Overkill en baisse de tension
Après avoir marqué les esprits des thrashers en sortant un Ironbound du feu de Dieu, le groupe New-Yorkais ressort les mêmes ingrédients pour reproduire l’exploit avec The Electric Age. Si le groupe ne se vautre pas complètement, il sort néanmoins un album bien moins marquant, à cause d’un manque de matière et de chansons composées trop rapidement. Une déception pour un groupe de cette trempe.
Sortir un bon album est une tâche ardue. Se maintenir au même niveau l’est encore plus. C’est ce dont Overkill fait les frais avec son tout dernier album, The Electric Age. Le groupe garde le même line-up, re-signe chez le célébrissime producteur suédois Peter Tägtgren pour un disque qu’il espère aussi détonnant que son grand frère sorti en 2010, Ironbound. Manque de chance, le groupe ne transforme pas l’essai, et se retrouve avec un résultat tiède.
Les principaux coupables sont les riffs. Si quelques uns marquent, comme celui de "Wish You Were Dead", l’ensemble reste souvent très classique, voire banal. On peut reprocher à D.D Verni d’avoir composé ses titres trop vite, sans avoir pris le temps de rassembler assez de matière. Cela donne des compos qui contiennent des passages intéressants, comme l’intro de "Good Night", mais qui tiennent rarement la longueur.
On remarquera également que l’album est peu varié. En disque thrash jusqu’auboutiste, les titres sont généralement lancés à toute vitesse, avec rythmiques supersoniques, roulements de tambours et basse vrombissante. Le groupe ralentit la cadence sur le seul mid-tempo de l’album, "Black Daze". Si ce titre se veut conquérant, il se révèle trop classique pour s’imposer. On remarquera également une tentative d’ambiance sur "Good Night" qui, s’il se révèle assez pertinent, ne prend pas aux tripes comme le faisait "The Head And The Heart" sur Ironbound.
Pourtant, tout n’est pas à jeter sur The Electric Age. Il peut même tromper de prime abord, avec ce son puissant et massif, marque de fabrique des productions des studios The Abyss. Tous les instruments sont bien utilisés, et la basse de D.D. Verni, bien mise en avant, ronronne et ne se fait jamais avaler par la guitare rythmique de Derek Tailer. Côté solos, si l’interprétation de Dave Linsk ne faillit pas, le pilotage automatique est souvent présent, hormis certaines parties mélodiques pertinentes, comme dans "Drop The Hammer Down".
Sur le plan vocal, Bobby "Blitz" Ellsworth reste égal à lui-même. Limité comme de nombreux vocalistes thrash, il reste un fidèle clone d’Udo Dirkschneider, en éructant à tout va. On remarquera qu’il module pas beaucoup, la faute à des titres généralement semblables. Les chœurs acceptiens, assurés par les autres membres, sont assez présents, comme dans le titre d’ouverture, "Come And Get It".
Dans une masse de riffs qui se suivent et se ressemblent, un bon emballage et une interprétation correcte ne suffisent pas. Overkill jouit de son expérience pour sauver The Electric Age du court-circuit, mais ne parvient pas à faire retentir le tonnerre comme en 2010. Une semi-déception pour un album qui avait du potentiel. Ne voulant pas prendre de risques, le groupe se fond dans la masse des autres groupes de thrash metal.