Le combo texan nous avait déjà livré un excellent premier album sobrement intitulé Scorpion Child en 2013. Ce dernier était déjà gorgé d'une ambiance typiquement 70's, s'ancrant alors dans une vague revival assez prolifique ces dernières années. Aussi bien sur le plan esthétique que musical, Scorpion Child joue le jeu à fond : des vestes à franges, un son brut, rentre dedans et surtout, une voix qui rappelant inévitablement celle de Robert Plant. Mais Acid Roulette confirme-t-il les bonnes impressions laissées par le premier opus ? La formation ne vient-elle pas se noyer dans la masse des groupes revival 70's ?
Acid Roulette n'est peut-être pas présenté comme tel, mais il a tout d'un concept album, déroulant au fur et à mesure des morceaux l'histoire d'un homme torturé entre amour, meurtre et trahison. L'album nous emmène au travers de différentes ambiances, nous permettant d'explorer toute une palette de sentiments.
Il s'ouvre sur un son d'orgue, « She Sings, I Kill » est une parfaite introduction et donne le ton : sombre et tout en puissance. Si, nous le savons bien, Scorpion Child nous réserve un lot de pistes énervées comme « Reaper's Dance » ou le splendide « My Woman in Black » sur lesquels il est difficile de ne pas headbanguer, quelques nuances sont également présentes sur cet album. « Acid Roulette », par exemple, nous emporte vers un pendant plus psychédélique, avec toujours cet orgue, justement dosé, qui confère une intensité incroyable au morceau.
Sans crier gare, Scorpion Child nous balance même une ballade avec « Survives », où les couplets sont joués au piano, accompagné d'une voix presque douce. Étonnement, le tout fonctionne très bien. Il s'agit là d'une belle surprise car ce n'est vraiment pas à ce tournant que nous attendions le groupe. Mais que les plus bourrins d'entre vous se rassurent, Christopher Jay Cowart, le guitariste, ne tarde pas à amener son bout de gras pour booster un peu cela, se reposant sur le jeu de batterie puissant de Jon Rice.
Scorpion Child arbore sur Acid Roulette un côté mystique bien plus poussé que sur le premier opus, une direction qui leur sied à ravir et que le groupe continuera très certainement d'explorer. Du moins, on l'espère ! Si cet aspect prononcé ne gomme en rien le côté brutal et rentre dedans de la formation, elle laisse place à de belles ambiances, comme « Séance », un aparté terrifiant.
Aryn Jonathan Black parvient à faire passer beaucoup d'émotion dans l'interprétation de ses textes, et ce, dès le premier morceau. Une voix haut perchée toujours mieux maîtrisée, et un talent qu'il est impossible de nier. Sur « Winter Side of Deranged », le leader est complètement habité, possédé par le morceau. Le tout est accompagné de belles mélodies hard rock. Difficile de ne pas succomber à ce savoureux mélange.
Et le groove dans tout ça, me direz-vous ? Eh bien, l'opus n'en n'est pas exempt. « Tower Grove », « Twilight Coven » ou « I Might Be Your Man » vous en balance, façon Scorpion Child, avec un jeu à la fois rugueux et mélodieux. « Moon Tension » se démarque tout particulièrement au cœur de ce son brut et crade, avec des refrains presque planants. Le dernier morceau, « Addictions » porte très bien son nom, mais offre une conclusion bien lugubre à l'opus... En effet, prenez le temps de bien écouter le morceau jusqu'à la dernière seconde !
Tous les ingrédients sont réunis pour faire d'Acid Roulette un album de qualité, qui envoute, hypnotise et dégouline de passion. Scorpion Child nous offre ici une galette riche et soignée, qui nous dévoile de très bonnes surprises tout en restant sur la même lignée que leur toute première production. Ici, aucune piste n'est à jeter, chacune apporte quelque chose et aide à construire l'atmosphère et l'histoire d'Acid Roulette. Un album plus qu'intéressant, qui mérite qu'on s'y attarde.