On dit souvent que les légendes ne meurent jamais et pourtant celle dont nous allons parler maintenant semblait belle et bien morte et depuis un sacré bout de temps. Mais certaines reviennent du diable Vauvert pour le meilleur et aussi pour le pire… Qu’en est-il d’In The Woods… ces pionniers du pagan metal/black atmo ayant, par la suite, évolué vers un metal avant-gardiste unique et inclassable ?
D’abord auteurs de trois albums incontournables, dont le dernier sorti en 1999 juste avant la séparation en 2000, les voici de retour avec ce Pure annoncé en 2015 après une signature et une belle réédition des trois premiers albums sur l’excellent label Français Debemur Morti. Cette nouvelle était inespérée pour la plupart des fans qui pensaient, à juste titre, le projet définitivement enterré. C’est le 16 septembre qu’est arrivé dans nos oreilles fébriles cette arlésienne et le moins que l’on puisse dire c’est que ce retour est brillant tout comme ses membres.
Le quintet a désormais un nouveau chanteur anglais en la personne de James « Mr Fog » Fogarty également multi-instrumentiste dans de nombreux projets tels que Old Forest, Svartelder, Jaldaboath ou encore son projet le plus personnel Ewigkeit. Il remplace avec beaucoup d’aisance Jan Kenneth Transeth le chanteur historique que ce soit en studio mais aussi en live. Il amène dans les vocaux de la formation norvégienne un chant clair chaleureux et maitrisé parfaitement adapté aux morceaux mais aussi le retour des growls et screams presque oubliés depuis Omnio qui n’en avait quasi pas.
Un retour de bon ton et en parfait accord avec la musique jouée en 2016, qui est résolument plus metal, direct (toute proportion gardée il s’agit d’In the Woods…) et agressive que sur les deux derniers albums. Cette agressivité surprenait et sautait aux oreilles quand a été dévoilé le premier titre extrait de Pure, l’excellent "Cult of Shining Stars". Un morceau d’une efficacité redoutable et d’une puissance que l’on n'avait pas entendu dans le combo depuis un moment. La production est également plus massive, claire et équilibrée que par le passé sur ce morceau et se retrouve, bien évidement, sur tout l’album. C’est un grand changement de ce coté que l’on doit au Woodscave Studio et au mastering du studio français WSL car ce n’était pas le point fort des précédents albums bien que cela leur offre, avec le recul, une personnalité unique.
Autre changement la disparition du chant féminin mais cela n’affecte en rien Pure car tous les autres ingrédients et la diversité instrumentale et musicale sont toujours présents. L’album n’est jamais linéaire et l’on retrouve les influences mixées dans la potion dont ils ont le secret mélangeant durant 67 minutes de création, certes assez exigeantes pour l’auditeur n’ayant pas l’habitude des structures complexes et pourtant plus accessible que par le passé, mais tellement riche et ouvert d’esprit. On en retrouve une grande partie, par exemple, sur l’excellent "This Dark dream" avec son riff groovy, son break aérien, son passage psyché d’orgue Hammond totalement 70s ou encore le coté aérien et planant que l’on retrouve dans le splendide instrumental "Transmission KRS" de presque onze minutes, qui nous envoie dans un cosmos mystique et finissant par un long solo magnifique. Les textes restent également dans la veine des mélodies et de ce qu’a toujours proposé le groupe comme réflexions existentielles à son auditoire si on veut se donner la peine d’entrer dans les sujets et histoires développés.
Pure porte bien son nom et cette quête de pureté ne se ressent pas que dans la composition mais aussi dans l’excellent travail de Max Winter sur les visuels de la pochette et du livret vraiment sublimes et qui fusionnent parfaitement avec la musique.
Le talent de composition n’a pas disparu avec les années. D’ailleurs en 2014 avant de reformer In the Woods… les frères Botteri avaient créé un groupe appelé Strange New Dawn et sorti un album The Only One, malheureusement passé inaperçu, mais très intéressant et inspiré, une sorte de prémices à un retour d’In the Woods… dont on retrouvait déjà la patte.
Pure est peut-être légèrement moins à l’avant-garde que les précédentes réalisations puisque celle-ci allaient tellement loin. Il est peut-être un peu moins mystérieux également, et certains diront presque trop propre. Mais ces musiciens ont toujours cette qualité qui en fait l’âme et que peu de groupes passés ou présents ont, cette capacité à nous émerveiller.
In the Woods… continue le voyage hors du temps qu’il nous a offert depuis ses débuts tout en innovant avec son époque. Une deuxième partie de carrière très bien entamée et qui va se poursuivre car l’annonce d’un nouvel album est déjà faite.
En attendant laissez-vous envoûter par le charme de ce Pure joyaux.
Sorti le 16 septembre 2016 chez Debemur Morti Productions