Soirée détente, hommages décalés aux titres mythiques du rock et du metal, ambiance texane installée par un groupe finlandais : tel est le programme de ce soir au Divan du Monde, qui pour l’occasion affiche complet. Le public ne s’y est en effet pas trompé : Steve ‘N’ Seagulls, c’est l’assurance de passer une soirée de fête mémorable, d’oublier tous ses soucis, et de se remuer dans un pit acquis à la cause des countrymen fans de gros son. Mais avant de plonger dans l’univers barré de ceux qui ont percé grâce à leur reprise de "Thunderstruck", place à Komanski, sorte de Didier Super pop complètement frappé, pour une première tranche de rigolade.
Komanski
Première pensée lorsqu’on voit monter le gaillard sur scène, guitare à la main, accompagné d’un claviériste : "mais qu’est-ce qu’il fout là ?" Son premier titre popisant semble complètement niais et cul-cul, jusqu’à ce qu’on percute. Pris au douzième degré, Komanski est en fait à mourir de rire ! Après petite recherche, l’artiste a déjà partagé la scène avec Oldelaf, les Fatals Picards ou encore Katerine et Elmer Foodbeat : ce n’est pas un hasard.
Les titres s’enchaînent et les paroles font éclater des rires ici ou là, quand Komanski chante, évoquant un coup d’un soir dans un parking : "Je ne t’oublierai jamais, mais c’est quoi ton nom déjà ? ". Le jeu complice entre les deux musiciens fait plaisir à voir, et les sonorités basiques voire de mauvais goût assumées renforcent l’univers très Didier Super du set. Mention spéciale aux 0,3 secondes de silence réclamées pour faire hommage à Jean-François Copé… ça se passe de commentaire, mais pas de rires aux éclats !
Après une grosse demi-heures de blagues salaces mais pas lourdes, et non sans avoir revêtu leurs magnifiques chapeaux à l'effigie de saumons, les deux clowns se retirent de scène sous les applaudissement d’un Divan du Monde quasi comble, qui réclame même brièvement un morceau supplémentaire, chose assez rare pour être soulignée.
Steve ‘N’ Seagulls
La sphère metal, mais aussi une bonne partie du reste du monde, avait découvert Steve ‘N’ Seagulls lorsqu’était sorti son clip de "Thunderstruck" d’AC/DC, revisitant le classique à la sauce country, banjos, mandolines et contrebasse à la clé, dans un cadre bucolique au possible. Après avoir sorti très récemment son excellent second album Brothers In Farm, les Finlandais avaient à cœur de venir mettre à mal les plus grands titres du paysage métallique sur scène.
Attendu, le groupe l’est, comme en témoigne son arrivée impériale sur scène, au son de l’intro revisitée de "Aces High", étirée sur presque deux minutes, le temps pour les musiciens de se faire désirer et de savourer la clameur de la salle. C’est justement "Aces High" qui ouvre le bal, et quel départ fulgurant ! Le groupe est à 200% dès le début, comme en témoigne le chanteur, qui sue à grosse gouttes. Iron Maiden sera également à l’honneur avec la reprise de "The Trooper", qui fera donner de la voix au public pour épauler le groupe dans les célèbre "Oh oh oh oh oh" du refrain. Quatre autres groupes sont mis en avant à deux reprises ce soir : il s’agit des Guns N’ Roses, AC/DC bien sûr, Metallica et Nightwish, qui voit un second titre intégré au rappel. Il s’agit de "Over The Hills And Far Away", qui en toute rigueur était déjà une reprise de Gary Moore, et n’était pas présent lors des dernières dates de la tournée : quelle bonne surprise !
A gauche de la scène, le colossal Hiltunen joue de l’accordéon, ou parfois de la mandoline, avec ses airs de gros bébé, tandis que côté cour, c’est Herman qui se démène sur son banjo, en envoyant notamment de beaux solos, sur "Symphony Of Destruction" de Megadeth par exemple. Son nom est d’ailleurs scandé à de nombreuses reprises par les fans, et les mauvaises langues diront malicieusement que c’est parce qu’il est le seul à avoir un prénom que les Français savent prononcer (!). En dehors des morceaux mythiques traditionnels, de nombreuses surprises plus modernes fonctionnent à merveille sur scène : ainsi "Wishmaster" ou encore "Self Esteem" jouent sur deux tableaux différents mais très efficaces, le metal symphonique de Nightwish d’un côté, et le punk de notre adolescence à la Offspring de l‘autre.
Tout le long du set, la bonne humeur est évidente, que ce soit dans le pit, où de gentils moshpits s’animent dès "Self-Esteem" justement, ou sur scène, où de larges sourires soulignent les chapeaux absurdes des musiciens.
Musicalement, on ne peut qu’être impressionné par la capacité des musiciens à changer d’instrument toutes les cinq minutes sans jamais aucun temps d’adaptation apparent, ainsi que la qualité des voix des quatre protagonistes qui ont des micros, et se répondent au fil des morceaux. Le frontman Irwin Remmel est une vraie pile électrique, et sait haranguer la foule sans en faire trop, le public étant de toute façon entièrement acquis à sa cause.
L’excellente et technique reprise du "Burn" de Deep Purple précède le fameux "Thunderstruck", puis le set principal s’achève sur une version débridée de "Seek & Destroy". Ce joyau de Metallica, excellent sur la version studio de Steve ‘N’ Seagulls, pâtit maheureusement d’un son assez brouillon, alors que tout était parfaitement balancé jusque-là. C’est dommage, mais au vu de la qualité du reste de la soirée, on ne peut que difficilement en tenir rigueur aux Finlandais.
Enfin, c’est l’heure du rappel, qui se termine par une version dantesque de "Born To Be Wild", qui fait véritablement honneur au morceau de Steppenwolf. Le titre se retrouve séparé en deux parties entrecoupées d’un long intermède instrumental mélangeant influences orientales et hindoues. Hiltunen joue au timide et se laisse encourager avant de se lancer dans un solo de flûte traversière complètement décalé mais loin d’être ridicule. La soirée s’achève donc sur cette revisite aussi improbable qu’imparable du classique qui a consacré le terme "heavy metal" : quelle plus belle conclusion que ce retour aux origines ?
Ce sont des fans heureux qui retrouvent ensuite les membres du groupe au stand merch pour échanger quelques mots et prendre des photos : les musiciens sont accessibles, et tout à fait à l’image de leur interprétation rafraîchissante du répertoire metal. On en redemande, et vite !
Setlist :
1. Aces High (Iron Maiden)
2. You Could Be Mine (Guns N’ Roses)
3. It's a Long Way to the Top (If You Wanna Rock 'n' Roll) (AC/DC)
4. The Trooper (Iron Maiden)
5. Wishmaster (Nightwish)
6. Self Esteem (The Offspring)
7. Symphony of Destruction (Megadeth)
8. Black Dog (Led Zeppelin)
9. The Pretender (Foo Fighters)
10. Cemetery Gates (Pantera)
11. You Shook Me All Night Long (AC/DC)
12. Fill Up The Tank
13. Sad But True (Metallica)
14. Out in the Fields (Gary Moore)
15. November Rain (Guns N’ Roses)
16. Burn (Deep Purple)
17. Thunderstruck (AC/DC)
18. Seek & Destroy (Metallica)
Encore :
19. Over the Hills and Far Away (Gary Moore)
20. Born to Be Wild (Steppenwolf)
Photos : © 2016 Régis Peylet
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