Il aura suffi d'une dizaine d'années et de quelques albums pour que The Answer se retrouve dans des Trabendo remplis à ne plus savoir où mettre ses fans adorateurs, et à des sets bien avancés sur des festivals où l'affluence durant leur prestation n'aura rien à envier aux têtes d'affiche qui suivront. L'exemple d'un petit succès intimiste qui fait son petit bonhomme de chemin sans aucune embûche.
Là où les groupes ont tendance à proposer des travaux différents jusqu'à trouver leur recette qui leur apporte la pérennité financière (on pense à Scorpions qui, ayant pourtant proposé des idées fantastiques à leurs débuts, repèteront la même soupe sans la faire varier d'un iota une fois les premiers billets verts amassés), c'est lorsque Raise A Little Hell sonne leur première apogée que The Answer, prenant ainsi tout le monde à revers, décide de s'éloigner de son rock 70's nerveux et aguicheur. S'éloigner est d'ailleurs un faible mot, tant le fossé est drastique.
Tout amateur du hard rock des Irlandais sera fortement dépaysé avec Solas. Point de riff fédérateur pour introduire la galette, mais un premier titre intrigant, poussé vers le mystique et plus travaillé sur son ambiance. Si l'on reconnaît entre mille le timbre éraillé et chaleureux de Cormac Neeson, les couleurs musicales sont totalement changées.
Le groupe que l'on qualifiait alors de "Zepellinien" tant la ressemblance avec la formation mythique anglaise est visible, continue une route similaire puisque Solas s'apparente par moments aux expérimentations de Houses of the Holy, ou à la carrière solo de Robert Plant, particulièrement son orientation world music. Les arrangements prendront souvent cet aspect, s'offrant autant d'apparats folk loin de nous perdre que des sonorités d'ailleurs, que l'on attendait aucunement d'un groupe aussi calibré dans le rock que The Answer.
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Changement ne veut pas forcément dire qualité, et la question qui vient à se poser reste de savoir si on y trouvera son compte. The Answer a toujours été exemplaire sur ses compositions, et dans ce nouvel atout sera plus que convaincant. Nombreux seront les fans de la première heure qui lâcheront le quartet, mais si tant est que l'on s'intéresse et que l'on est charmé par cette nouvelle ambiance, le résultat sera maître d'émotions fortes.
Pas de titre qui va droit au but, mais une subtilité qui justement fait plaisir à entendre, et qui montre que le groupe n'a pas fait qu'évoluer, il abandonne son adolescence pour mûrir, proposer une musique plus aboutie, adulte et hautement personnelle. On en redemande volontiers, le coup d'essai est de haute volée.