Fondée en 2009, Detoxed est une formation montpelliéraine officiant dans un registre death metal moderne teinté de thrash. Malgré sept années d'existence, le combo vient seulement de sortir son premier opus, Modern Slavery. Une nouvelle qui devrait ravir les amateurs de riffs modernes et de hurlements habités, ainsi que les adeptes de moshpits.
Si le groupe se revendique également de la scène death metal mélodique, notamment celle issue de la Suède, Machine Head est bien la référence qui nous vient immédiatement en tête à l'écoute du premier titre de la galette, "Shape Shifter". Dès les premières pistes, Detoxed balance des brûlots courts (tous les titres sont compris entre 3mn30 et 4mn30), mais directs et sans fioriture. Le chant hurlé de Laurent Py rappelle celui de Robb Flynn, avec un timbre écorché, sachant toutefois se faire ponctuellement plus mélodique ("Fear of Terror", "State of Mind"). Par instants, on songe également aux grandes heures d'In Flames, notamment sur le très mélodique "The Butchers" ou encore "Anosmic Bat", qui clôt brillamment cet opus.
A la guitare, la doublette composée de David Fantoni et Loïc Tezenas (ex-membre de Kalisia) envoie des riffs précis, taillés pour le live, et présente tour à tour des influences death metal ("Unveiled Insanity", "Destroyed Lands"), tantôt thrash moderne (avec une section rythmique irréprochable), tout en évoquant avec parcimonie quelques formations hardcore ("Fear of Terror").
On apprécie également la production nette et précise ainsi que le mix réalisé par Brett Caldas-Lima (aux Tower Studios), qui parvient à donner un gros son à Detoxed, lui permettant de rivaliser aisément avec les combos bien établis aux Etats-Unis. D'ailleurs, à l'écoute de cet opus, il n'est pas évident d'imaginer avoir affaire à un groupe français, tant l'identité de Detoxed semble ancrée sur le nouveau continent. La basse de Benoit Salaville est également bien mise en avant, donnant un groove entêtant aux titres, faisant d'ailleurs parfois penser à des formations comme Lamb of God (notamment sur le pont de "State of Mind").
Au rang des reproches, il est cependant nécessaire de souligner que l'ensemble des titres est assez similaire, en terme de riffing et de structure. De même, nous aurions souhaité plus de variations en terme de chant sur les parties vocales, celles-ci restant souvent cantonnées au même registre (à l'exception d'un passage growlé bienvenu bien que très court sur "Destoyed Lands").
Mais malgré cela, il est clair que ces titres sont écrits pour le live et qu'ils donnent furieusement envie de headbanger. On n'ose imaginer alors le potentiel qu'ils auront dans les salles de concert. Le maître mot de ce Mordern Slavery semble être colère et efficacité. De ce point de vue, Detoxed propose une oeuvre maîtrisée et totalement cohérente qui fera fureur chez les amateurs de circle pits. Rendez-vous dans les fosses pour en juger.
Note : 7,5/10
Photographie : © Arnaud Sintès 2016
