'Welcome to Avatar country"
Après un passage remarqué au Download Festival en juin, à l'Alcatraz Festival en août, et un nouvel album absolument fantastique, Avatar a pris possession du Trabendo en ce début du mois de décembre pour nous éclabousser de tout son talent. Au programme de cette soirée, une mise en scène astucieuse, presque deux heures de tubes, des blagues et du charisme à foison. Pour l'occasion, les Suédois ont emmené un autre combo suédois dans leur besace : The Last Band.
THE LAST BAND
Ou quand le dernier groupe est en fait le premier groupe. A cause d'une communication inexistante, il nous aura fallu fouiner sur la toile pour découvrir qu'il y avait un groupe en première partie et de quoi il pouvait en ressortir. Ainsi c'est un autre combo suédois qui se dresse devant nous ce soir : The Last Band. Originaire de Göteborg, le quartet fait un peu office d'ovni pour le public d'Avatar avec sa musique qui lorgne à la fois sur du hardcore (et notamment Everytime I Die), du punk comme du hard-rock. Le mélange est déroutant, manquant de passage "tubesque" mais loin d'être inintéressant surtout en première partie.
Le public de son côté réserve un accueil chaleureux mais pas trop à la formation, ne sachant pas trop sur quel pied danser (two-step ? pogo ?). Au final on se prend à rentrer dans la musique de The Last Band, il faut le dire bien aidé par le charisme du chanteur et des compositions qui, si elles sont loin d'être les plus intéressantes du monde, ont au moins le mérite de faire taper du pied et de faire passer le temps relativement vite.
Bénéficiant d'un espace assez restreint sur scène en raison de la scénographie de la tête d'affiche du soir, les membres de The Last Band sont assez statiques à l'exception donc du chanteur qui viendra même au niveau de la barrière pour s'approcher un maximum du public.
AVATAR
Avant de vous raconter ce concert complet au Trabendo, faisons un petit détour par l'histoire passée entre Avatar et la France. Il y a deux ans au Covent Garden, à Macon et La Flèche d'Or, le combo suédois jouait ses trois premières dates en tête d'affiche dans notre pays. Nous étions un peu moins de 300 à La Flèche d'Or à contre 700 deux ans plus tard au Trabendo : la progression de Johannes Eckerström et sa bande est assez impressionante. Mais saviez-vous que même avant d'ouvrir pour Avenged Sevenfold au Zénith en octobre 2013, Avatar avait déjà foulé le sol français à de nombreuses reprises notamment en ouverture pour Evergrey en 2006, Obituary en 2008 et Hardcore Superstar en 2009 ?
Il faut dire que 2016 aura été une année faste pour Avatar qui nous a offert son meilleur album à ce jour, Feathers & Flesh, ainsi qu'une prestation plus que remarquée au Download qui aura achevé de convaincre les plus sceptiques et fait entrer bon nombre de gens dans la magie de la musique des Suédois. C'est donc avec un immense plaisir que nous les accueillons ce soir de décembre dans un Trabendo qui était déjà complet la veille pour un concert d'un tout autre style, Rise of the Northstar.
Avatar c'est bien plus que de la musique. Avatar c'est un show scénique grâce notamment à une véritable production : batterie surélevée, backdrop, lights spécifiques sur les côtés de la scène, plateforme centrale qui sera utilisée par Johannes Eckerström (chant) et ses comparses guitaristes, etc. Et même pour aller plus loin dans les détails, le stand de merch bénéficie aussi de son chapiteau et ça, c'est le détail qui tue !
Il est 21h10 quand les lumières s'éteignent enfin et que retentit la mélodie de "For The Swarm" qui reçoit donc la lourde tâche de lancer le spectacle. Caché sur la plateforme derrière un rideau qui s'abaissera très vite et cane à la main, Johannes Eckerstöm mène le public à la baguette dès les premiers instants pour ne plus jamais lâcher ce rôle de toute la soirée. Nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises mais ce dernier est à ce jour un des frontman les plus doués vocalement et scéniquement de cette génération du troisième millénaire. Peu de chanteurs bénéficient de sa justesse, de sa technicité et de sa capacité à l'heure actuelle. Ajoutons à cela un personnage totalement fou sur scène qui sied à perfection à l'histoire que veut nous compter Avatar. Son personnage, mi-clown mi-psychopate, est d'ailleurs tellement opposé à la personne qu'il est en dehors de la scène que c'en est perturbant de le rencontrer en interview !
Du côté de la setlist, aucun titre en provenance des deux premiers opus mais dix-sept compositions mettant à l'honneur Black Waltz, Hail The Apocalypse et bien sûr le dernier de la famille Feathers & Flesh. Contrairement à beaucoup de groupes d'ailleurs, la setlist d'Avatar importe peu car hormis quelques vértiables incontournables (pensons notamment à "Paint Me Red" ou "Smells Like a Freakshow"), le combo pourrait nous jouer à peu près tous ses titres et personne ne trouverait rien à y redire. Ainsi ce soir, nous avons eu le droit à quelques modifications par rapport à la tendance observée sur les précédentes dates avec des ajouts, des modifications d'ordre, etc. Au final en dix-sept morceaux et quasiment deux heures de temps de jeu, Avatar a pu montrer toutes ses facettes et offrir un condensé de sa "nouvelle" carrière.
Depuis 2012, Avatar évolue dans une nouvelle sphère musicale, en ayant délaissé son death metal assez classique pour offrir au public une musique au final assez indescriptible et tellement personnelle que dès les premières secondes, on reconnaît la patte créative des Suédois. Avec trois albums en quatre ans, on s'aperçoit aussi que même dans son nouveau registre le groupe ne se repose pas sur ses lauriers et fait évoluer progressivement sa musique. Ainsi en milieu de set, nous avons eu le droit au combo "Black Waltz" - "Paint Me Red" issu de Black Waltz qui propose une musique assez martiale quand juste avant le duo "Hail The Apocalypse" - "Bloody Angel" de Hail The Apocalypse nous montrait un Avatar plus mélodique mais qui ne perd rien de son efficacité, un moyen d'augmenter la durée de vie de l'album. Et puis un peu plus tard, c'est le trio "Fiddler's Farewell" - "When the Snow Lies Red" - "Black Waters" de Feathers & Flesh qui offre la transformation musicale ultime. Sur ces titres, on se rend compte que face à nous se dresse un groupe qui se connaît, qui n'a pas peur d'évoluer vers de nouveaux horizons, qui veut faire évoluer son public et sa musique et c'est une réussite incroyable.
Nous avons beaucoup parlé de Johannes Eckerström mais il faut aussi souligner le talent des musiciens qui composent le reste d'Avatar. A commencer par le duo de guitaristes composé de Tim Öhrström et Jonas Jarlsby qui se partagent les parties de leads et rythmiques sans distinction aucune. On notera d'ailleurs les magnifiques guitares que les deux musiciens utilisent bouclant la boucle du thème des costumes ainsi que cet aspect très Noël. Comment ne pas parler du travail derrrière les fûts de John Alfreddson tant ce dernier offre un jeu plein de technicité sans vouloir en mettre plein la vue. Et puis comment ne pas adorer ce magnifique moment sur "Murderer" ou l'ensemble du groupe s'immobilise et que ce dernier vient faire des singeries devant ses compères, harangue la foule, sent les aisselles de Henrik Sandelin (basse), etc. Le "mannequin challenge" avant l'heure.
Il ne nous étonnerait pas que dans dix ans, au même titre qu'un groupe comme Ghost, Avatar soit placé très haut sur les affiches de festival et remplisse chez nous des salles plus conséquentes. Et vous savez quoi ? Ce serait mérité tant tout est rassemblé pour un véritable raz-de-marée. Il n'est pas trop tard pour vous plonger dans la musique des Suédois, de tomber sous leur charme, d'en parler à votre entourage et de passer pour un précurseur. Un dernier conseil, même si vous n'appréciez pas plus que cela la musique en studio du groupe, allez les voir sur scène, vous risquerez fortement de changer d'avis.
Setlist :
For the Swarm
House of Eternal Hunt
Torn Apart
The Eagle Has Landed
Hail the Apocalypse
Bloody Angel
Black Waltz
Paint Me Red
Vultures Fly
Murderer
Fiddler's Farewell
When the Snow Lies Red
Black Waters
Let It Burn
Smells Like a Freakshow
Night Never Ending
Encore:
Tower