Un nouvel album des Pretty Maids est un événement aussi rare que sa promotion passe inaperçue. Le "Gotthard danois", au-delà de la sympathie indéniable qu'il nous évoque, n'est pas un groupe majeur de la scène heavy metal, mais propose généralement des morceaux plaisants, à défaut d'être entêtants.
Pourtant, Motherland en 2013 avait eu le mérite d'être très convaincant, et les diverses collaborations de Ronnie Atkins avec la formation désormais phare de Tobias Sammet, Avantasia, laissaient présager une influence bénéfique pour ce Kingmaker. Le résultat sera plutôt décevant.
Les riffs sont acérés et puissants. Le talent de mise en place de Ken Hammer n'est clairement à mettre en doute, et les mises en place de chaque titre sont solides. Son compère Ronnie Atkins n'est lui aussi pas en reste, alternant entre une voix douce et bien en place avec un timbre éraillé, offrant de la puissance aux pré-refrains. Mais comme il faut bien que ça pêche quelque part, c'est dans la force des compositions que le bât blesse.
Malgré des amorces de morceaux entraînantes, la pression retombe dès le refrain apprêté. Tantôt trop pop kitsch, tantôt carrément ridicule avec des choeurs qui ont vingt ans de retard, la sauce peine à trouver son équilibre et au-delà de quelques moments efficaces ("King of the right here and now"), l'album perd en relief. Une telle force d'exécution mise au service de compositions solides aurait certainement donné un album qu'on aurait retenu à coup sûr.
Ce n'est donc pas aujourd'hui que les Pretty Maids sortiront de leur cage underground. On leur souhaite de continuer à survivre, pour nous proposer quelque chose qui, n'en doutons pas, vaudra le détour. Tout ceci est bien dommage lorsque l'on a conscience du talent des musiciens, de leur cohésion, et des titres foutrement bien faits qu'ils ont déjà réussi à pondre par le passé. Allez, juste un petit effort, ce sera pour la prochaine fois.