C’est dans la salle intimiste du Fil de Saint-Etienne que nous nous sommes rendus le samedi 19 novembre 2016 pour assister au concert de Black Bomb A, accompagnés par leurs amis de Loudblast. Malgré un froid glacial dehors, à l’intérieur de la salle la chaleur humaine y est. Pour l’occasion, la salle principale n’est pas utilisée, mais loin de la regretter, tout le public stéphanois et des environs s’est massé dans une salle plus petite certes mais beaucoup plus chaleureuse. Retour sur ce concert ou au détour de la fosse, on peut croiser tour à tour les membres de Benighted et Mick Caesare (No Return) venus passer comme le reste du public un moment mémorable.
Loudblast
C’est avec une saveur toute particulière que commence, avec juste un petit quart d’heure de retard sur l’horaire prévu, le set de Loudblast. En effet, le groupe va jouer en intégralité et surtout dans l’ordre l’album Sublime Dementia sorti en 1993. Cet album est une véritable clé de voute pour Loudblast , étant enregistré à Tempa Bay aux Etats-Unis et produit par Scott Burns fer de lance du death metal international. Le fait que cette setlist soit jouée que durant une mini tournée jusqu’en février 2017 et que Frédéric Leclercq, le bassiste de DragonForce soit présent sur scène, ne rendent que plus exceptionnelle la prestation qui va nous être délivrée.
Après une petite halte au bar où l’excellent accueil de la part du staff du Fil peut encore une fois être vérifié, 20h45 pétante, les hostilités peuvent commencer. La salle se plonge dans la pénombre, une intro instrumentale lourde et ténébreuse résonne et les quatre membres de Loudblast arrivent en masse sur les planches de la scène, nous annonçant de manière implicite la guerre à venir dans la fosse. Pas le temps de faire les présentations, « Presumption » est entonné, et fidèle à sa réputation, Stéphane fait le show, chauffant le public tout en délivrant en compagnie de Drakhian des riffs brutaux et saturés à souhait. Hervé commence fort le set, titillant sa double pédale, sachant qu’il réalisera plus tard le set de Black Bomb A à la batterie, sa technique et sa décontraction sont somme toute impressionante. En réponse à ce début tonitruant, quelques headbang timides commencent à faire leur apparition au sein du public, mais le tout reste quand même bien timide.
Les deux prochains morceaux confirmeront bien la tendance. Malgré des « Hé !hé !hé » poings en l’air dès les premières notes, l’énorme headbang tout en jouant de Pierre et les sign of the horns fleurissant dans toute la salle en fin de « Wisdom… (Father On) », seulement quelques légers pogos font leur apparition dans la fosse. Du coup, Stéphane pousse une beuglante, en hurlant un énorme « TURN OF FUCKING SCALES » et les riffs soutenus s’enchaînent. Mais rien n’y fait, la fosse reste encore bien timide. La sauce pourtant commence bel et bien à monter, les retardataires voulant faire front arrivant tout juste, c’est l’occasion de voir un beau headband brutal de la fosse sur les coup de butoir de la batterie d’Hervé et les riffs saturé de Stéphane, Frédéric et Drakhian sur le breakdown de ce troisième morceau.
Une minute trente de répit nous est accordée, le temps d’écouter et surtout d’apprécier le son de la voix mélodique de Sonia Lynn Otey sur « About Solitude ». Le groupe se prépare à la guerre sur cet intermède, c’est indéniable, le contraste va bel et bien être saisissant. Pas loupé, la voix de Sonia disparaissant dans les abîmes, le gros son fait son retour grâce à « Subject To Spirit ». La réaction de la fosse ne se fait pas attendre, l’intensité des pogos est clairement montée d’un cran et les premier stage diving font leurs apparitions. Grosse performance de Frédéric et Hervé, le premier ravageant les cordes de sa basse tout en se dévissant littéralement le cou sur des headbang surpuissant et le second frappant à un rythme effréné sur ses fûts, usant à la corde sa double pédale dont le son nous est si doux aux tympans.
Stéphane est heureux de voir la tournure que prennent les choses : « P****n c’est bon d’être à Saint-Etienne pour la 1ère fois p****n ! », « Pour la 1ère fois on va vous faire Sublime Dementia en entier, bouger votre c*l Saint-Etienne, c’est plus l’heure de l’apéro ! ». Effectivement, l’apéro est bel et bien terminé, on est même directement passé au plat de résistance, « Fire And Ice » met littéralement le feu à la fosse, les mouvements sont brutaux et les stage diving continuent de plus belle, même sur le solo ultra technique de Drakhian.
« In Perpetual Motion » fait suite à ce chaos. La performance et surtout le talent de chacun des protagonistes est bel et bien démontré grâce à ce gros morceau instrumental, alternant les rythmes lent et plus soutenus tout en montant crescendo. Des « Hé !hé !hé ! » rythmés poings et horns en l’air viennent introduire de la plus belle des manières le prochain titre qui n’est autre que « Fancies ». Sur la lancée de la chanson précédente, le son devient de plus en plus soutenu. Stephane, Hervé, Frédéric et Drakhian jouent à un rythme effréné, faisant naître par la même occasion le premier circle pit dans la fosse.
Stéphane hurle de toutes ses forces « SUBLIME DEMENTIAAA ! » introduisant de façon marquante cette chanson, issue de l'album éponyme joué en live aujourd’hui. Dans la lumière on ne peut qu’apprécier les grosses performances d’Hervé perché du haut de ses caisses et toms plus percutant que jamais et celle de Drakhian jouant à la perfection l’énorme solo de la chanson. Les stage diving tombent aux rythmes des headbang de Frédéric et Drakhian, déconcertants de facilité. La fin approche, le public le sait et se lâche de plus en plus. Pour finir la réalisation de l’intégralité de ce Sublime Dementia qu’on a toujours plaisir à écouté malgré les vingt-trois ans qui nous séparent de sa naissance, « My Last Journey » le clôture de la plus belle des manières. Stéphane toujours le pied droit sur le retour délivrant des salves de riffs tout en motivant le public amassé à ses pieds. « Il est pas mal ce petit apéro ? » dit-il avant de demander une ovation pour Frédéric venu prêter main forte à la basse.
Sublime Dementia a beau être terminé, ce n’est pas pour autant le moment de quitter la compagnie de Loudblast. Pour le plaisir de tous, « The Horror Within », « Disquieting Beliefs », « Taste Me » et « Cross The Threshold », clôturent ce set. Durant ces quatre derniers morceaux, on a pu assister au remplacement de Frédéric à la basse par Jacou le temps de « Taste Me » et surtout à Stéphane chauffant le public avec de bons : « Saint-Etienne t’es où ? Faites du bruit pour les cousins de Benighted présents parmis nous ! », « Comment ça se passe Saint-Etienne ? Faites du bruit nom de dieu de m**de ! » avant de conclure avec « Merci Saint-Etienne, vous avez été énorme ! Allez continuer bien, nous on va se mettre une murge ! »
Loudblast quitte la scène aux alentours de 21h45 sous les ovations du public, ayant fait plus que le taff en chauffant à blanc la salle pendant plus d’une heure. Si ça c’était l’apéro, la suite risque d’être exceptionnelle.
Setlist Loudblast :
Intro
1 – Presumption
2 – Wisdom… (Father On)
3 – Turn The Scales
4 – About Solitude
5 – Subject To Spirit
6 – Fire And Ice
7 – In Perpetual Motion
8 – Fancies
9 – Sublime Demantia
10 – My Last Journey
11 – The Horror Within
12 – Disquieting Beliefs
13 – Taste Me
14 – Cross The Threshold
Black Bomb A
Près de quatre ans après leur dernier passage en compagnie d’Ultra Vomit et L’Esprit du Clan au sein des murs acceuillants du Fil, Black Bomb A est de retour avec le duo Arno/Poun reformé au chant. Trente minutes ont suffi aux roadies pour débarrasser la scène des dernières traces du passage de Loudblast, laps de temps durant lequel tout le joli petit monde, présent pour la soirée metal de l’année à Saint-Etienne, en a profité pour se désaltérer avant la suite qui promet d’être chaotique.
Black Bomb A ne fait pas dans la dentelle, ça on le sait. Sans aucune introduction, l’ensemble du groupe arrive en masse sur la scène sous les acclamations du public venu en nombre tout devant la scène. Poun balance un grand “Foutez-moi la m**de!” et “Comfortable Hate”, le deuxième titre du dernier opus du combo est balancé à la face du public stéphanois. Arno et Poun font vraiment le show, naviguant chacun sur la totalité de la scène. Le pogo est tout simplement monstrueux, à l’image de la chanson. Le bruit est tel dans la salle qu’Arno est obligé de demander à la régie de monter le son de son retour.
Jacou se déchaîne littéralement sur “On Fire” accompagnant de bon train les salves vocales distribuées par Poun debout du haut de son retour. Sous les flash répétés des stromboscopes les Stage diving se multiplient à un rythme impressionnant. Le public de Black Bomb A est vraiment à l’image du groupe, complètement taré. A la fin du morceau, Poun prend des nouvelles de ses troupes: “ça va les amis? Ça se passe bien?” et Arno chauffe le public en valorisant l’accueil et l’ambiance du public stéphanois par rapport au public lyonnais.
“Lady Lazy” et “Double” qui suivent entraînent une guerre phénoménale dans la fosse. Sous les headbang ravageurs de Jacou ainsi que ses tours sur lui-même, et les performances scéniques hors du commun de Poun et Arno, les slam et autres pogos , stage diving et jump rythment ces deux morceaux délivrés à la perfection. Toujours perché en haut de son retour Poun hurle un “Allez, foutez moi la m**de!” et bien entendu il est écouté par l’ensemble de la salle.
“On est bien à Saint-Etienne, c’est chaud, c’est sauna!” balance Arno à la suite de “Double”, content de l’effet qu’a eu ce début de concert sur le public stéphanois. Avant de jouer “ Born To Die”, Poun tiens à faire une dédicace: “ Dédicace à JP et à tous ceux qui sont partis trop tôt!”. Au rythme de cette excellente chanson, Jacou et Snake naviguent de gauche à droite de la scène faisant profiter à l’ensemble de la fosse leur performance. La communion avec le public est totale, Poun tendant même le micro à un des membres de la fosse pour entonner le refrain à ses côtés. Les pogos et stage diving s’enchaînent dont un réalisé par un métalleux déguisé en superman, preuve de l’ambiance bon enfant de ce concert.
Les deux prochaines chansons que sont “To Reactive” et “The Point Of No Return” sont marquées quant à elles par la naissance de bon gros circle pit dont deux demandés avec rage par Poun lui même. Arno réclame un énorme big up pour Benighted qui est présent dans la fosse et participe activement à son animation surtout en fin de “The Point Of No Return”. A la fin de cette dernière Poun balance sur le ton de la plaisanterie: “C’était un morceau du dernier album que vous avez évidement tous acheté ou volé plutôt!”.
La chanson phare de leur dernier album qu’est “Land Of Bastards” résonne de façon tonitruante entre les murs de la salle stéphanoise. Introduite par Poun fidèle à son franc parlé : “ On est dans un pays entouré de bat**rds, n’oubliez pas!”, celle-ci est marquée par la performance de Poun et Arno, infatiguables, communiant toujours autant avec leur public qui se régale. Poun prend même le temps de se taper un bon demi pendant la chanson.
Un big up bien mérité pour Hervé, jouant pour la soirée pour les deux groupes est généreusement accompagné par les applaudissements de la foule pendant que l’ensemble du groupe se désaltère autour d’une bonne bière. La pause prenant rapidement fin, c’est au tour de “Look At The Pain” et par la suite “Police Stopped Da Way” d’être jouées toutes deux avec toujours la même rage. Et la fosse ne faiblit pas, les Stage diving et autres jumps naissant sur “Look At The Pain” et surtout, l’énorme, le colossal wall of dead suivi par l’ensemble du public sur toute la longueur de la salle pendant “Police Stopped Da Way”.
Quelle meilleure suite que l’indémodable “Mary”, époumonant l’ensemble de la salle au rythme des pogos toujours plus brutaux les uns que les autres ? L’ensemble du groupe remmercie le staff du Fil qui, comme à son habitude, a confirmé la générosité et la gentillesse tant connue des stéphanois. “La fin approche malheureusement” annonce Arno, mais celle-ci promet d’être dantesque. “Come On Down” est délivré avec Jacou et Snake envoyant leurs riffs saccadés et saturés à la perfection tout en jouant en face to face avec Hervé qui du haut de ses fûts ne fatigue donc jamais.
“Put*** de bruit pour tout le groupe! Put*** de bruit pour Loudblast! Put*** de bruit pour vous!” hurle Arno avant de lancer l’ultime assault de la soirée, et pas des moindres: “Make Your Choice”. Le chaos est total dans la fosse, les slam pleuvent sur les têtes de ceux gardant les pieds sur la terre ferme mais en profitant pour pousser et brutaliser généreusement et amicalement le compagnon d’à côté. Le rythme baisse de façon crescendo, comme pour faire durer le plaisir et en ultime remmerciement, Poun fait un tour remarqué dans la fosse ou plutôt sur la fosse! A l’instar de Loudblast, Arno clôture cet excellent set par “Merci mille fois, maintenant on se met une put*** de race!”.
C’est après une bonne heure de set que Black Bomb A quitte les planches de la scène du Fil de Saint-Etienne. La soirée fut riche en emotions. Avant de partir rien de tel que de croiser et surtout converser avec les members de Benighted sortant le 17 février 2017 leur dernier opus intitulé Necrobreed et l’ami Mick Caseare, frontman de No Return, organisant pour la première fois le Lions Metal Fest à Montagny (69) le 13 mai 2017.
Setlist Black Bomb A :
1 – Comfortable Hate
2 – On Fire
3 – Lady Lazy
4 – Double
5 – Born To Die
6 – To Reactive
7 – The Point Of No Return
8 – Land Of Bastards
9 – Look At The Pain
10 – Police Stopped Da Way
11 – Mary
12 – Come On Down
13 – Make Your Choice
Crédit Photo:
Un énorme merci à Annie Elodie Zemler pour sa couverture photo.Allez voir en masse ses report photos ici.