Venu de Strasbourg, Ophidian Spell est une jeune formation naviguant entre metal progressif et death metal, tout en incluant ponctuellement une petite touche de metal symphonique au sein de ses compositions. Avec son premier opus, Nux / Hêmera, la formation venue de l’est nous offre un album solide, quoique parfois déconcertant, où technique, mélodies et efficacité cohabitent dans un ensemble bien cohérent.
« Revenge », le premier titre de l’album, plante le décor, et en termes d’efficacité, la formation parvient immédiatement à tirer son épingle du jeu. Pour un album autoproduit, Nux / Hêmera n’a pas à pâlir de la comparaison avec d’autres galettes d’artistes plus établis. Chaque instrument est mis en avant, ce qui permet d’apprécier le niveau technique des musiciens.
Le chant de Will est globalement varié, passant de hurlements presques typés black metal (les parties vocales sur « Revenge » évoquent immédiatement Ihsahn, le leader d’Emperor) à des growls plus profonds typiques du death metal, le tout avec efficacité (« Lake Manzala »).
Mais comme de bons joueurs de poker, les membres d’Ophidian Spell ne dévoilent pas l’ensemble de leur jeu sur le premier titre, nous faisant la surprise de proposer du chant féminin (« The Dinner », « Close Distance ») et des influences symphoniques plus marquées sur les morceaux suivants (l’introduction de « Close Distance », « At the Edge », Lake Manzala »), enrichissant totalement leur palette sonore et leur univers (« Lethargia »).
Les parties vocales chantées par Seyma et Elise apportent une touche mélodique qui complète bien le chant death metal de Will, avec des lignes inspirées. Pourtant, il n’est pas toujours aisé pour un groupe d’ajouter ce type de sonorités et de voix au death metal, celles-ci détonnant généralement avec l’ensemble. Ici, ce n’est pas le cas, toutes les parties chantées se marient à merveille et pourtant, votre serviteur est plutôt difficile lorsqu’il s’agit de juger des voix féminines.
Si en introduction nous évoquions le côté progressif de l’album, notons toutefois qu’il n’y a pas de claviériste au sein du groupe, Ophidian Spell évitant ainsi l’écueil des sonorités typées 90’s, proposant un riffing moderne, où les guitares dominent avec brio (« Mental Universe », « Revenge »).
On pourrait toutefois souligner le son un peu trop triggué des prises de batterie, malheureusement inévitable aujourd’hui dans les productions de metal moderne, ce qui impacte un peu sur l’ensemble, malgré le jeu riche et varié de Gauthier derrière les fûts. De même, au rang des reproches, on pourrait également évoquer la durée de l’album, peut-être un peu longue pour permettre d’être facilement appréhendée par l’auditeur, d’autant plus que la richesse des thèmes et des structures (sur des titres pourtant relativement courts) complexifie la découverte de l’œuvre.
Pour autant, Ophidian Spell parvient à proposer un album cohérent, complexe et qui dévoile toutes ses subtilités après de nombreuses écoutes, tout en nous invitant dans leur univers à la personnalité propre et bien marquée.
Photo promo : DR