous impressionner, et nous en mettre plein la vue. Sans doute un moyen pour eux de nous faire oublier la tenue douteuse d'Anette Olzon, au sens esthétique étrange.

Musicalement : c'est la claque. Le décor n'est qu'un complément à une qualité musicale qui est, elle, bien présente. Vous n'avez pas aimé le dernier opus Imaginaerum ? Sur scène, croyez-moi, les morceaux passent nettement mieux, avec une formation heureusement d'être là, souriante et qui donne tout. Et la réception est bien présente côté public : ça saute, ça headbangue, ça crie (parfois trop), ça répond présent et surtout, ça offre un cadeau d'anniversaire au batteur Jukka. Ben oui, un nounours en peluche et des petits mots, ça fait toujours plaisir non ? (et surtout, ça redonne encore plus le sourire à Nightwish qui n'hésite pas à lancer des blagues à destination du concerné).

Nightwish

L'interaction est très bien assurée par les musiciens, notamment par Marco Hietala et Anette Olzon. Et d'ailleurs, parlons de la si décriée chanteuse suédoise. Oui, on sait, depuis qu'elle a intégré le groupe, Nightwish c'est de la pop, de la variété et blablabla... des styles auxquels nous n'avons pas été confrontés. Le set restait résolument metal, avec une guitare très bien placée dans le mix (faut dire que le son était très bon, surtout par rapport à Battle Beast où là, ça l'était beaucoup moins), et qui dirigeait souvent la danse. Mais surtout, Anette, elle jugée inapte par tant de monde, prouvera même à certains détracteurs qu'elle a tout à fait sa place dans Nightwish, et que ses capacités vocales sont étendues. « Scaretale » le prouve, et l'éventail des capacités de la miss est énorme, ses changements de registre aussi, et une telle amélioration de sa part est plaisante. Elle est enfin techniquement très bien rodée, et à part quelques écarts sur « Planet Hell » et « Over the Hills and Far Away », elle sera très bien. Même sur certains anciens morceaux où on pouvait craindre qu'elle se plante, Anette se jouera des moqueries et prouvera sa qualité : « Wish I Had an Angel », « Come Cover Me » ou encore « Dead to the World » collent parfaitement à son chant, et elle sera en adéquation avec la musique. Et rien que pour ça, bravo à elle. Sans parler de son attitude, souriante, dynamique, enjouée, heureuse de passer un moment avec les fans sur scène, et ça, ça fait vraiment chaud au cœur.

Côté setlist, on se retrouve donc surtout avec le dernier en date, Imaginaerum, dont ils joueront 10 morceaux (les absents étant « Arabesque », « Turn Loose the Mermaids » et « Rest Calm »). Et tout cela passe très très bien. Ils se voient dynamisés, avec une nouvelle facette, moins BO de film et bien plus metal. Ils piocheront aussi dans leur ancien répertoire, et les lignes, désormais adaptées et/ou maîtrisées par Anette, passent très bien grâce à la voix de la chanteuse suédoise et de son complice bassiste Marco Hietala qui, lui, sera très présent également, et dont la voix apporte encore une aura supplémentaire (pour les anciennes pistes, voir la setlist en dessous du report). Petit passage de calme, à un moment, avec l’enchaînement « The Crow, the Owl and the Dove », « The Islander » et une version de « Nemo » acoustique, où l'on notera la présence de Troy Donockley, qui jouera divers instruments comme la cornemuse, etc. Et c'est beau, mais à force, ça devient un peu longuet. Déjà que « Slow, Love, Slow » avait été jouée un peu avant, ça faisait temps mort au bout d'un moment, et peut-être une meilleure répartition aurait été judicieuse. Qu'importe, le moment passé reste bon, tout comme ce concert, de grande qualité dans sa globalité, qui termine sur « Last Ride of the Day » après le rappel. Un morceau intense et énergique, très bien chanté par Anette, avant de voir les musiciens tirer leur révérence et s'en aller.

Setlist :

Taikatalvi
Storytime
Wish I Had An Angel
Amaranth
Scaretale
Slow, Love, Slow
I Want My Tears Back
Come Cover Me
The Crow, The Owl And The Dove
The Islander
Nemo (acoustique)
Last Of The Wilds
Planet Hell
Ghost River
Dead To The World
Over The Hills And Far Away

Rappel :

Finlandia
Song Of Myself
Last Ride Of The Day
Imaginaerum

Ce concert de Nightwish était vraiment d'excellente facture, et l'ennui définitivement absent. A retenir donc, un groupe très professionnel qui passe vraiment au rang de grand nom du metal et ne vole pas sa réputation, une Anette Olzon bluffante dont la voix s'adapte à moult registres, une mise en scène soignée bien qu'un peu kitsch, et un concert passé à une vitesse phénoménale. Nightwish, une valeur sûre. Merci aux finlandais pour l'excellent moment.

Photo par ©Joëlle Schisselé
 



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