Grosse soirée, grosse affiche et gros décibels au programme de ce soir ! Le Bataclan se remplit peu à peu de chevelus divers et variés, les vestes à patches côtoient les costumes des fans tout droit sortis du boulot, et les générations se mélangent pour un line-up varié et éclectique. Et nom de nom, que ça fait du bien de remettre les pieds dans ce Bataclan, véritable centre névralgique de la communauté des fans de musiques saturées !
Unearth
Malheureusement, la présence de quatre groupes à l’affiche de ce soir oblige les organisateurs à ouvrir les portes et lancer les hostilités très tôt. Difficile donc pour tous les fans d’être présents lorsqu’Unearth foule la scène à 18h. La soirée ayant terminé relativement tôt, un décalage d’une demi-heure aurait été possible et bien bénéfique, mais qu’importe : les Américains aux multiples facettes sont là pour flanquer une fessée aux présents, peu importe les effectifs.
C’est donc devant un bon demi-millier de fans qu’Unearth distille un set savamment dosé : bien conscient que l’affiche de ce soir ne draine pas forcément de fans de sa facette metalcore, c’est sur ses titres les plus heavy voire death que le groupe axe son show. Ainsi, les titres de The March, comme "My Will Be Done" font mouche auprès des fans d’Iced Earth, et le côté plus thrash/death de "Giles" ne peut que marquer ceux qui ont fait le déplacement pour applaudir Kataklysm.
Bref, ce n’est rien de dire que les membres d’Unearth ont donné bien plus que ce qu’on attendait d’eux : un set couillu et bien rythmé est au rendez-vous, et séduit même les profanes. En sélectionnant judicieusement sa setlist, Unearth aura réjoui les présents, et, aidé par une balance excellente, a lancé la soirée de la plus belle des façons.
Setlist :
The Great Dividers
Watch It Burn
The Swarm
This Lying World
Giles
Never Cease
Zombie Autopilot
My Will Be Done
Kataklysm
On ne présente plus le plus francophone des groupes de death nord-américains : Kataklysm est habitué à poser ses valises en France, avec par exemple presque quinze concerts au cours des trois dernières années. La bonne humeur et l’expressivité des Québecois n’est plus à démontrer, ce qui n’empêche pas le frontman Maurizio Iacono d’en jouer tout le long du set, pour le plus grand plaisir du public.
Toujours dans l’optique de promouvoir son dernier bébé, sorti en 2015, les Montréalais insèrent de nombreux titres de l’excellent Of Ghosts And Gods tout au long des quarante minutes qui leur sont allouées. Ce sont donc pas moins de quatre titres de ce dernier qui sont interprétés, parmi lesquels la pépite "The Serpents Tongue" qui fait remuer le pit dans tous les sens, et provoque un impressionnant circle pit, qui n’est ni le premier ni le dernier. Le set est propre, carré, même si de l’aveu du chanteur, l’alcool coule déjà à flot dans les veines des musiciens.
La ferveur du public est remarquée et chaleureusement saluée par l’ensemble du groupe, qui fait carton plein auprès d’une salle acquise à sa cause. Avec une prestation équilibrée et efficace au possible, c’est comme à leur habitude la tête haute, le sourire déployé et le foie noyé que Kataklysm repart en coulisse, avec la satisfaction d’avoir botté les fesses des metalheads parisiens, qui en auraient bien repris une tranche.
Setlist :
Breaching the Asylum
The Black Sheep
As I Slither
Taking the World by Storm
At the Edge of the World
It Turns to Rust
Blood in Heaven
Thy Serpents Tongue
Crippled & Broken
The World Is a Dying Insect
Ensiferum
Après deux sets plutôt sombres et tournés vers les ténèbres, place à la minute festive et païenne de la soirée, avec Ensiferum. Effectivement, grâce à leur viking metal entraînant, les Finlandais apportent un peu de bonne humeur à la soirée via des compositions dansantes et fédératrices. Par ailleurs, la scène est bien plus colorée, et tranche ainsi avec les aspects visuels des deux groupes précédents.
Au micro, Petri Lindroos est tout sourire et éructe ses parties variées en chant clair et saturé comme si de rien n’était. Le son est malheureusement assez brouillon, mais les leads fédérateurs de la paire Markus/Petri arrivent heureusement à se faire entendre, en bonne partie grâce aux fans qui les entonnent en chœur. En revanche, et malgré tout son entrain et son engagement, Netta est peu audible à l’accordéon, ce qui est bien dommage vu le cœur que met la demoiselle à l’ouvrage.
Côté setlist, Ensiferum pioche dans pas moins de cinq opus, From Afar et One Man Army étant les plus représentés. On apprécie tout particulièrement l’impact live de "In My Sword I Trust", dont l’ambiance très Alestorm-esque ne laisse personne de marbre : c’est la fête dans le pit, et les toisons masculines et féminines virevoltent en tous sens.
Malgré un son en deça de celui offert aux groupes précédents, Ensiferum a su assurer un show intense et sincère, que ses fans ont visiblement plus qu’apprécié : pari réussi pour les vikings, que l’on attend de pied ferme pour une date en tête d’affiche le plus tôt possible !
Setlist :
From Afar
Warrior Without a War
In My Sword I Trust
Two of Spades
Heathen Horde
Twilight Tavern
Ahti
Lai Lai Hei
Iced Earth
Après du quasi metalcore, une tranche bien épaisse de death, et un détour par les contrées vikings, le plat de résistance vient proposer un quatrième et dernier style pour clore cette soirée variée : le heavy ! C’est donc Iced Earth qui fait affiche de co-tête d’affiche aux côtés d’Ensiferum : un groupe mythique du paysage heavy, et ce malgré le fait qu’il appartiennent à cette catégorie des formations au line-up plus qu’instable. En effet, pas moins de trente-deux membres sont passés par le groupe depuis sa fondation en 1985, et la dernière arrivée en date est celle du guitariste lead Jake Dreyer, fraîchement débarqué mi-septembre.
Le set débute par "Incorruptible", premier titre dévoilé de l’album du même nom, prévu pour 2017. La version live fonctionne bien et est de bon augure pour cette prochaine mouture, que l’on attendant d’autant plus impatiemment. Du dernier bébé d’Iced Earth, Plagues Of Babylon, seul le titre éponyme est interprété. En revanche, Dystopia est bien mis en avant, notamment via le titre "V", introduit comme il se doit par le frontman Stu Block.
Stu, justement, fait des miracles au micro : sa voix est puissante, nuancée, et possède un grain inimitable et saisissant. Lorsqu’il pousse son organe dans ses retranchements, difficile de ne pas être transporté avec lui. S’il est le cinquième vocaliste du combo américain, nul doute que sur scène, Stu est celui qui surpasse ceux qu’il a remplacés.
A la guitare, le petit nouveau se démène et se fend de quelques solos très bien exécutés, et confirme qu’il a déjà trouvé ses marques au sein de la formation. Il sait ne pas marcher sur les plates bandes d’un Jon Schaffer égal à lui-même et imposant à souhait. Espérons qu’Iced Earth a ainsi trouvé un équilibre durable.
Le set défile à toute vitesse, et la fosse est à fond derrière le groupe, malgré un son plutôt mauvais. Un hommage – maladroit - aux victimes du Bataclan plus tard, et c’est déjà le dernier titre qui pointe le bout de son nez. Il s’agit bien sûr de l’inévitable "Watching Over Me", qui transforme le Bataclan en une grand bande de copains chantant à tue-tête bras dessus bras dessous. Pas de rappel du fait du format particulier de la soirée, Iced Earth salue et plie les gaules. C’était bon, efficace, bien qu’un peu court !
Setlist :
Incorruptible
Burning Times
Plagues of Babylon
Dystopia
I Died for You
Vengeance Is Mine
V
My Own Savior
The Hunter
Boiling Point
Pure Evil
Watching Over Me
Photos : © 2016 Régis Peylet
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.