L'ouverture des portes étant annoncé à 18h, c'est une masse bien consistante qui a établi sa base devant la salle du Petit Bain pour venir applaudir Inquisition et Rotting Christ. Nombreuses sont les personnes s'étant déplacées dès 18h, pour ne pas manquer la première partie de cette soirée, assurée par Schammasch et Mystifier.
Schammasch
C'est le groupe Schammasch qui est chargé d'ouvrir le bal, offrant ainsi la belle surprise de la soirée, puisqu'il s'agit d'une formation que l'on a pas coûtume de retrouver sur nos terres. Pour cette première tournée en France, les Suisses sont donc un groupe à découvrir.
Autour de nous, bien des spectateurs en ressortent subjugués, et cela est tout à fait légitime après la performance des Helvètes. Le groupe débarque sur scène, le chanteur paraissant impressionant avec sa capuche et son visage peint en noir, pourtant courant dans le milieu black.
Le ton est donné et le groupe de black/avant garde venu de Suisse attire l'attention par une maîtrise d'emblée. Les morceaux du groupe sont longs mais cela ne se fait pas du tout ressentir. "Contradiction" en est une des plus belles preuves, et également un des meilleurs morceaux écrit par le groupe à ce jour.
Deux points sont à noter : d'une part la voix du chanteur demeure impeccable, identique à celle présente sur la version studio. D'autre part, la sono, irréprochable venant du Petit Bain, permet notamment un bon équilibrage des instruments et ne nous perd pas dans un brouahaha qui peut-être récurrent pour ce type de concerts.
La formation est jeune et ne possède pas une discographie dense. Pour autant, elle peut varier les différents titres et le fait en jouant notamment "Metanoia", morceau extrait de leur nouvel album, Triangle.
La voix claire de Chris S. R laisse quelque peu à désirer, la justesse n'étant pas totalement au rendez-vous, mais cela n'est pas réellement préjudiciable.
La formation Suisse quitte la scène après un dernier "Black But Shining" qui conclut parfaitement le set d'un groupe ô combien talentueux et qui aura ravi toute la salle. Une confirmation pour les personnes suivant déjà Schammasch, une belle découverte pour celles qui n'était pas encore à jour.
Mystifier
Ambiance différente avec l'arrivée des Brésiliens de Mystifier. Cela se voit directement dans le public, où l'agitation est d'autant plus forte. On passe à une formation plus rentre-dedans, se rapprochant de la tête d'affiche du soir, Inquisition.
Les membres du trio ont l'avantage d'être connus par une partie du public, qui participera activement tout au long de leur set. Les Brésiliens ne sont pas nouveau sur le circuit, loin de là. Pour autant, malgré une longue longétivité, leur discographie n'est pas pour autant chargée, leur dernier album studio remontant à 2001.
Si en studio le groupe a pu enchanter une partie de l'auditoire, la performance en live n'est pas d'une brutalité avérée. Le chanteur, également bassiste et claviériste, tente de pallier à cette sensation de manque qui nous habite tout au long du set.
L'on enlevera pas la bonne humeur et l'amabilité des membres, notamment du guitariste qui prendra la parole au public, bière à la main. Sa performance est à la hauteur du sentiment général qui nous anime; cela rendait mieux en studio.
Pour autant, certains morceaux tirent le groupe vers le haut, à mesure que les titres s'enchaînent, comme "Give The Human Devil His Due". On saluera également la venue du chanteur de Schammasch pendant le set de Mystifier, apportant un vent de fraicheur certain et nécessaire.
Les Brésiliens conclueront par l'un de leur titre phare, "Beelzebub", quittant la scène après un dernier contact avec le public qui les remerciera dans leur langue natale.
Rotting Christ
Curieux choix de la part de Rotting Christ que de rentrer sur scène avec "Orders From The Dead". Ce long morceau où est présent un chant féminin prend pourtant une autre tournure beaucoup plus violente en live, pour notre plus grand plaisir et celui du public.
On comprend vite que l'on passe à la vitesse supérieure avec Rotting Christ, groupe qui aurait pu et dû être en tête d'affiche sur cette tournée. Que nenni, cela ne nous enlève pas le plaisir d'avoir en face de nous ce mastodonte de la scène metal grecque.
Dôtés d'une renommée totalement légitime, les quatre membres du groupe originaire d'Athènes viennent ici défendre leur dernier opus, Rituals, sorti plus tôt dans l'année. C'est d'ailleurs avec un nouvel extrait de celui-ci que le groupe continue; "Ze Nigmar". La voix de Sakis Tolis est pleine de puissance, épaulée par les choeurs du bassiste Van Ace.
Rotting Christ est une machine de guerre où chaque album comporte son lot de bijoux. L'enchaînement "Kata Ton Demona Eautou" / "Athanati Este" ne laisse personne de marbre, montrant même toute l'étendue du talent des Grecs avec ces deux titres phares.
Retour à Rituals avec le premier single fourni avant la sortie de cet opus, "Elthe Kyrie". Le public répond parfaitement au groupe, en scandant les paroles des morceaux. C'est d'ailleurs impressionnant sur "Apage Satana", l'un des meilleurs titres de Rituals par ailleurs. La répétition d'"Apage Satana" fait monter crescendo la température avant l'explosion.
Puis, ce sont d'anciens morceaux qui refont surface, en la présence de "The Sign Of Evil Existence", court et rentre dedans, ouvrant sur "The Forest of N'Gai". Rotting Christ fait le choix de représenter plusieurs de ses albums. Et c'est là où se trouve notre seul petit bémol de la soirée, avec la non présence de titre tiré de Theogonia, qui est pourtant sans doute le meilleur opus écrit par les Grecs à ce jour.
Pour autant, cela n'entâche pas la prestation irréprochable et totalement folle que nous livre la formation athénienne. Chaque membre a sa part du gateau, depuis le bassiste aux mimiques incroyables jusqu'au chanteur doué d'un charisme indiscutable.
Le frontman garde une voix irréprochable tout du long, et le contact entre Rotting Christ et son public alimente la performance quasi parfaite -car la perfection n'existe pas- du groupe grec.
A l'instar d'"Apage Satana", on retrouve avec "Grandis Spiritus Diavolos" cette répétition reprise en choeur par l'auditoire. On est une nouvelle fois impressionné par le niveau livré par les musiciens ce soir, notamment des deux guitaristes qui se donnent à coeur à chaque solo. La sonorisation du Petit Bain permet à la performance de rester digne de ce nom.
Sakis Tolis annonce la fin du set avec une nouvelle fois une perle signée Rotting Christ, "Noctis Era". Plus de 20 ans de carrière et une forme toujours aussi éclatante, la formation grecque n'a de toute manière plus rien à prouver, si ce n'est qu'elle est et demeure l'une des meilleures formations de black metal, en live comme en studio.
Setlist Rotting Christ :
1. Orders From The Dead
2. Ze Nigmar
3. Kata Ton Demona Eautou
4. Athanati Este
5. Elthe Kyrie
6. Apaga Satana
7. The Sign Of Evil Existence
8. The Forest Of N'Gai
9. Societas Satanas
10. In Yumen-Xibalda
11. Grandis Spiritus Diavolos
12. Noctis Era
Inquisition
Avec presque 30 ans de carrière, Inquisition se positionne comme un cador de la scène black metal. Une discographie bien garnie et une réputation méritée. C'est en cela que le groupe est ce soir tête d'affiche, devant des noms pourtant d'une renommée également conséquente.
Le groupe, qui a la particularité de ne compter que deux membres, Dagon et Incubus, respectivement guitariste-vocaliste et batteur, monte sur scène devant une foule bien chauffée par la claque Rotting Christ.
Pour autant, ce ne sont pas les mêmes réactions, ni les mêmes gestes qui suivent lors du set d'Inquisition. Le black proposé par la formation basée à Seattle est différent de celui proposé juste avant.
Venu défendre leur dernier album, Bloodshed Across The Empyrean Altar Beyong The Celestial Zenith, salué positivement par la critique, le groupe débute tout naturellement par l'intro de ce dernier.
"From Chaos They Came", qui suit sur l'album et sur la setlist, permet de prendre conscience du niveau proposé par les membres d'Inquisition ce soir. Si la voix de Dagon ne ressort pas du lot, sa dextérité à la guitare ne peut qu'être louée. Initialement groupe de thrash, Inquisition donne la part belle à ces envolées rythmiques et aux riffs bien envoyés que toutes les formations black ne peuvent se permettre.
La setlist est variée, proposant aussi bien des nouveaux morceaux que des plus anciens, ravissant les fans présents. Le fait d'introduire des titres plus anciens, tel que "Dark Mutilation Rites", permet à ces derniers de retrouver une seconde jeunesse. Ce morceau par exemple, pourrait paraître presque vieilli comparé aux derniers enregistrements studios du groupe. En live, il acquiert une puissance oubliée dans l'intensité de la voix de Dagon, dans les accords effectués et dans l'acharnement d'Incubus derrière sa batterie.
Mais une forme de lassitude est palpable dans les derniers morceaux. Si pour Rotting Christ l'intensité demeurait à son paroxysme, la performance d'Inquisition, bien qu'irréprochable, marque moins les esprits et offre un petit relachement de la part de l'auditoire. La fatigue commence à se faire ressentir et cela se voit à travers un public moins en forme.
La boucle est bouclée, le groupe ayant démarré avec le début de son dernier opus conclut logiquement par les trois derniers titres. Le temps de montrer, une dernière fois, autant le talent indéniable de ces membres que la retranscription réussie du studio à la scène.
L'outro "The Invocation Of The Absolute, The All, The Satan" ainsi que "Coda : Hymn to the Cosmic Zenith" accompagnent Incubus et Dagon vers les coulisses, sous les applaudissement d'un public qui aura été gâté ce soir.
Setlist Inquisition :
1. Intro : The Force Before Darkness
2. From Chaos They Came
3. Ancient Monumental War Hymn
4. Hymn For A Dead Star
5. Desolate Funeral Chant
6. Infinite Interstellar Genocide
7. Vortex From The Celestial Flying Throne Of Storms
8. Dark Mutilation Rites
9. Embraced By The Unholy Powers Of Death And Destruction
10. Command Of The Dark Crown
11. Astral Path To Supreme Majesties
12. A Magnificent Crypt Of Stars
13. The Invocation Of The Absolute, The All, The Satan
14. Coda : Hymn To The Cosmic Zenith
Photos : Justinator