Le trio finlandais propose avec cet album éponyme sa première offrande full-length, après deux EP publiés à deux ans d'intervalle. Mais si son stoner/desert rock est d'une indiscutable efficacité, les très fortes influences californiennes qu'il assume - et revendique même - risquent de le cantonner au statut de tribute band talentueux. Alors, Monsternaut: simples copieurs doués, ou groupe à réel potentiel ?
Monsternaut voit le jour à Kerava, en Finlande, au cours de l'hiver 2012, et stabilise son line-up sous la forme d'un trio en 2014. Après deux EP auto-produits, sortis respectivement en 2012 et 2014, le groupe est signé chez Heavy Psych Sounds Records et réédite lesdits EP sous forme d'un album unique.
Ce premier effort full-length ne contient donc aucun matériau inédit, mais rend désormais disponible la musique de Monsternaut à la fois en téléchargement légal, en digipack et en LP (les deux EP occupant chacun une face de celui-ci).
Les Finlandais œuvrent dans un stoner/desert rock très classique, et il n'est nul besoin d'être un expert très pointu des genres précités pour identifier son influence principale: Fu Manchu. On peut également citer, dans une moindre mesure, Monster Magnet - et pas seulement à cause du nom - ainsi que Queens Of The Stone Age - du moins sur leurs premiers albums. Le groupe l'assume entièrement, et le revendique même dans une certaine mesure, insistant sur l'aspect simple, sincère et sans prise de tête de leur démarche.
On retrouve donc un échantillon typiquement représentatif des ingrédients qui ont fait le succès des Californiens: riffs accrocheurs, fuzz baveux, et une section rythmique groovy et sans faille, avec basse en avant et jeu de batterie bien carré. La majorité des compositions repose sur une alternance de parties rapides et d'autres, plus mid-tempo, pour un résultat simple et accrocheur. Les morceaux durent entre trois et quatre minutes pour la plupart d'entre eux, et comportent peu - voire pas - de solos. Inconditionnels des jams psychédéliques interminables, il vous faudra trouver votre fix ailleurs.
Seuls "Black Horizon" et "Mexico" sortent du lot à cet égard, en raison de leur durée plus proche des six minutes, des riffs employés, plus lents, sabbathiens et régulièrement entrecoupés de leads lancinants, apportant à l'ensemble une touche psyché appréciable, quoique contenue.
Mais si la ressemblance avec Fu Manchu est patente, est-il pour autant juste de considérer que Monsternaut en est une simple copie ? Le groupe a tout de même pris soin de développer un son personnel: le grain de la guitare (appréciable dans l'introduction de "Caravan", par exemple) est particulièrement équilibré, entre fuzz bien épais et une clarté bienvenue qui ne sacrifie pas l'attaque des notes sur l'autel du gras. On note d’ailleurs une nette différence dans le grain des instruments entre les deux EP, avec notamment une basse bien plus saturée et creusée sur le second que sur le premier.
De même, on peut citer la voix du chanteur, au grain personnel mais tout à fait adapté au genre, qui sert parfaitement les compositions sans en faire des tonnes. Monsternaut fait donc du Fu Manchu, mais d'une manière cohérente et maîtrisée, qui lui est propre.
A la question de savoir s'il est possible pour un groupe de concilier influences très fortes et personnalité propre, on répondra simplement qu'Airbourne - pour ne citer qu'eux - y arrive remarquablement bien. Vu son potentiel, il n'y a aucune raison pour que Monsternaut ne puisse pas en faire autant, à condition qu'il s'en donne l'ambition et les moyens. On espère donc les voir incorporer des éléments plus personnels à leur musique à l'avenir. Celle-ci est déjà tout à fait maîtrisée - même si le groupe n'évite pas quelques écueils propres aux groupes débutants, comme l'hétérogénéité du grain des instruments d'une moitié à l'autre de l'album.
Pour l'heure, il appartient à chacun de déterminer s'il a de la place dans sa collection pour un album de rock'n'roll simple, sincère et maîtrisé, mais peu inventif. Il y en a dans la mienne.
