Cela fait déjà quatre ans que l’excellent Phantom Antichrist est sorti, devenant un album qui a marqué le renouveau de Kreator ainsi qu’un retour fracassant sur le devant de la scène, après un Hordes of Chaos un poil décevant. Gods of Violence est donc le quatorzième album de la bande à Mille, et il est temps de découvrir ce que cette galette a dans le ventre...
Voilà maintenant plus de trente ans que Kreator existe et si l'on se replonge dans la carrière du combo allemand, on se rend compte que leur musique a évolué de façon radicale au fur et à mesure des albums. Débutant par un thrash ultra brutal et speed, c'est à partir de Coma of Souls, leur cinquième album, que le combo expérimente d’autres branches du metal avec plus ou moins de réussite. Après quinze ans, le groupe opère un retour aux sources avec un Enemy of God beaucoup plus thrash, qui tente de renouer avec leurs premiers amours.
Kreator étant un groupe fougueux, il n’aura pas fallu longtemps au combo avant de repartir vers de nouvelles contrées, là où personne ne les attendait, et c’est avec Phantom Antichrist sorti en 2012 que l’on s'est pris une claque monumentale sortie de nulle part. Un album plein de rage, mélodique, épique, thrash. Leur meilleur album depuis dix ans.
A l’annonce de Gods of Violence et après le teasing effectué par le groupe, tout d’abord avec la sortie du titre éponyme puis de "Satan is Real", la pression autour de cette nouvelle offrande n’a fait que monter, d'autant plus que les titres sont de très bonne qualité.
Une douce violence...
Autant le dire tout de suite, Gods of Violence est la suite logique de Phantom Antichrist, reprenant les mêmes principes mais en les creusant davantage, en amenant une foultitude d'influences aussi bien avec des sonorités orientales qu'avec des parties heavy faisant un appel du pied aux pontes du genre.
Après une introduction en grande pompe faisant appel à tout le savoir-faire du groupe, les choses s'accèlèrent et c'est à un déluge de titres tous plus forts les uns que les autres que nous avons affaire.
"World War Now" démarre avec un riff rapide et une batterie qui bat le tempo de façon métronomique. Le refrain arrive rapidement et on retrouve la patte Kreator instantanément. Les leads de guitare rendent le morceau jouissif. Le travail vocal effectué aide aussi à rendre "World War Now" incontournable. S'il n'est clairement pas le plus original, celui-ci n'en reste pas moins une belle entrée en matière.
Plus on avance sur Gods of Violence et plus les orchestrations se font présentes, notamment sur "Totalitarian Terror". C'est bien simple, ce morceau pourrait à lui seul résumer l'intégralité de cette offrande, avec un subtil mélange de thrash comme seul Kreator sait le faire, un refrain accrocheur et entêtant sur lequel Mille Petrozza se lâche et crie " We're not affraid to live, we're not afraid to die, we are the antigods". Jouissif à souhait.
Nul doute que le refrain sera repris en concert par l’assemblée entière, à l’image de "From Flood to Fire" sur Phantom antichrist. Le solo n’est pas en reste, les notes s'enchaînent à grande vitesse jusqu'au final grandiose. Il est l’un des plus aboutis, beaux et inventifs de la carrière de Kreator. Tout simplement.
Le titre éponyme est aussi à retenir avec son introduction acoustique épaulée par une touche orientale. Mille Petrozza fait monter la sauce comme il sait si bien le faire en scandant "We Shall Kill !" pour partir sur des lignes de guitare purement thrash. Le morceau bénéficie de grandes accélérations ce qui le rend constamment dynamique. Les leads de guitares sont mélodiques et s'accordent parfaitement avec la violence de la musique. Encore une fois le refrain fait mouche, ce qui est une constante tout au long de l'album.
"Death Becomes my Light" démarre avec des guitares acoustiques en guise d'introduction et un chant clair assuré par Mille Petrozza. Cela ne prendra pas plus d'une minute avant qu'il ne reprenne son chant hurlé, rendant le tout très impactant. Ce morceau est imprégné de nostalgie et on peut ressentir par moment l'influence d'Iron Maiden notamment sur les solos, les plans de batterie et les breaks.
Le solo est magnifique et crunchy à souhait et c'est à ce moment là que "Death Becomes my Light" prend des allures de power-ballad. Si retrouver les mots Kreator et power ballad dans une même phrase semblait tenir de la science fiction, c'est désormais une réalité. Evitant d'être mièvre et pompeux, la partie plus calme fusionne à merveille avec ce morceau depassant les sept minutes.
Chaque titre bénéficie d'un soin tout particulier, le rendant encore meilleur que le précédent. On passera rapidement sur "Fallen Brother" et son chant allemand sur le refrain, qui deviendra fort probablement un passage obligé en concert. Idem pour"Army of Storms", démentiel et incisif, avec son refrain sur lequel on se surprend à taper la mesure et à headbanger.
La maturité musicale
Avec des arrangements de haute volée, des compositions atteignant un degré d'originalité jamais encore atteint par le groupe, il ne fait aucun doute que Gods of Violence est l'album de la maturité.
Une grandeur que l'on retrouve jusque dans les paroles, qui sont tournées vers la triste actualité que le monde subit massivement ces derniers temps. Le message transmis par le groupe est extrêmement positif et démontre une grande ouverture d'esprit. Si le thème de la religion et des guerres qui en découlent est récurrent, d'autre thèmes abordés sont plus personnels et aspirent à la mélancolie : le souvenir d'un être perdu est un exemple parmi tant d'autres.
Kreator développe de nombreux sujets qui ont toujours pour fil conducteur la vie sous toutes ses formes.
Une production sans faille
Avec un tel concept, les moyens mis en oeuvre se devaient d'être colossaux pour que la production soit propre à tous les niveaux, que les orchestrations n'empiètent pas sur le reste. L'équilibre est ici parfait et c'est un plaisir de chaque instant que de parcourir Gods of Violence.
La basse se marie avec la batterie pour former un duo puissant et agréable à l’écoute. Les guitares, elles aussi, bénéficient d’un soin tout particulier, c’est propre et sans bavure.
La chant n'a jamais été aussi juste et fusionne avec l'ensemble en une harmonie sans faille.
Un style unique, celui de Kreator
Il y aurait tellement plus à dire sur Gods of Violence, mais il serait dommage de gâcher le plaisir de la découverte en dévoilant trop de choses. L'album se parcourt d'une traite et on y retourne avec plaisir en découvrant à chaque fois de nouveaux détails que l'on n'avait pas décelés sur l'écoute précédente.
Kreator n'est plus à considérer comme un groupe de thrash. Il semble clair qu'avec une telle inspiration, il serait dommage de s'enfermer dans ce style de musique qui, même s'il fait partie de l'histoire du combo, est maintenant loin derrière eux. Kreator est unique tout comme Gods of Violence qui est une pièce maîtresse et incontournable de leur discographie. Faire mieux que Phantom Antichrist semblait presque impossible il y a quatre ans, et bien c'est désormais chose faite et de loin. Un indispensable de ce début d'année.
Sortie prévue le 27 janvier 2017 chez Nuclear Blast