Le 21 octobre 2016, Magnus Pelander, leader du groupe Witchcraft sortait son premier album solo intitulé Time, chez Nuclear Blast. Cet album est à la fois loin et proche de ce que l’on pourrait attendre du très emblématique et créatif Magnus Pelander. En effet, les fans de Witchcraft pouvaient s’attendre à un album très doom/stoner comme peuvent l’être ceux du groupe. Mais contrairement à Legend ou le dernier sorti Nucleus, sur Time, pas de duo basse-batterie, pas de superpositions de guitares, non, juste la voix charismatique de Pelander toujours aussi forte et pleine d’émotion ainsi qu'une guitare classique, souvent seule qui puise son inspiration dans le folk des années 60/70.
C’est là que l’on retrouve aussi l’énergie créatrice du Suédois. On peut dire que l’artiste s’inspire souvent de la musique rock de ces deux décennies, ce n’est donc pas un hasard ou un renouveau pour lui de se tourner vers le folk qui a inspiré bien des groupes de cette époque. De plus, cet album s’inscrit directement dans la ligné de son EP solo intitulé Sinner’s Child sorti en 2010. Les compositions de Time nous rappellent la mélodie épurée de « Stardust » : La voix chargée d’émotion de Pelander, une guitare classique, quelques notes de piano et une douce voix féminine pour nous faire voyager à travers les méandres de la mélancolie de l’artiste. On retrouve ces éléments dans « Umbrella », premier titre de cet album solo, à la seule différence que les notes de piano sont remplacées par des bois et cordes. Mais l’album ne se calque pas entièrement sur ce modèle. Magnus Pelander nous réserve quelques surprises. Tout au long de l’écoute de cet album, on trouvera des influences très variées. La rythmique folk laisse parfois place à quelques solos, à l’ajout d’une ligne de guitare électrique, de quelques notes de piano ou de bois, de violons lancinants, et même un soupçon de musique électronique, sans en abuser.
Time nous montre encore une fois un Magnus Pelander compositeur de talent, guitariste chevronné et chanteur dont la maîtrise vocale en fait pâlir plus d’un. Pas besoin de fioritures pour nous montrer son talent. Avec cet album, Pelander se met littéralement à nu, que ce soit par ses choix musicaux ou par ses paroles. Time est un album très personnel où l’artiste nous parle de sujets souvent très noirs comme la mort dans « Umbrella », la famille dysfonctionnelle dans « Family Song », la dépression dans « True Colour » et « Precious Swan » ou encore le manque de foi en la race humaine et en le monde dans lequel nous vivons avec « The Irony of Man ».
Toutes ces chansons ont un côté triste. Mais la force de Pelander et de ne pas tomber dans le pessimisme. Nous n’avons pas à faire à un recueil sombre qui pousse au désespoir. En effet, ses compositions ont toutes une dynamique positive dans les arrangements musicaux. « Precious Swan » en est un bel exemple. Les notes mélancoliques et la voix lourde de tristesse de Magnus Pelander sont rapidement rejointes par une guitare électrique et un arrangement électronique qui nous font sombrer, avant d’être totalement extirpé des profondeurs par quelques notes de piano haut perchées et guillerettes. Elles viennent cependant se faire chambouler par quelques passages de violons angoissés. Pelander nous tire vers les profondeurs de la tristesse tout en nous laissant l’occasion de reprendre suffisamment d’air pour ne pas nous noyer dans la mélancolie. Grâce à son écriture toujours recherchée et l’ajout d’arrangements subtils et bien pensés, Pelander ne tombe pas dans le piège de la monotonie que l’on aurait pu avoir avec seulement un duo guitare-voix dépressif.
Avec Time, Magnus Pelander se pose en poète des temps modernes. Il nous parle des maux de notre société à sa façon. L’éternel pessimiste, ne nous cache rien de ses peurs et de ses émotions, mais ne nous laisse pas pour autant sombrer avec lui dans ses questionnements. Time est un diamant brut à écouter sans modération.
Sorti le 21/10/2016
Tracklist :
1. Umbrella 5:28
2. Family Song 3:43
3. The Irony Of Man 4:31
4. True Colour 8:57
5. Precious Swan 9:52
6. Time 4:15
Chronique : Eloïse Morisse